Acheter une LEXUS IS-F
Thomas Riaud le 13/06/2017
Il n'y a pas que les sportives allemandes dans la vie ! Preuve en est avec la Lexus ISF, une voiture méconnue mais pourtant très efficace, performante, abordable... et fiable comme une Corolla !
La M3 de Toyota !
Généalogie
Inventé par Toyota dans les années 90 pour rivaliser avec les hauts de gamme allemands, Lexus se construit peu à peu une image « premium ». Mais la division luxe de Toyota est plus connue pour ses modèles hybrides, pas vraiment « fun », que pour ses sportives ! Il est vrai que Lexus s'est encanaillé gentiment, avec un roadster pataud du nom de SC 430, assez proche du SL de Mercedes. Changement de cap en 2005, avec le lancement de la seconde génération de berline IS, rivale directe de la BMW Série 3. Et de la M3, la variante IS-F apparue en 2006 gagnant un inédit V8 5.0 de 423 ch ! Plus que les performances (0 à 100 km/h en 5,2 secondes, 270 km/h), en légers retraits par rapport aux pointures allemandes (il est vrai, plus puissantes), c'est l'équilibre de cette propulsion qu'il convient de saluer. Mais aussi son homogénéité, au-dessus du lot. Une copie presque parfaite, qui va peu évoluer durant sa carrière. En mars 2009, Lexus se contente d'offrir à l'IS un nouveau tableau de bord, et des tarages de suspension différents. Le vrai changement vient en octobre 2010, avec un profond restylage. La face avant gagne des feux de jour, l'intérieur de nouveaux compteurs, la hifi un disque dur (et prise USB), mais surtout, un autobloquant Torsen mécanique fait son apparition. De quoi aider à entretenir de belles dérives, exercice que l'IS-F fait à merveille, malgré une légère surcharge pondérale sur le train avant (55%). La Lexus IS-F restera inchangée jusqu'en 2013, qui sonne la fin d'une carrière confidentielle, surtout en France (à peine 100 exemplaires en circulation). Mais vous allez voir : pour une fois, ce qui est rare n'est pas forcément cher !
Identification
Trouver la « plaque constructeur » se fait aisément, puisqu'on la voit sur des autocollant fixés dans l'embrasure de la portière (côté conducteur) et à l'intérieur de la lèvre inférieure du capot. Ce numéro doit bien sûr être identique à celui inscrit sur la carte grise.
Intérieur et équipement
L'IS-F offre d'emblée une dotation de série pléthorique. Seuls le régulateur de distance adaptatif anticollision (3400 €) et le toit ouvrant électrique (1000 €) sont en option, ce dernier étant particulièrement prisé en occasion. L'ambiance intérieure ne respire pas la gaieté, mais l'ensemble est de bonne facture, quoique un ton en dessous des références allemandes. D'ailleurs, sur les modèles antérieurs au restylage, des rossignols peuvent survenir au niveau du tableau de bord. Un souci réglé par Lexus en 2009, grâce à la pose de patins souples au niveau des fixations. Sur ces mêmes millésimes équipés du toit ouvrant, des vibrations au niveau du rétroviseur central peuvent survenir en roulant, lorsque celui est ouvert. Enfin, le cuir de la sellerie, un peu fin, est réputé fragile. Il s'use prématurément au niveau des bourrelets latéraux (notamment côté conducteur). A partir de 2011, le cuir est plus épais, donc plus résistant. Sinon, l'électronique embarquée ne pose aucun problème.
La technique
Châssis et carrosserie
Bien qu'étroitement dérivée de la berline IS, la variante « F » dispose de nombreux éléments de carrosserie spécifiques, comme ses ailes avant garnies d'ouïes latérales. Malheureusement, Lexus n'a pas profité de l'occasion pour introduire des éléments allégés. L'ensemble de la structure (et des ouvrants) est en acier classique, si bien que l'auto accuse 1730 kg à vide. Les seuls éléments « light » sont bien sûr les boucliers (en composite), eux aussi spécifiques à cette version. A l'instar du reste de la carrosserie, ils demeurent très exposés au moindre coup (350 € pièces, hors peinture). Dans l'ensemble, les ajustages entre les éléments de tôlerie sont rigoureux, de même que les peintures, qui offrent un bel effet de brillance. L'auto étant assez basse (châssis « sport » abaissé de 3 cm par rapport à une IS normale), n'oubliez pas d'inspecter attentivement les soubassements, assez exposés.
