Essai VOLKSWAGEN Touareg TDI V10

Aussi malin que talentueux ingénieur, Ferdinand Piëch, instigateur de ces grandes manœuvres a fait désosser un Mercedes ML et un BMW X5 avant de valider le cahier des charges du Volkswagen Touareg qui, rappelons le, partage sa plate-forme avec le Porsche Cayenne. Résultat : VW peut aujourd'hui compléter sa gamme avec ce SUV de luxe qui réalise une synthèse parfaite de ses deux concurrents tout en étant mieux équipé.

Egalement à l'actif du Volkswagen Touareg une batterie de moteurs impressionnants à l'image du V10 TDI 5L de 313 chevaux (le plus puissant du monde), une insolente aisance en tout terrain, un bon comportement routier, une belle qualité de fabrication et quantités d'astuces comme la vitre arrière amovible s'ouvrant indépendamment du hayon.

A son passif, citons un poids imposant, un confort moyen, un freinage tout juste suffisant et un espace utilisable inférieure à celui d'un break de mêmes dimensions.

Avec 4 roues motrices et une suspension pneumatique de série, le Touareg V10 ne possède même pas de concurrence, le Mercedes ML 400 CDI V8 n'offrant que 250 chevaux et une suspension moderne mais classique.

Le Volswagen Touareg sera disponible en France fin novembre en trois versions : V6 3.2L boite mécanique à 44.100€ , V6 3.2l boite automatique à 46.100€ et V10 TDI à 74.800€ . Début 2003 arriveront une variante V8 et au deuxième trimestre le très attendu modèle équipé d'un 5 cylindres TDI de 174 ch à moins de 45.000€.

De facture classique, le Touareg impressionne par ses proportions inhabituelles. Il est en effet le plus long et le plus large de la catégorie (+11 et +7 cm par rapport au ML) tout en étant moins haut (ce qui limite un peu la hauteur sous pavillon pour les personnes de grande taille). Ces choix et le généreux capot rendu nécessaire pour loger les moteurs en long le rendent plus rablé et agressif sans altérer une certaine élégance. Sa garde au sol de 240 mm en TT et ses porte-à-faux inclinés lui permettent d'attaquer des angles de pente de plus de 28°, de franchir des gués profond de 500 mm (et même 580 mm grâce à la suspension pneumatique) tandis que sa hauteur limitée, favorable à l'aérodynamique et à un centre de gravité plus bas le maintient cramponné au sol sur des dévers allant jusqu'à 35°.

D'une finition quasi irréprochable, l'intérieur du Touareg, proche de celui de la Phaeton n'a rien à envier à celui des berlines de grand luxe. Les plastiques, d'excellente facture, se marient bien avec les inserts de bois, les imitations alu et le chrome. La moindre commande a fait l'objet d'une étude soignée comme cette molette escamotable qui permet d'enclencher le blocage du différentiel ou la gamme des rapports courts.

Un peu raides mais confortables sur de longs trajets, les sièges bénéficient de réglages électriques. A l'arrière, les occupants trouvent leurs aises mais sans plus. A noter aussi le basculement facile de l'assise des sièges arrière et des dossiers pour offrir un plancher plat de chargement et un volume pouvant aller jusqu'à 1570 dm3 (1525 dm3 pour le V10).

Touareg reprend la plate-forme et les structures du Porsche Cayenne (sortie en début d'année 2003). Il fait ainsi profiter de son empattement long et de l'extrême largeur de ses voies en adoptant une double triangulation à l'avant comme à l'arrière. Les bras supérieurs utilisent l'aluminium pour rogner sur le poids tandis que les bras inférieurs préfèrent l'acier pour résister aux sollicitations en tout terrain et à haute vitesse (jusqu'à 270 km/h selon VW !).

En matière de liaisons au sol, le Touareg V10 en apporte encore davantage avec sa suspension pneumatique. Ses coussins d'air, en lieu et place des ressorts et amortisseurs, assurent un amortissement variable en continu, limitent presque totalement le roulis en virage et offrent différentes gardes au sol commandées par les circonstances (haute en franchissement difficile et basse pour faciliter le chargement). Mieux : cette hauteur de caisse varie automatiquement en fonction de la vitesse passant de 215 mm à 180 mm à partir de 125 km/h et à 170 mm au delà de 180 km/h Enfin l'assiette du 4X4 reste constante quelle que soit la charge.

