Acheter une FIAT 2300 S
Stéphane Schlesinger le 30/09/2021
Cette GT de l'âge d'or italien, belle, performante, fiable et bien construite attire les collectionneurs avisés qui ont compris sa supériorité dynamique sur ses concurrentes. La Fiat 2300 S Coupé se pose en valeur sûre.
L'âge d'or italien
Après être allé jusqu'à étudier un modèle à moteur V12 avant-guerre, Fiat doit revoir ses ambitions à la baisse une fois la paix revenue. L'Italie est exsangue, détruite. Aussi la priorité va-t-elle d'abord aux utilitaires et aux véhicules peu chers. Mais le plan Marshall produit rapidement ses effets, et l'économie de la péninsule connaît un boom considérable dès les années 1950, à tel point qu'on parle de « miracle à l'italienne ». Fiat peut donc envisager des voitures plus haut de gamme, et présente en 1959 une berline dotée d'un 6-cylindres en ligne.
Bien dans son époque, cette propulsion a droit à une boîte 4 entièrement synchronisée mais conserve un essieu arrière rigide, étrangement suspendu par des ressorts à lames et hélicoïdaux… À l'avant la suspension recourt à des barres de torsion, avec l'avantage de dégager de la place sous le capot. Deux versions sont proposées : la 1800 (1,8 l) et la 2100 (2,1 l), qui se révèlent relativement performantes. Aurelio Lampredi, transfuge de Ferrari, leur a en effet conçu un moteur doté d'une culasse en alliage à chambres de combustion polysphériques, garantes d'un excellent rendement, même si la distribution demeure à arbre à cames latéral.
En 1961, la Fiat 2100 est supplantée par la 2300 (2,3 l donc), plus rapide et dotée de 4 freins à disques. Entre-temps, rigoureusement conçue et construite, la 2100 a donné des idées aux designers Sergio Sartorelli et Virgil Exner Jr, alors employés chez le carrossier Ghia, qui en dérivent un très séduisant coupé. Ne partageant aucun panneau extérieur avec la berline, celui-ci se signale par un avant plus fin et surtout une originale lunette arrière panoramique en trois parties. Exposé au salon de Turin 1960, il tape dans l'œil de Vittorio Valletta, le brillant administrateur délégué (en gros, le patron) de Fiat. Il prend la décision de le produire en série et, le temps qu'il soit mis au point, il suit les évolutions de la 2300.
Lancé en 1961, le coupé Fiat 2300 se décline en deux variantes. La version standard, reprenant le bloc de la 4-portes (117 ch SAE – 105 ch DIN), et la S, forte de 150 ch SAE (136 ch DIN). Pourquoi ? Parce que le préparateur Abarth s'est occupé de son moteur : arbre à cames affûté, taux de compression relevé, allumage revu et installation de deux carburateurs Weber double corps. Du coup, la S pointe à près de 200 km/h, une vitesse extrêmement élevée en 1961. Cela dit, il s'agit plus d'une GT rapide que d'une pure sportive : son habitacle se révèle en effet assez luxueux, doté par exemple d'une instrumentation complète, d'un volant Nardi, d'une belle sellerie en vinyle et de vitres électriques. Mieux, il propose quatre vraies places et une finition soignée.
Initialement, c'est Ghia qui devait en assurer la production mais suite à des revers de fortune, le coupé sortira de chez OSI, société fondée par Sartorelli. Cela grève le prix de vente, qui atteint 29 000 F en 1963, soit 42 500 € actuels selon l'Insee. C'est presque le double de celui de la berline dont le coupé dérive. À titre de comparaison, une Peugeot 404 coûte alors 10 000 F. Aussi, même si elle se montre plus rapide et efficace qu'une Alfa Romeo 2600 Sprint ou qu'une Lancia Flaminia, autrement plus huppées (et lourdes, la 2300S Coupé s'en tenant à 1 290 kg), la Fiat ne se vend pas très bien, badge populaire oblige. Pourtant, cette excellente GT bénéficie d'évolutions en mai 1965 : volets d'aération d'habitacle sur les ailes avant, enjoliveurs de roues redessinés et baguettes latérales notamment. En 1968, c'est la fin : le Coupé 2300 prend sa retraite, produit à environ 7 000 unités selon certaines sources, le chiffre exact n'étant pas connu.
Aujourd'hui, cette GT de l'âge d'or italien, belle, performante, fiable et bien construite (elle souffre bien moins de la corrosion que les Fiat ultérieures) attire les collectionneurs avisés qui ont compris sa supériorité dynamique sur ses concurrentes. Elle se pose en valeur sûre.
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 30/09/2021, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.