Motorisation et transmission
Un V8 sinon rien, tel est le crédo de l'IS-F ! Un 5.0 atmosphérique placé longitudinalement, doté de 32 soupapes et de l'injection directe d'essence. Avec sa robuste distribution par chaîne, ce moteur peu porté sur les hauts-régimes (rupteur à 6850 tr/mn), brille par une fiabilité au-dessus du lot. Il ne consomme pas d'huile, ne chauffe pas, et se contente d'une simple révision tous les 15 000 km (vidange et filtres à changer, comptez 420 €). Le seul rappel connu à ce jour concerne une classique mise à jour de la cartographie moteur (début 2009), afin d'optimiser la réponse de l'accélérateur électronique. La Lexus IS-F est une propulsion, équipée d'office d'une classique transmission automatique à 8 rapports signée ZF (avec convertisseur). Ce qui paraissait exceptionnel en 2006 devient progressivement la norme, signe de l'avance technologique de cette japonaise. Autant douce que réactive, cette boîte agréable à l'usage peut se piloter via des palets fixés au volant, pour gagner en sportivité. L'étagement est parfait sur les 6 premiers rapports, mais trop longs sur les 2 derniers, afin de privilégier la consommation (11,6 l/100 km en cycle mixte). A l'instar du moteur, cette boîte brille pour sa robustesse. Lexus préconise une vidange tous les 60 000 km (comptez 650 € avec la révision du moteur, et la vidange du pont). Sage précaution, surtout si vous adoptez souvent une conduite sportive. Enfin, sachez que les modèles restylés (feux de jour à l'avant) bénéficient, en série, d'un appréciable autobloquant Torsen mécanique à glissement limité.
Suspensions et trains roulants
Plutôt luxueuse, bien équipée et sérieusement construite, la Lexus IS-F n'a évidemment rien d'un poids plume. Avec 1730 kg mesurés, cette berline cossue et performante sollicite naturellement ses « périssables » en conduite musclée. Le train avant, un peu chargé, souffre, mais aussi l'arrière, qui doit passer toute la puissance au sol (51,5 mkg à 5200 tr/mn). Le budget « pneumatique » sera la plus grosse dépense à prévoir (1400 € les 4), tous les 30 000 km environ (225/40 R 19 à l'avant et 255/35 R 19 à l'arrière). Profitez-en pour changer les plaquettes, elles-aussi soumises à rude épreuve (734 € pour le jeu avant, pose comprise !). A noter : on les trouve sur internet à seulement... 250 € le jeu (hors pose). Les disques, bien que forgés en acier classique (carbone-céramique indisponibles), sont heureusement surdimensionnés, puisqu'ils sont identiques à ceux qui équipent l'ancienne Classe E55 AMG, plus grosse et plus lourde. D'où une longévité accrue, et une bonne résistance à l'effort (une purge des freins est à faire tous les 30 000 km). Le seul problème concerne les jantes. En plus d'être exposées au moindre coup de trottoir, elles ont une fâcheuse tendance à « cloquer » au niveau de la peinture sous l'effet de la chaleur dégagée par les freins. A 2400 € la jante, ce « détail » n'a rien d'anodin !
Direction, freinage et tenue de route
La discrète IS-F est une berline sportive qui sait tout faire : rouler discrètement au pas dans les encombrements, ou hurler de rage sur un circuit à l'approche des 6700 tr/mn. Le tout avec un niveau de confort lui aussi exceptionnel pour la catégorie. Bref, vous voilà en présence d'une auto qui cache bien son jeu, et derrière ses airs de sage berline « à papa », elle cache un tempérament de feu, mais surtout une polyvalence exceptionnelle. En tant que qu'authentique sportive, son comportement est royal, avec un châssis vissé au sol. Et en augmentant le rythme, sur route sinueuse, on est forcément séduit par la précision de la direction, et le mordant et l'endurance du freinage. La boîte automatique douce et réactive est au diapason, même si l'étagement des deux derniers rapports, ridiculement long, vient ternir ce tableau idyllique.
Tout savoir avant d'acheter
Fiabilité et coûts d'entretien
Cette Lexus est fiable comme une brave Corolla ! Pour la mécanique, en alternance avec la révision standard, à faire tous les 15 0000 km, prévoyez tous les 30 000 km une plus grosse maintenance (avec huile de pont et purge des freins), mais le gros entretien intervient tous les 90 000 km (comptez 1200 € avec le remplacement des 8 bougies). Cette berline sportive et élitiste offre au final un rapport prix/prestation presque imbattable, en raison d'une fiabilité exemplaire, et d'une bonne tenue des organes dans le temps. Seul le budget « pneumatique » et « plaquettes », conséquent et régulier, vient ternir le tableau. Des paramètres que vous pouvez modérer, en adoptant une conduite « zen »...
Maintenance classique : coûts des interventions (main d'œuvre comprise)
Intervention | Prix TTC en € | Fréquence |
---|---|---|
Distribution | chaîne | - |
Embrayage | bva | - |
Pneus AV/AR | 1500 € pour les 4 (Potenza 19'') | vers 30 000 km |
Amortisseurs AV/AR | 1100 € par train | vers 170 000 km |
Disques AV/AR acier | 619 / 660 € | vers 90 000 km |
Plaquettes AV/AR | 734 € le jeu | vers 30 000 km |
Echappement complet | 2571 € | vers 200 000 km |
Révision générale | 420 € (1200 € la grosse) | tous les 15 000 km/1 an |
Les points essentiels
- Vibrations possibles du tableau de bord jusqu'en 2009
- Vibrations possibles au niveau du rétroviseur central en roulant, sur modèles pourvus du toit ouvrant
- Autobloquant Torsen absent jusqu'en octobre 2010 (avant restylage)
- Jantes très vulnérables pouvant « cloquer » au niveau de la peinture sous l'effet de la chaleur dégagée par les freins
- Mise à jour de la cartographie moteur (début 2009), afin d'optimiser la réponse de l'accélérateur électronique
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 13/06/2017, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.