Saga Simca
Il y a 70 ans, les premières Simca sortaient de l’usine de Nanterre. La remarquable réussite de la marque sera aussi celle de son créateur, Henri Pigozzi.
sommaire :
SIMCA 5
Gilles Bonnafous le 05/04/2005
Avec les années trente, le temps des cyclecars a passé. Le public aspire à de vraies automobiles, fiables et produites par de grandes marques capables de monter des réseaux d’après vente bien structurés. Déjà, en France, les années vingt ont eu leur Quadrillette Peugeot et leur 5 CV Citroën. En 1936, un nouveau pas est franchi en Italie et en France. Il s’appelle Fiat 500 et Simca 5.
Première mini-voiture populaire construite en grande série de l’histoire de l’automobile, la Fiat 500, avec son équivalent français la Simca 5, lance la démocratisation de l’automobile en Europe. Elle constitue, avec la DKW Front, le premier jalon sur le chemin historique de la motorisation de masse, qui ne démarrera vraiment qu’après la Seconde Guerre mondiale.
Simca 5, 1938 D.R.
Simca 5, 1938 D.R.
Coordonnée avec la sortie de la Fiat 500, la présentation de la Simca 5 a lieu à Nanterre le 10 mars 1936. La production, retardée par les grèves consécutives à la victoire du Front Populaire, ne démarrera qu’un peu avant le salon de Paris. Le succès sera immédiat. N’offrant que deux places mais légère (560 kilos), la Simca 5 bénéficie d’un tarif très attractif fixé à 9900 francs.
Les premières études de la Fiat 500 ont été lancées en 1933. Elles doivent beaucoup à un jeune et brillant ingénieur, Dante Giacosa, qui deviendra plus tard le directeur technique de Fiat. Dans le but de favoriser l’habitabilité, on a opté pour une position très avancée du moteur, disposé en porte-à-faux avant. Quant à la carrosserie, elle a été étudiée par le département aviation de Fiat, d’où sa proue arrondie qui a nécessité l’installation du radiateur derrière le moteur.
Le moteur en porte-à-faux D.R.
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Ce dernier est un quatre cylindres en ligne de 570 cm3 à soupapes latérales et refroidissement liquide. Il se caractérise par une consommation d’oiseau proche de 3,5 litres aux cent kilomètres, un niveau inédit à l’époque. Afin de bien mettre en valeur ce talent, la voiture participe au concours d’économie du Bidon de cinq litres, où, en 1936, cinq Simca 5 prennent les cinq premières places de leur catégorie. Avec les cinq litres alloués, la première a parcouru 160 kilomètres à la moyenne imposée de 45 km/h (consommation de 3,1 litres aux cent kilomètres).
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Ce succès est confirmé lors de deux nouvelles épreuves contrôlées par l’ACF : un Paris-Madrid aller et retour (3,6 litres sur 2500 kilomètres) et une ronde de vitesse à Montlhéry, où la voiture couvre plus de 105 kilomètres en une heure. Enfin, quelques mois avant le salon, Simca monte une opération dans Paris, où une 5 parcourt 50 000 kilomètres au rythme de mille kilomètres par jour. Elle ne consommera que 4,87 litres aux cent kilomètres à 43,34 km/h de moyenne.
Quelques mois après son lancement, la Simca 5 est épaulée par une version découvrable, dévoilée au Salon de Paris. Disponible moyennant un surcoût de 20%, cette dernière sera bientôt livrée en trois niveaux de finition, Standard, Grand Luxe et Superluxe. Une fourgonnette de 250 kilos de charge utile fait également son apparition. Elle sera acquise à des centaines d’exemplaires par les Postes (peinte en vert foncé avec lettres jaunes).
Simca 5 découvrable D.R.
Simca 5, 1947 D.R.
En 1946, la production de la Simca 5 reprend uniquement en version découvrable. Il est vrai que la formule à ciel ouvert convient particulièrement à la voiture compte tenu de l’exiguïté de son habitacle. La Simca 5 poursuit ainsi carrière jusqu’en 1949, non sans avoir reçu le renfort d’une « grande » sœur, la Simca 6.
Simca 6 D.R.
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Dérivée de sa devancière, la Simca 6 n’est également construite qu’en carrosserie découvrable. La ligne a subi une sérieuse cure de jeunesse. La face avant américanisée est dotée de phares intégrés dans les ailes, tandis que la poupe est redessinée et allongée. Quant au moteur, il garde sa cylindrée, mais gagne en modernité, avec une culasse à soupapes en tête, et en puissance, avec trois chevaux supplémentaires.
Apparue au Salon de 1947, la Simca 6 ne sera réellement fabriquée qu’à partir de 1949. Malgré ses qualités, elle ne pourra lutter contre ses nouvelles concurrentes mieux loties grâce à leurs quatre places et leurs quatre portes (4 CV Renault, Citroën 2 CV et Dyna Panhard). La Simca 6 est également handicapée par son coffre inaccessible de l’extérieur et surtout par son tarif excessif, qui en fait une voiture plus chère que la 4 CV ! Sa carrière sera brève et s’achèvera dès l’été 1950 après seulement 16 512 exemplaires produits — contre 65 451 exemplaires pour la Simca 5.
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