Acheter une FIAT Barchetta
Thomas Riaud le 20/11/2008
La Fiat Barchetta est un charmant roadster qui en offre énormément pour pas trop cher. Desservie par son logo jugé « populaire », elle a pourtant toutes les caractéristiques de la bonne affaire !
Historique
En marge de voitures populaires, Fiat (pour Firme italienne des automobiles de Turin) a toujours proposé des autos plus « funs » et sexy. Bien sûr, le spider est une longue tradition qui remonte aux années 60 (avec les 850 et 124), et ce jusque dans les années 70 (Fiat X1/9 signée Bertone). Au milieu des années 90, la gamme est à nouveau complétée par deux modèles « forts en gueule » : le coupé lancé en 1994, assemblé par Pininfarina mais dessiné par un certain Chris Bangle (désormais en charge du style BMW) et la séduisante Barchetta, apparue en mai 1995. Plus de 13 ans après sa sortie, force est de constater que le charme opère toujours. Adepte bien avant l'heure d'un style néo-rétro qui fait fureur aujourd'hui (VW New Beetle, nouvelle MINI et… Fiat 500 !), la Barchetta évoque les petits cabriolets des années 60, avec son gabarit contenu et son look vintage. Ainsi, elle ose les phares carénés sous une bulle et des galbes sensuels, mis en valeur par le déhanchement des ailes arrière.
Quant au profil, il est joliment souligné par une nervure qui ondule là où il faut pour renforcer le dynamisme de la ligne. Enfin, quelques détails font mouche, comme les feux arrière affleurant la carrosserie, ou encore les discrètes, mais esthétiques, poignées de porte en aluminium. Presque seule au monde sur le marché en 1995 où elle n'avait que comme principales rivales les Mazda MX5 et MG-F, la Barchetta n'a pas su évoluer suffisamment en profondeur pour résister à la déferlante de modèles plus jeunes, dotés pour la plupart des innovants toits rigides escamotables, donc plus polyvalents à l'usage (Peugeot 206 CC lancée en 2000). Pourtant la Barchetta, équipée seulement d'une traditionnelle capote manuelle souple, s'est bonifiée au fil des ans, à l'occasion notamment d'un léger restylage opéré en juin 2003. Cela s'est traduit par l'adoption d'un bouclier avant entièrement redessiné (toujours peint couleur carrosserie), avec une prise d'air majorée en guise de calandre séparée par le logement de la plaque minéralogique. Quant aux antibrouillards, ils trouvent leur place dans de petits logements, situés sous des clignotants désormais blancs et ronds (et non plus oranges et pentagonaux).
Pour ce qui est de l'arrière, il se distingue par l'apparition de la malle du coffre d'une dorsale centrale intégrant un troisième feu stop (absent des premières générations). L'intérieur, presque inchangé, voit tout de même sa finition s'améliorer (ajustages plus précis, assemblages plus rigoureux et matériaux un peu plus valorisants), et la dotation de série s'enrichit dès la version de base de nouveaux équipements (double airbag à la place d'un seul côté conducteur, ABS et verrouillage centralisé désormais de série, lecteur-CD à la place d'une radio K7…). Si la version Pack comporte un équipement plus riche sur les premiers modèles (finition qui est devenue le modèle de base en février 1999), elle présente peu d'intérêt face aux versions restylées, surtout si l'on opte pour une jolie finition Europa apparue en fin de carrière, bénéficiant d'un équipement pléthorique (clim manuelle, sellerie cuir, jantes en alliage, hard-top couleur carrosserie…). Disparue du catalogue sans tambour ni trompette courant 2005, la gamme Fiat est toujours orpheline d'un petit roadster semblable à la Barchetta, à la fois séduisant et bon marché. Aujourd'hui, cette Fiat continue de faire rêver en occasion, où elle se dégote à des prix vraiment très attractifs. De quoi espérer vivre à deux une belle « Dolce Vita » à l'Italienne !
