Saga Maserati
Créé en 1914 par six frères, Maserati est l'archétype du constructeur de voitures de sport issues de la course. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que Maserati viendra à la production de GT concurrentes des Ferrari.
sommaire :
MASERATI Bora
Gilles Bonnafous le 09/05/2003
Après la bombe qu'a représentée le lancement de la Lamborghini Miura en 1966, Maserati se doit de réagir en proposant un modèle actualisé, plus moderne que les très belles mais conventionnelles GT (par leur architecture) qui constituent alors la gamme de Modène. La réponse va prendre quelque temps, puisque ce n'est qu'au salon de Genève de 1971 qu'est révélée la première Maserati de route à moteur central arrière, la Bora. Stricte deux places, elle a vocation à prendre la suite de la Ghibli.
Portant le nom d'un vent du Nord qui souffle sur l'Adriatique, la Bora est due au talent de Giorgietto Giugiaro, alors à la tête de sa propre entreprise, Italdesign, fondée en 1967. Une fois de plus, le maître a réussi une création magnifique. Synthèse d'un style plus anguleux, bien que n'excluant pas les lignes galbées, et d'exigences aérodynamiques, la Bora doit être considérée comme l'une des plus belles GT italiennes de la grande époque.
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Sa silhouette trapue en forme d'obus fait de la Bora une voiture sauvage. Encore plus basse que la Ghibli (1,13 mètre), elle est habillée d'une carrosserie aux porte-à-faux réduits qui en accentuent l'esthétique ramassée. Très courte, la carrosserie autoportante (réalisée chez Padane à Modène) ne mesure que 4,33 mètres malgré un long empattement de 2,60 mètres. Immense lunette arrière presque horizontale tombant sur un arrière tronqué, pavillon traité en inox, phares escamotables et étranges enjoliveurs de roues lisses, tout concourt à l'impression de fauve insoumis que dégage la Bora.
Moteur central oblige, la voiture reçoit une suspension à quatre roues indépendantes, dont les débattements sont tempérés par des barres antiroulis. Première Maserati de route ainsi équipée, elle est, du point de vue technologique, la plus moderne des GT au trident.
Monté dans le sens longitudinal sur un faux châssis et alimenté par quatre carburateurs Weber double corps, le V8 à quatre arbres à cames en tête de 4,7 litres offre 310 ch à 6000 tr/mn et un couple de 47 mkg, propulsant la voiture à 270 km/h (boîte de vitesses ZF à cinq rapports). A cette vitesse, les quatre disques Girling ventilés et assistés prouvent leur efficacité, grâce notamment au remarquable circuit hydraulique à haute pression fourni par Citroën.
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Au volant, le changement de sensations est complet par rapport à la Ghibli, dont le 4,7 litres se cache sous l'immense capot avant. Avec la Bora, le conducteur partage une étroite complicité avec le V8 Maserati, qui gronde dans son dos. La voiture n'en est pas moins confortable et elle bénéficie d'un équipement à la hauteur de la facture : réglage hydraulique des sièges et du pédalier, air conditionné en série. Sur la route, la Bora affiche un comportement relativement neutre, la suspension se révélant assez ferme à basse vitesse - mais il faut " assurer " à 270 km/h !
Sur la Bora destinée au marché américain, le moteur de 4,7 litres est remplacé, à partir de 1974, par le cinq litres de la Ghibli SS - mais limité à 300 ch. Il faudra attendre 1977 pour observer la même évolution en Europe, le cinq litres étant offert en la circonstance dans la définition plus puissante de l'Indy (320 ch). L'année suivante, la voiture sera retirée après 495 exemplaires produits, dont 235 à moteur cinq litres. Fidèle client Maserati, Karim Aga Khan a compté au nombre des heureux propriétaires de la Bora, ainsi que le célèbre producteur de cinéma Carlo Ponti.
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La Boomerang
Leader, avec Marcello Gandini, de la nouvelle école italienne du design, Giorgietto Giugiaro propose en 1971 une interprétation futuriste de la Bora, la Boomerang. On ne peut qu'admirer le futurisme épuré de ce magnifique exercice de style, caractérisé par son profil exceptionnel - la proue raccordée au pavillon par un plan unique englobant le pare-brise et la ligne du capot. Sous influence de l'Alfa Romeo Carabo et de Lancia Stratos Zéro de Marcello Gandini, cette silhouette en coin sera reprise par Giugiaro sur la Lotus Esprit et la Volkswagen Golf.
Construite sur la base de la Bora et motorisée par le 4,7 litres de 310 ch, la Boomerang est d'abord présentée comme étude au salon de Turin de 1971 (dépourvue de moteur), avant d'être exposée roulante au salon de Genève de l'année suivante. Ayant accédé au rang de star, elle fera ensuite le tour des salons à Paris, Londres et Barcelone, partout célébrée pour l'audace de son style.
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Contrairement à ce qu'on observe aujourd'hui, il n'est pas rare à l'époque, que carrossiers et constructeurs vendent leurs show-cars. Ainsi, après le salon de Barcelone, la Boomerang restera-t-elle en Espagne, où elle sera acquise par un entrepreneur de spectacles de Benidorm. Revendue en 1980 et restaurée, elle sera alors présentée par son nouveau propriétaire dans les grandes manifestations automobiles internationales. Ce sera le cas à Pebble Beach et à Bagatelle en 1990 en la présence de Giorgietto Giugiaro, membre du jury du concours cette année-là.
La Boomerang a récemment changé de mains. Mise aux enchères par Christie's le 12 février 2003 dans le cadre de Rétromobile, elle fut adjugée la bagatelle de 1 108 250€ (avec les frais)… Heureux homme que l'acquéreur de cette authentique pièce de musée d'Arts plastiques, qui, par ailleurs, est régulièrement immatriculée et peut rouler " normalement " !