Dernier point d'importance : la transmission intégrale fait appel au 4Motion, le système connu depuis longtemps chez VW. Sans égaler le Quattro d'Audi, il est ici stupéfiant d'efficacité en tout terrain grâce à la répartition de la puissance en fonction de l'adhérence des roues, cette régulation étant affinée par l'EDS4, le blocage électronique de différentiel. Sur route, les chevaux se portent en nombre égaux sur les deux trains, d'ou un parfait équilibre du comportement du véhicule.

Volkswagen a pris toute la concurrence à la gorge en annonçant un V10 TDI pour son Touareg. Cette association de deux VR6 fait merveille en offrant non seulement 313 chevaux (la puissance la plus élevée jamais proposée en série par un diesel) mais aussi un couple monstrueux de 750 Nm dès 2000 tours. On verra plus loin qu'il offre au conducteur une maîtrise sans pareille même s'il alourdit le train avant.

Tout le monde ne pouvant pas s'offrir le V10, VW prévoit deux autres moteurs : un TDI 5 cylindres de 174 chevaux et un V8 . Le Touareg V6 3.2l est également disponible. Avec ses 220 chevaux, une souplesse hors pair et une consommation raisonnable, cette dernière version apparaît comme une première bonne affaire de la gamme.

Monté aussi sur la Phaeton, le V10 est composé de deux rangées de 5 cylindres en V à 90° et, les spécialistes apprécieront, les poulies d'entraînement des accessoires sont pour la première fois regroupés dans un carter de pignonnerie isolé du vilebrequin. Pour réduire presque totalement les vibrations et le bruit de fonctionnement, les techniciens ont fait appel à un arbre d'équilibrage tournant dans le sens opposé de la rotation d'un vilebrequin lestés de six contrepoids en alliage de tungstène !

Déjà agréablement surpris par tant de luxe et de confort à bord, le conducteur d'un Touareg appréciera aussi la facilité de conduite d'un véhicule accusant pourtant les 2.3 tonnes sur la bascule (et même plus de 2.5 tonnes ! pour le V10). Un peu moins confortable que le ML de Mercedes et en proie à divers bruits aérodynamiques à haute vitesses (la faute aux rétros latéraux panoramiques), le Touareg offre pratiquement toutes les qualités d'une berline de haut de gamme au niveau de la direction, du freinage (suffisant en conditions normales) et d'une suspension ne générant qu'un roulis limité (même sur le V6 aux liaisons au sol conventionnelles).

Côté moteur, le V10 génère des sensations de puissance unique. Il faut même doser la pesée du pied sur l'accélérateur tant la bête est prête à bondir et on comprend pourquoi VW a dû concevoir une transmission automatique spécifique pour canaliser une telle cavalerie. Une boite mieux étagée et plus douce que celle du ML. Un vrai régal.

Mais c'est en tout terrain que le Touareg se montre le plus souverain. Quand on pense que pas plus d'un client sur cent n'osera fourvoyer son joyau dans la boue et les sentiers rocailleux et escarpés, c'est gâché ! Saluons tout de même la performance technologique de Volkswagen dont le dessein est aussi d'imposer son dernier né dès 2005 dans le Paris Dakar. Avec un filet de gaz et mu parfois par une seule roue motrice, le 4X4 VW ne s'arrête jamais de grimper et on le sent capable d'aller se mesurer avec les TT purs et durs badgés Toyota, Mitsubishi ou Nissan.

Nous nous contenterons ici d'énumérer les équipements de série du V10 qui viennent en supplément d'un lot déjà impressionnant. Citons donc les jantes de 18 pouces, la suspension pneumatique CDC, la peinture métallisée ou perlée, la calandre chromée, les rampes de pavillon anodisées, le système de sonorisation avec ampli 8 canaux et 11 HP, le chargeur 6CD dans le coffre, l'aide à la navigation GPS, le Climatronic 2 zones, le détecteur d'obscurité et de pluie, le régulateur de vitesse, le système de verrouillage et démarrage Keyless Acess, les inserts en bois de myrte, noyer ou vanona, les sièges confort 12 positions à réglages et chauffage électriques, la sellerie en cuir "criquet", les lave-phares et les projecteurs bi-xénon.