Identification
Les premières versions, commercialisées de mai 1995 à juin 2003 bénéficient du dessin originel, assurément le plus pur et séduisant, avec sa face avant ornée d'une « moustache » au niveau du bouclier. Revers de la médaille : ces versions ne brillent pas par leur finition, peu rigoureuse, ni par leur dotation de série, vraiment limitée sur les entrées de gamme dépourvues d'options. Plus gênants restent les petits soucis rencontrés sur ces modèles, qui vieillissent moins bien que ceux apparus après 1997 (lunette en plastique souple de la capote fragile, étanchéité perfectible au niveau des joints de portière et des feux arrière, problèmes électriques – feux stop –, selleries fragiles, bruits de distribution…).
Les modèles restylés en juin 2003 sont bien plus fréquentables, reconnaissables à leur face avant retravaillée (grosse entrée d'air, phares et clignotants blancs), troisième feux stop placé en « dorsale » sur la malle du coffre…). De plus, ces versions brillent par leur dotation de série, bien plus riche. Ancien ou dernier modèle, la plaque d'identification est toujours à la même place, c'est-à-dire dans le compartiment moteur à gauche (en étant assis dans l'auto), sur la joue d'aile. Ce numéro doit bien sûr correspondre avec celui indiqué sur la carte grise.
Structure, châssis et carrosserie
La Barchetta, dotée d'une coque autoporteuse en acier, repose sur le châssis de l'ancienne Punto, à la rigidité imparfaite. Un phénomène qui se ressent lors des changements d'appuis rapides dans les virages (légères torsions de la caisse), sans pour autant nuire à la tenue de route, satisfaisante. Cette faiblesse structurelle peut engendrer indirectement quelques désagréments sur les premiers millésimes (de 1995 à 1998), comme la difficulté d'ouvrir le couvre-tonneau de la capote ou le capot avant (mécanisme ayant tendance à se gripper). De légères déformations du bac de réception de la capote sont également connus (défaut corrigé courant 2007).
La carrosserie est en acier (donc facilement réparable chez n'importe quel bon carrossier en cas d'accrochage !), et seuls les boucliers et le couvre-capote sont en matériaux composites. Contrairement aux anciennes Fiat, les risques de corrosion sont ici absents. Les ajustages entre les panneaux sont correctement réalisés et la qualité des peintures est bonne, offrant une excellente tenue dans le temps (sauf le vernis argenté recouvrant les rétros extérieurs des séries spéciales Naxos). Aussi cette auto, dépourvue de toute protection (latérale, avant et arrière) reste très vulnérable aux petits chocs causés en ville, ou aux projections de gravillons (face avant souvent « mouchetée » par de nombreux petits impacts).
Moteur
La Barchetta utilise un seul moteur : un fiable et éprouvé 4 cylindres essence 1.8 16v de 130 ch, que l'on trouve sur d'autres modèles Fiat de cette époque, comme le coupé. Enjoué, ce bloc vivant dérivé du 5 cylindres équipant l'ancienne Lancia Kappa, plein de peps, brille par son caractère volontaire, toujours partant pour « prendre les tours ». Sur les modèles de 1995-1996, de forts bruits de distribution sont néanmoins habituels (attention : risque possible de rupture de la courroie de distribution !). Par précaution, il est recommandé de changer cette dernière tous les 70 000 km. De 1995 à 1998, des soucis de commande variable d'arbres à cames sont également légion (engendrant un bruit anormal, une puissance réduite et des à-coups vers 3500 tr/mn).
Ce défaut, bénin, se corrige facilement en atelier (coût de 150 € environ). Sinon, hormis ces faiblesses récurrentes propres aux premiers millésimes, ce moteur séduit par sa solidité, bien réelle. Couplé seulement à une boîte mécanique à 5 rapports (au demeurant bien guidée et correctement étagée), ce moteur sollicite peut-être trop son embrayage, qui peut s'user en à peine 80 000 km (sur modèles produits de 1995 à 1998). Bien que bruyant à l'usage, on ne se lasse jamais de ce moteur à la sonorité communicative. Au final voilà une très bonne mécanique, plutôt performante (0 à 100 en 8,9 sec), de surcroît pas trop vorace en carburant (9,3 l/100 km en moyenne).
