Saga Simca
Il y a 70 ans, les premières Simca sortaient de l’usine de Nanterre. La remarquable réussite de la marque sera aussi celle de son créateur, Henri Pigozzi.
sommaire :
SIMCA Vedette Chambord
Gilles Bonnafous le 11/04/2005
Présentée en septembre 1957, la nouvelle génération Vedette, constituée des Beaulieu, Chambord, Marly 2 et Présidence, témoigne de la politique américaine d’Henri Pigozzi, consistant à renouveler rapidement les modèles par des liftings successifs.
Simca Vedette Chambord D.R.
Simca Vedette Beaulieu D.R.
Modèle phare de la gamme, la Chambord a été rehaussée d’un cran et correspond désormais au niveau de finition Régence de l’ancienne génération. Toute la gamme est ainsi décalée vers le haut, la Beaulieu correspond à la Versailles, tandis qu’au sommet trône la Présidence, nouveau modèle de grand luxe. Plusieurs exemplaires en seront commandés par l’Etat et de Gaulle utilisera un cabriolet de parade Chambord à quatre places carrossé par Chapron.
Le bas de gamme est constitué de la spartiate Ariane 8, Trianon rebaptisée, qui conserve l’ancienne caisse. Elle sera retirée du catalogue en 1959, faute d’acheteurs. Le nouveau break garde l’appellation Marly, ainsi que la partie arrière de la Versailles, les ailerons relevés s’avérant peu compatibles avec le pavillon d’un modèle de ce type.
Simca Vedette Beaulieu D.R.
Le lifting de la génération des Vedette 1958 est dû au styliste italien Luigi Rapi, auteur notamment de la très distinguée Isotta-Fraschini Monterosa. Si la Chambord apparaît comme l’un des ersatz européens d’américaines les mieux réussis (avec la Ford Zodiac Mk III), ses ailerons triomphants donnent aux formes arrière de la voiture un aspect massif. Plus globalement, la Chambord paraît trapue, avec un profil assez lourd, bien que la carrosserie ait été allongée de 23 centimètres par rapport à la Versailles. Un défaut qui trahit la difficulté d'adapter les excentricités du style baroque américain aux proportions d'une voiture européenne.
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Cet aspect contraste avec la légèreté du pavillon et la finesse de ses montants et des encadrements de vitres. Plus enveloppant que sur la Versailles, le pare-brise panoramique a été revu à la française, c’est-à-dire doté de montants obliques. Tout cela concourt à l'excellente visibilité dont jouissent les occupants de la voiture, que seule peut lui contester la DS. C’est dire !
En cette année 1957, les dieux ne sont pas avec Henri Pigozzi. La naissance de la Chambord est saluée par la création de la vignette automobile, tandis que la récente crise de Suez a entraîné le rationnement de l’essence. Mauvais temps pour lancer un modèle haut de gamme. Pour faire face à la situation, le célèbre autodidacte a créé l’Ariane 4, au moteur d’Aronde logé dans une caisse de Trianon dépouillée (si cela est encore possible !). Vaste oiseau déplumé au cœur de moineau, l’Ariane 4 est privée de tout, de chromes comme de moteur, ou presque…
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La Chambord et ses acolytes sont toujours motorisés par le vieux et très latéral V8 Ford Aquilon, leur talon d'Achille. Avec un taux de compression porté à 7,5, la puissance est toutefois passée à 84 ch SAE à 4800 tr/mn, ce qui fait toujours de la Chambord la voiture française la plus puissante du marché et lui permet d'atteindre les 145 km/h. Mais ce moteur obsolète consomme beaucoup, vingt litres aux cent kilomètres à la vitesse maximum, et sa souplesse très relative oblige à rétrograder fréquemment, ce qui met en évidence l’apathie des reprises. De plus, il est bruyant à grande vitesse.
Simca Vedette Marly D.R.
Simca Vedette Marly D.R.
Pas moins archaïque apparaît la boîte de vitesses à trois rapports au maniement délicat et à la première non synchronisée. Pour tenter de faire passer l'obsolescence de sa transmission, Simca propose à partir de 1959 le système Rushmatic, un overdrive automatique monté en option — en série sur la Présidence.
La gamme Vedette est légèrement restructurée au salon de Paris 1960. La Beaulieu disparaît, remplacée par la Chambord dans une présentation dépouillée. Ce dernier modèle étant en quelque sorte dégradé, c’est la Présidence qui apparaît alors comme le vrai haut de gamme de Poissy. Mais les jours des Vedette V8 sont comptés puisque 1961 sera leur dernier millésime avec moins de 4000 voitures vendues ! Après quoi, les chaînes seront envoyées au Brésil, où la Chambord et ses dérivés seront produits par la filiale de Simca jusqu’en 1970.
Simca Vedette Chambord, 1960 D.R.
Simca Vedette Chambord, 1961 D.R.