Grand Prix de l'Age d'Or 2004
Pour cette ultime édition organisée sur le circuit de Montlhéry, les amoureux de mécaniques anciennes étaient venus nombreux pour voir évoluer une dernière fois les voitures sur ce monument historique de l'automobile.
sommaire :
CHRYSLER New Yorker 1960
Gilles Bonnafous le 19/06/2004
Haut de gamme Chrysler, la New Yorker 1960 témoigne d’un temps où les marques américaines se comportaient comme des maisons de couture, ou si l'on préfère, comme des ateliers d'architecture. La recherche esthétique y tenait lieu d'innovation et le restyling des voitures était devenu un exercice quasi annuel. Soutien essentiel des ventes, cet art constituait le principal argument de la politique commerciale des groupes automobiles. Et tant qu'il prouvait son efficacité, il jouissait d'une grande liberté de création.
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En 1955, Virgil Exner se fait remarquer en créant le "Hundred Million Dollar Look" de Chrysler, un design pur et dépouillé qui fait des voitures du groupe les plus européennes des voitures américaines. Deux ans plus tard, intervient une révolution avec le lancement de la seconde génération du "Forward Look". Connaissant là sa nuit de Walpurgis, Virgil Exner a donné naissance à un style qui va faire sensation. Aboutissement du combat qu'il a engagé au début de la décennie pour revaloriser l'image de Chrysler, cet aggiornamento a pu être réalisé grâce à sa position nouvelle de responsable à part entière du design du groupe. Considérée comme "the most glamourous car in a generation", la nouvelle voiture place Chrysler en position d'avant-garde du design américain, un rôle que la firme n'avait pas tenu depuis l'Airflow de 1934… Elle lui permet aussi d'arracher le leadership à la General Motors.
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Les grands ailerons ascendants constituent le trait le plus spectaculaire de ce design, dont la frivolité baroque reflète la joie de vivre d'une époque de plein emploi découvrant la civilisation de l'abondance — pour ne pas dire du gaspillage. Mais après avoir tracé le sillon, les lignes des Chrysler apparaissent à la fin de la décennie en retrait par rapport à la concurrence, alors même que le nouveau style présenté par la General Motors en 1959 s'inspire des innovations du "Forward Look". C'est en 1962 que les ailerons disparaîtront de la ligne des Chrysler, année où Exner quittera la marque de Highland Park …
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En 1960, les Chrysler héritent de l’énorme calandre trapézoïdale de la 300 E de 1959. D’un point de vue technique, ce millésime est le premier où, à l’exception des Imperial, tous les modèles du groupe Chrysler adoptent la construction monocoque. Un pas important. La New Yorker est motorisée par le V8 de 413 c.u. (6,8 litres) développant 350 ch. Ce dernier est accouplé à l’excellente boîte de vitesses automatique TorqueFlite à trois rapports avec boutons poussoirs au tableau de bord, introduite en 1956 sur les Imperial. Performante, la voiture jouit d’un meilleur comportement routier que la concurrence en raison de la suspension avant à barres de torsion.
Passionné d’Américaines, Raphaël Brunet confesse une attirance particulière pour l’esthétique des Chrysler. Il possède une belle collection de représentantes de la firme de Detroit : une 300 B, deux berlines New Yorker hardtop de 1958 et 1960, un cabriolet New Yorker de 1958 et un rarissime coupé Ghia de 1955. Homme au caractère plutôt réservé, il n’en apprécie pas moins l’exubérance du style cher à Virgil Exner. De plus, ce sont des voitures relativement rares en France.
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Sa berline New Yorker hardtop de 1960, Raphaël l’a acquise il y a seulement trois mois. L’affaire s’est réalisée par le bouche à oreille. La voiture se trouvait tout près de chez lui, en plein Paris, au pied de la butte Montmartre, où elle était stockée dans un local depuis 1966. Vendue neuve en France, elle a sans doute été l’une des dernières distribuées par France Motors, l’importateur Chrysler de l’époque, puisque ensuite, c’est Simca qui prendra le relais.
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La New Yorker a eu quatre propriétaires, dont Jacques Savoye, le célèbre spécialiste des Morgan. Son dernier possesseur, un entrepreneur amateur d’Américaines, l’avait achetée en 1966. Raphaël Brunet l’a acquise auprès de la fille de ce dernier, qui était très attachée à la Chrysler en mémoire de son père. Elle n’a accepté de lui céder qu’en raison de la passion désintéressée qu’il témoigne pour ces voitures.
La Chrysler avait été parfaitement entretenue, voire choyée. N’ayant parcouru que 130 000 kilomètres, elle se trouve aujourd’hui dans un remarquable état, entièrement d’origine y compris l’intérieur. De plus, étant toujours restée à Paris, elle a conservé son immatriculation d’origine JU 75 ! Un détail qui compte pour un collectionneur exigeant.
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