Suspensions et trains roulants
La Barchetta n'est pas à proprement parler un roadster sportif, façon Lotus Elise, si bien que le confort des occupants est bien préservé. Revers de la médaille : les suspensions, un peu trop souples en détente, pénalisent le comportement en conduite dynamique (motricité imparfaite du train avant lors de fortes accélérations en appuis ou sur un revêtement imparfait). Les amortisseurs restent d'ailleurs le « maillon faible » de cette Fiat (à changer parfois dès 70 000 km). Sinon, le poids relativement contenu de cette auto (1060 kg) préserve assez bien les pneumatiques, des 195/55 VR 15 (à changer en moyenne tous les 80 000 km : comptez 300 € par train).
Freinage, direction et pneus
Plutôt légère (moins de 1100 kg), la Barchetta ne sollicite que très modérément le système de freinage (disques ventilés devant, pleins derrière). Par ailleurs, le prix de ces pièces reste raisonnable (prévoyez 60 € pour un jeu de plaquettes et 215 € pour une paire de disques). Ces éléments sont généralement à remplacer tous les 80 000 km, à l'occasion d'une révision prévue par le constructeur (prévoyez en plus 250 €). Aussi, sachez que sur les modèles vendus de 1995 à 2000 le réglage du frein à main est souvent trop lâche (à faire vérifier en atelier). Quant à la direction assistée (présente de série), précise et informative, elle participe au plaisir de conduite. Cela étant, les modèles produits de 1995 à 1997 peuvent présenter des claquements de direction près des butées, et souffrent généralement de soufflets de cardans fragiles, pouvant se déchirer (ce qui, à terme, use prématurément le cardan).
Habitacle et finitions
Autant le dire tout de suite : le traitement de l'habitacle n'est pas le point fort de la Barchetta. Comme de nombreuses Fiat de cette génération, la finition est bien légère, comportant de grosses lacunes. Les matériaux sont basiques (plastiques majoritairement rigides), l'insonorisation est très moyenne (pas de moquette au sol et isolants très limités) et les assemblages du mobilier restent perfectibles (bruits de mobilier fréquent sur mauvais revêtement). L'étanchéité pose aussi parfois problème (joints de portière et de coffre mal fixés), du moins surtout sur les premiers millésimes (jusqu'en 1997).
Ces premières versions souffrent d'autres faiblesses, comme les coutures des sièges en tissu, assez fragiles, sans parler de soucis de ceintures, ou de la réception très moyenne de la radio. Par ailleurs, sur tous les modèles, la ventilation, bruyante et peu efficace, laisse présente une buée très tenace sur les vitres. A propos de vitre : la lunette arrière est en plastique souple, et elle vieillit très mal (effet jaunâtre, déchirure possible…).
Côté dotation de série les premières versions, plutôt dépouillées, offrent le strict minimum en finition « base » ( la « Pack » est un peu plus fréquentable, quoique privée en série de la clim manuelle !). Mieux vaut attendre février 1999 pour bénéficier d'une finition plus rigoureuse et d'un niveau d'équipement plus fourni (à cette date, la Pack devient l'entrée de gamme). Mais les versions les plus désirables restent celles commercialisées après le restylage de juin 2003. La qualité perçue fait encore un bond en avant et la dotation de série devient enfin satisfaisante. A noter : une finition Europa, apparue en fin de carrière, offre un équipement pléthorique (clim manuelle, sellerie cuir, jantes en alliage, hard-top couleur carrosserie), digne d'une auto moderne.
Prise en main
Saisir la frêle poignée usinée dans l'aluminium pour ouvrir la porte donne déjà le sentiment de monter à bord d'une voiture particulière. Bien calé dans des sièges confortables et assez enveloppants, on sera séduit par la présentation, assez sportive, mais aussi un tantinet rétro avec les pièces de tôle peintes couleur carrosserie que l'on retrouve sur les contre-portes. C'est esthétique, mais cette « trouvaille » stylistique traduit en fait des lacunes en matière de finitions, assez moyennes. Les plastiques sont mal ébarbés, et les ajustages moyens, tout comme les assemblages.
