Acheter une SAAB 900 Turbo (1978 - 1993)
Stéphane Schlesinger le 08/02/2023
Particulière par sa ligne et sa mécanique, la Saab 900 régale aussi par ses performances et sa solidité. Et son charme étrange ne coûte pas forcément cher !
Délicieusement atypique
Rarement un modèle aura-t-il autant défini une marque que la 900 pour Saab. Elle dérive de la 99, présentée en 1967, la première auto entièrement nouvelle et spécifique lancée par la marque de Trollhättan depuis la 92 de 1947… et la dernière. Ultramoderne avec sa coque étudiée pour une sécurité passive maximale, son Cx de 0,37 et sa suspension avant à double triangulation, elle reçoit un 4-cylindres 1,7 l conçu par Triumph. Moyennement fiable, celui-ci est profondément retravaillé en 1972, voyant sa cylindrée passer à 2,0 l : c'est le moteur B. Mais la grosse innovation sera le turbo qu'on lui greffe en 1977, une première en grande série pour un constructeur européen. Ce groupe se retrouve en 1978 dans la 900 au moment de son lancement.
Différant de la 99 par son tableau de bord extrêmement avancé (inspiré de l'aviation) et sa ligne adroitement actualisée, la 900 attire l'attention des spécialistes. Ils apprécient ses performances (145 ch), son comportement et sa personnalité très particulière. Elle connaît un joli succès aux États-Unis, mais un peu moins en Europe, son prix étant élevé : 56 813 F, soit 32 000 € actuels. Par la suite, à la manière de la Porsche 911, la 900 Turbo va constamment évoluer.
En 1980, outre un look revu, la suédoise adopte une boîte 5, une carrosserie à 3 volumes, en sus de la bicorps Combi proposée en 3 et 5 portes, ainsi que d'un moteur amélioré, dit H.
En 1982, la suralimentation bénéficie d'un système de gestion électronique inédit, l'APC qui détecte très finement les cliquetis.
En 1984, la 900 se mue en Turbo 16 grâce à une culasse à 16 soupapes coiffant son bloc (du jamais-vu sur un suralimenté de série), par ailleurs doté d'un échangeur air-air pour offrir 175 ch. De quoi accrocher les 210 km/h, ce que favorise aussi le kit carrosserie Aero.
En 1986, la 900 Turbo 8 soupapes bénéficie aussi de l'échangeur (155 ch désormais), alors qu'un cabriolet apparaît.
En 1987, la face avant des 900 s'incline dans le sens du vent au lieu d'être verticale (elle est dite “slant nose”) et en 1988, si la Turbo 155 ch est retirée, la Turbo 16 reçoit en série l'ABS.
Puis, en 1990, la cavalerie grimpe à 185 ch, ce qui est signalé sous le capot par un boîtier APC rouge et non plus noir. Ensuite, la 900 ne variera que dans le détail, jusqu'à sa mise à la retraite en 1993. Près d'un million d'exemplaires ont été produits, toutes versions confondues. Le record pour Saab !
À surveiller
Voulue performante mais avant tout fiable, la Saab 900 Turbo réussit parfaitement dans sa mission. Bien entretenus et respectés (vidange tous les 7 500 km), le moteur et sa turbine passent aisément les 300 000 km (changement de chaîne de distribution vers les 200 000 km), tout comme la boîte de vitesses (qui cassera cela dit vite en cas de mauvais traitement). Les cardans sont toutefois moins endurants. L'habitacle vieillit très bien, malgré la coiffe de tableau de bord qui se fissure à cause du soleil. Cela dit, c'est la corrosion qui viendra à bout en premier de la 900, même si l'auto est initialement très bien protégée. Surveillez particulièrement les bas de caisse, les ancrages de suspension, les planchers, le support de radiateur et les passages de roues. Les pièces détachées sont encore largement disponibles, mais à des prix souvent dissuasifs.
La cote
Si la 900 Turbo a été produite à plus de 200 000 exemplaires, elle est devenue fort rare en très bel état. En effet, généralement utilisée comme voiture de tous les jours, elle a énormément roulé. Mais elle n'est pas ruineuse pour autant, même si sa valeur a doublé en dix ans. Comptez 8 000 € pour une 145 ch, 9 000 € pour une 155 ch, 14 000 € pour une Turbo 16, et 19 000 € pour un cabriolet. Des valeurs en hausse, surtout pour les exemplaires impeccables restant sous les 200 000 km (vraiment peu courants !).
Note
Les cotes indiquées valent pour un très bel exemplaire. Elles sont toutefois susceptibles de varier en fonction de l'état et de l'historique de l'auto. Une remise à neuf totale et dans les règles de l'art peut ainsi justifier un doublement des valeurs données. Un kilométrage exceptionnellement faible et/ou une belle provenance entraîneront également une hausse des montants demandés.