Acheter une VOLKSWAGEN Corrado VR6 (1992 - 1995)

Début 1974, la première traction 100 % spécifique à VW pointe le bout de son nez : c'est le coupé Scirocco. Il préfigure techniquement la Golf qui apparaîtra quelques semaines plus tard. Renouvelé en 1981, ce coupé ne change pourtant pas ses soubassements, et c'est assez essoufflé qu'il arrive à la fin des années 1980.

Comme le segment des coupés ne cesse de se restreindre, on pourrait croire que VW l'abandonne. Au contraire, le groupe persévère et offre une descendante à la Scirocco. C'est la Corrado, lancée en 1988 et fabriquée par le carrossier Karmann, comme sa devancière. En revanche, son design reste purement Volkswagen, puisqu'il a été supervisé par Herbert Schäfer, directeur du style de la marque de Wolfsburg. Techniquement, ce coupé dérive de la Golf II (mais adopte un train arrière de Passat). Comme son prédécesseur, il annonce la prochaine génération de la compacte VW par sa montée en gamme.

Arborant un design plus massif évoquant la solidité et l'opulence, il se signale par un habitacle très cossu, là où le Scirocco demeurait assez spartiate. Il n'oublie pas la praticité en conservant un hayon et une banquette rabattable, tandis que les places arrière sont utilisables.

Sous le capot, le Corrado ne retient au lancement que le moteur le plus puissant de la gamme Golf : le 1,8 l 160 ch à compresseur G60. Cela donne un véhicule rapide, confortable, valorisant et assez efficace, mais le prix s'en ressent. À 202 600 F (49 700 € actuels), ce coupé est carrément élitiste, surtout que l'équipement n'inclut rien de spécialement rare, hormis l'ABS de série. Et ce n'est pas le petit aileron se déployant sur le hayon à 120 km/h qui changera ce jugement. En effet, pour la climatisation ou le cuir, merci de se reporter à la liste des options ! À titre de comparaison, une Nissan 200SX de 171 ch, autrement sportive et performante, est à l'époque proposée pour 169 900 F... Ce tarif trop ambitieux empêche les ventes de l'allemande de décoller, aussi Volkswagen le baisse-t-il rapidement, puis propose une version plus abordable dotée du bloc 136 ch de la Golf GTI 16S en 1989.

Mais le meilleur reste à venir. En effet, le Corrado s'équipe en 1992 du remarquable 6-cylindres à la fois en V et en ligne qui fait des merveilles dans la Golf III, le fameux VR6. Dans le coupé, ce bloc est plus gros et puissant que dans la compacte dans sa version à deux roues motrices, puisqu'il atteint 2,9 l et 190 ch, contre 2,8 l et 174 ch. Cela lui confère des performances de haut vol (235 km/h en pointe), secondées par un excellent comportement routier, plus bourgeois que sportif cela dit. Silencieux, confortable, rapide et luxueux si l'on a coché les bonnes options, le Corrado VR6 parvient à une très belle maturité. Étrangement, il doit attendre 1993 pour bénéficier de toutes les modifications apportées au reste de la gamme en 1992 : il n'en retient d'abord que celles touchant à l'extérieur, conservant par exemple les commandes de chauffage cursives issues de la Golf II. À 196 100 F en 1993, soit 43 100 € actuels, cette version renforce son attrait financier, même face à la G60 initiale.

Seulement, elle arrive en fin de vie, et doit affronter une nouvelle concurrence, Opel Calibra et Fiat Coupé en tête. Le Corrado quitte la production en 1995, produit à pratiquement 100 000 unités. Une relative déception pour Volkswagen qui le laisse sans descendance, ne lançant un nouveau coupé qu'en 2006, le Scirocco de 3e génération.

Aujourd'hui, les Corrado VR6 en bon état ne courent pas les rues. Peu vendus en neuf, ils ont ensuite beaucoup roulé sans toujours bénéficier de l'entretien requis. Sans parler des « tuners » qui en ont défiguré un nombre important ! De sorte que les beaux exemplaires d'origine, rares et extrêmement agréables à conduire de par leur moteur délivrant une belle musique, voient leur valeur sérieusement grimper.