Cela est bien entendu la source de nombreux bruits de mobilier lorsque l'auto est en mouvement. Pour se consoler, notons que l'ergonomie est très bien pensée. Au premier rayon de soleil, décapoter manuellement se fait aisément, même en étant seul. Car c'est encore comme cela que l'on apprécie pleinement une Barchetta. Ray Ban vissées sur le nez, coude à la portière en se laissant bercer par un bon tube à la radio, on est enfin prêt à vivre une « passionata » avec cette belle Italienne.
Mais si son 1.8 16v sait effectivement adopter une allure de sénateur pour la balade tranquille en amoureux, il sait aussi taquiner la zone rouge dès qu'on le sollicite. Là, on remet les deux mains sur le volant, on coupe la radio et on recapote. Très disponible, ce moteur séduit tout de suite par son tempérament, vraiment joyeux. Italien dans l'âme, il affectionne de « prendre les tours » sans relâche (130 ch à 6300 tr/mn), quitte à malmener parfois le train avant qui, il faut l'avouer, peine parfois à transmettre toute la puissance aux roues avant. Ce manque de rigueur pénalise l'efficacité, mais en contre-partie il rend l'auto ludique à conduire, même si en cas d'optimisme le sous-virage reste de rigueur (tirer tout droit).
Heureusement, les freins se montrent à la hauteur des performances (0 à 100 km/h en 8,9 secondes et 200 km/h maxi). Et pour ne rien gâcher, la boîte manuelle à 5 rapports bénéficie d'un maniement net et sans bavure. En fait, le plus fatiguant à la longue demeure le niveau sonore qui règne dans cet habitacle, vraiment trop élevé. Pour « baisser le son », une seule solution s'impose : réduire l'allure, quitte à sacrifier le plaisir ! Au final, la Fiat Barchetta ne promet pas le grand frisson, mais elle séduit largement grâce à sa ligne séduisante et son tempérament affirmé. Globalement fiable, vivante à conduire et très abordable, cette Fiat efface du coup tous les petits reproches que l'on pourrait lui faire…
Budget d'entretien et cote
Vendue neuve à un tarif compétitif à l'époque, elle est aujourd'hui presque donnée ! Il faut dire que son blason, peu prestigieux, ne plaide pas en sa faveur… Tant mieux pour les amateurs, qui pourront du coup accéder à une voiture très attachante pour de petits prix ! Si on en trouve à foison à partir de 3000 €, il convient toutefois de se méfier. Pour ce prix là, vous aurez forcément une Barchetta des premiers millésimes, donc mal équipée, mal finie et pas toujours fiable (et sans doute un peu abîmée). Pour gagner en fiabilité, visez un modèle postérieur à 1996, et si la dotation de série revêt une grande importance à vos yeux, assurez-vous que le modèle convoité possède bien les options désirées (clim, jantes alliage, hard-top…).
A partir de février 1999, la dotation de série fait un bond en avant, puisque le « haut de gamme » Pack devient le ticket d'entrée (clim toujours en option !). Evidemment, un modèle de ce millésime, pas trop kilométré et en bon état, se négocie plus cher (près de 5000 € environ). Mais l'idéal reste une version restylée (commercialisée à partir de juin 2003). Plus moderne d'aspect, cette « new » Barchetta bénéficie d'un équipement moins indigent et d'une meilleure finition. Evidemment, cette version encore récente approche plutôt les 7000 € en seconde main. Enfin, ancienne ou récente, une Barchetta reste relativement fiable et abordable en entretien. Par exemple, la révision des 80 000 km ne coûte que 250 € (hors éventuels remplacement des pneus (300 € la paire) ou des freins (215 € la paire de disques, 60 € le jeu de plaquettes). A 120 000 km, une grosse révision est à prévoir, facturée près de 500 € en moyenne. Un montant qui ne tient pas compte du remplacement de la courroie de distribution, à effectuer tous les 70 000 km environ (sous peine de casser le moteur !).
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 20/11/2008, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.