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Rétromobile 2007
MASERATI 4CL
Gilles Bonnafous le 21/02/2007
Sur le stand du négociant suisse Lukas Hüni, figure une rare et originale Maserati 4 CL de 1946.
Entre autres automobiles présentées sur son stand, le négociant suisse Lukas Hüni présente une rare et originale Maserati 4 CL.
Pour tenter de conserver l’avantage acquis sur la concurrence par la 6 CM en classe 1500 cm3, la catégorie anciennement appelée « voiturettes », Ernesto Maserati conçoit en 1939 sa remplaçante, la 4 CL. Il s’agit particulièrement de relever le défi que représente la surpuissante Alfa Romeo 158 due à l’ingénieur Gioachino Colombo.
La 4 CL reçoit un nouveau moteur de 1498 cm3, un quatre cylindres en alliage léger dont la spécificité réside dans son caractère supercarré (78 X 78 millimètres). Pas très souple mais puissant, il est simple et fiable et résiste mieux aux surrégimes, des qualités majeures pour une voiture qui s’adresse aussi aux pilotes privés. Il est équipé d’une distribution à deux arbres à cames en tête et à quatre soupapes par cylindre, cette dernière étant autorisée par la course courte. Suralimentée par un compresseur type Roots, cette mécanique délivre 220 ch à 6600 tr/mn. Grâce à ses 630 kilos, la voiture monte à 250 km/h. La boîte de vitesses possède quatre rapports.
Le classique châssis à longerons de la 4 CL dérive de celui de la 6 CM. La suspension avant indépendante est à barres de torsion, tandis qu’à l’arrière, on trouve un pont rigide avec ressorts à lames semi-cantilevers.
En 1939, la 4 CL est engagée dans le Grand Prix de Tripoli, en Libye, passé à la formule des voiturettes pour tenter de faire gagner une voiture italienne, les marques transalpines étant dépassées par la concurrence allemande ! Ce sera peine perdue. Si Gigi Villoresi réussit le meilleur temps aux essais au volant d’une 4 CL à la carrosserie carénée réalisée par les Etablissements Farina, la Mercedes W 165 hâtivement réalisée pour la course s’impose, et ce dès sa première sortie !
La fabrication de la 4 CL reprend au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La voiture est maintenant équipée d’un compresseur à double étage et sa carrosserie a été légèrement modifiée. Elle retrouve la piste notamment sous l’égide de la Scuderia Milano et de la Scuderia Ambrosiana, qui font courir des machines neuves ou d’anciennes qui ont été mises à l’abri pendant le conflit.
C’est l’époque des Grands Prix de villes auxquels les voitures au Trident participent régulièrement et où elles s’imposent souvent : Gigi Villoresi à Nice, Raymond Sommer à Marseille, Tazio Nuvolari à Albi, Nello Pagani à Pau, Kautz à Reims, Bira au Grand Prix des Frontières à Chimay, etc.
Pour contrer la concurrence, en particulier celle d’Alfa Romeo, Maserati lancera au Grand Prix de Reims de 1946 la nouvelle 4 CLT (T pour Tubulaire par référence à son châssis beaucoup plus moderne). Deux ans plus tard, apparaîtra la 4 CLT/48, une évolution de la 4 CLT.
La 4 CL présentée à Rétromobile est un modèle d’après guerre. Livrée par Maserati au pilote italien Guido Barbieri en juillet 1946, la 4 CL porte le numéro de châssis 1582 (moteur n°1579). Elle participera à de nombreuses épreuves jusqu’en 1950. En 1946, Barbieri s’aligne au circuit de Milan et il l’emporte sur le circuit de Mantoue. Les deux années suivantes, la voiture court les Grands Prix de Suisse à Berne et d’Albi. En 1949 et 1950, elle est engagée dans les Grands Prix de Belgique à Spa, de Suisse, des Nations couru à Genève et de Lausanne. Son pilote est alors George Branca, un Suisse qui en a fait l’acquisition en 1950.
La 4 CL entre ensuite dans une importante collection suisse, avant de partir pour l’Angleterre. Elle est depuis 1997 la propriété d’un amateur, qui l’a fait courir dans nombre d’épreuves VHC, dont le Grand Prix Historique de Monaco. Cette Maserati est considérée comme l’une des plus originales monoplaces de la marque au Trident qui soit parvenue jusqu’à nos jours.