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Rétromobile 2005
LANCIA Aurelia B24 Spider America
Gilles Bonnafous le 24/02/2005
Modèle sportif élitiste vendu à un prix prohibitif, le spider Lancia Aurelia B24 America apparaît comme l'un des chefs-d'œuvre de Pinin Farina.
Voisinant avec un coupé Flaminia Zagato, autre grand classique de la firme de Turin, un magnifique spider Lancia Aurelia B24 America trônait sur le stand de Lukas Hüni, négociant en automobiles de collection installé à Zurich.
Dévoilé au salon de Bruxelles en janvier 1955, le spider Aurelia B24 relève du même design que l’Alfa Romeo Giulietta spider et sa ligne représente l’un des chefs-d’œuvre du design automobile. Il est destiné au marché d’outre-Atlantique, d’où son surnom America. En témoigne notamment son spectaculaire pare-brise panoramique à la mode américaine.
La B24 est basée sur le coupé B20 de quatrième série, dont l’empattement a été raccourci de 21 centimètres (2,45 mètres). Afin d’abaisser la ligne du capot, le filtre à air, la pompe à eau et le ventilateur ont été déplacés. De même, le levier de vitesses se trouve au plancher. La voiture est réalisée en conduite à droite et à gauche, cette dernière appelée B24S (S signifiant sinistra, gauche en italien, et non Sport !).
L’Aurelia B24 est un véritable spider, non un cabriolet abusivement baptisé ainsi pour des raisons commerciales, comme on le voit souvent. De finition spartiate, il est doté de petites portes et se trouve dépourvu de vitres latérales (remplacés par des écrans amovibles en perspex). Son look sportif est souligné par des pare-chocs en deux parties. L’équipement est succinct à l’image du tableau de bord de style janséniste.
La voiture emprunte à la B20 sa technique sophistiquée : V6 de 2,5 litres développant 118 ch et boîte-pont à quatre rapports. Son arrière essieu rigide type De Dion, doté d’une bielle de guidage transversale type Panhard, lui vaut un excellent comportement routier. Les voitures vendues aux Etats-Unis verront leur puissance ramenée à 108 ch (avec l’arbre à cames de la berline B12).
Modèle sportif élitiste, le spider B24 est vendu à un prix prohibitif. Aux Etats-Unis, il est proposé à un tarif nettement plus élevé qu’une Cadillac Eldorado ! Il sera construit à 240 exemplaires, dont une partie sombrera dans le naufrage de l’Andrea Doria le 25 juillet 1956 sur la route de l’Amérique…
Le spider cédera la place à un cabriolet plus confortable et d’usage plus aisé. Baptisé « convertibile » B24S (conduite à gauche), il sera construit sur les cinquième et sixième séries de la B20. Equipé d’un habitacle plus spacieux et mieux équipé, et de vitres latérales, il est reconnaissable à son pare-brise conventionnel et ses pare-chocs en une seule partie. Les portières ont également été agrandies et les ailes arrière sont droites. Embourgeoisé et plus lourd, le cabriolet, qui a perdu le caractère sauvage du spider, est un peu moins rapide que ce dernier.
L’Aurelia B24 Spider America exposée à Rétromobile (châssis n°1042, l’un des 59 exemplaires à conduite à droite) offre la particularité d’être dotée d’un superbe hard-top, non celui proposé par Lancia, mais une rareté réalisée par la Carrosserie Fontana, dont trois exemplaires seulement sont recensés. Livrée neuve en Italie le 8 juillet 1955, la voiture présente une autre originalité. Elle est équipée de poignées de portes (en aluminium), dont le modèle est normalement dépourvu. Elle n’a eu que des propriétaires transalpins, dont le dernier lui a offert en 1997 une restauration complète réalisée par un spécialiste Lancia de Côme.