Essai VOLKSWAGEN Phaeton W12
Jean-François Destin le 21/10/2002
Avec la Volkswagen Phaeton W12, il s'agissait de proposer un produit classe et discret, mieux fini, mieux équipé et nettement moins cher que les références de la concurrence.
Présentation
Un long essai des Volkswagen Phaeton W12 et V6 dans le nord de la France démontre que ce pari insensé a toutes les chances d'être gagné malgré un poids très excessif mettant le freinage à rude épreuve. Autre incertitude : la réaction de la clientèle européenne et surtout américaine face une automobile de prestige badgée...VW.
Outre la construction d'une usine ultra-moderne à Dresde dédiée à la Phaeton et au SUV de luxe Touareg, le groupe allemand n'a pas lésiné sur les moyens pour s'imposer. Avec ses 5.05m de long et 1.90m de large, ses 2,4 tonnes et son moteur 12 cylindres 6 litres de 420 chevaux, la Volkswagen Phaeton de sommet de gamme n'a rien à envier à la Mercedes Classe S, sa cible privilégiée. Elle aurait même tendance à surpasser sa rivale en associant quatre roues motrices permanentes, une suspension pneumatique asservie, de multiples protections électroniques et un équipement pléthorique.
Pour élargir son champ d'action, VW propose aussi une Phaeton V6 241 ch à traction avant très bien placé au niveau prix/équipement. Quant au diesel, les patients seront récompensés lorsqu'ils prendront livraison d'une Phaeton équipée d'un V10 de 313 chevaux, le diesel de série le plus puissant du monde.
La Volkswagen Phaeton coûte 71.650€ en V6 et 110.525€ en W12.
Design
A l'instar de Lexus lorsque Toyota décida d'investir le haut de gamme, la Phaeton ne restera pas dans les annales du design comme une source de progrès et d'évolution stylistique. Lisse, aérodynamique, discrète mais majestueuse par ses proportions, la grosse limousine en jette sans avoir recours à des artifices ostentatoires. Optiques étirés, custode inclinée comme sur un coupé et ceinture de caisse quasi horizontale : la recette est simple mais efficace et ...indémodable. A l'arrière, les feux sont séparés par la découpe du couvercle de malle dont la capacité atteint les 500 dm3.
Entièrement galvanisée, la caisse reçoit des ouvrants en aluminium tandis que les ailes, le cuvelage de la roue de secours et les pare-chocs sont en matière synthétique. Des choix censés alléger l'ensemble mais qui se voient contrariés par la présence d'un double vitrage, d'une importante isolation vibratoire du châssis et d'un équipement record.
Habitacle
En s'installant derrière le (trop ?) grand volant de la Phaeton, le doute n'est pas permis. Entouré de gainage en cuir souple, de bois précieux et de touches de chrome, on rejoint un univers de très haut de gamme que jusqu'ici seuls Mercedes, BMW et Audi parvenaient à dispenser. Si côté dessin et présentation, notre préférence va à la planche de bord de la BMW Serie 7, celle de la Phaeton, plus cossue, paraît construite avec plus de soin et d'originalité. Exemple : les buses de ventilation cachées derrières les inserts de bois amovibles. La qualité des plastiques (certains façon carbone) et matériaux divers de décoration plaident aussi en faveur de VW tout comme le maniement des différentes fonctions, bien plus pratique que le nébuleux I-Drive de BMW. On peut seulement regretter l'aspect bon marché des commandes de changements de direction et de la boite séquentielle au volant.
A revoir aussi la position de conduite trop haute et avancée, l'éloignement des boutons de lève glaces et l'absence d'un frein à mains électrique (on l'actionne ici au pied).
Très spacieuse aux quatre places (avec des dossiers réglables à l'arrière), la Phaeton bénéficie de sièges très cossus à l'œil mais fermes et manquant de maintien latéral. Recouverts d'un cuir de grande qualité, il disposent de ceintures de sécurité intégrées.
Châssis
Véritable paquebot de la route, la Phaeton hérite du défaut de ses qualités, à savoir un poids excessif. Revendiquant la même longueur de 5.05m, la nouvelle Audi A8 pèse 500 kilos de moins alors qu'elle bénéficie elle aussi de quatre roues motrices et d'un respectable V8 de 335 chevaux.
Conscients de cet embonpoint, les techniciens de VW ont équipé la Phaeton des meilleures liaisons au sol possible en mariant une suspension pneumatique adaptative à quatre positions, quatre roues motrices assurant en permanence la répartition idéale de la puissance en fonction de l'adhérence de chaque roue et quasiment toutes les protections électroniques connues (ABS, EBV, ESP et même le MSR, système qui régule le couple d'inertie au lever de pied).
Las, la Phaeton conçue pour rouler à 300 km/h (!) privilégie surtout le confort et même en jouant sur les réglages de suspension les plus durs, on ne peut limiter efficacement les prises de roulis en virage et les effets de pompage lors du franchissement des raccords de bitume. Le poids, toujours lui, malmène les freins en cas d'urgence. Des disques céramique comme sur les dernières Porsche auraient été les bienvenus.
Moteur
La Phaeton reçoit trois moteurs très différents. En base, un V6 3.2l de 241 chevaux entraîne la voiture à plus de 240 km/h. Dérivé du 2.8l, il est implanté pour la première fois dans le sens longitudinal.
L'événement concerne évidemment la proposition W12 de 420 chevaux au souffle inépuisable. Conçu en aluminium (bloc et culasse) et en magnésium (carters, collecteur d'admission) à partir de deux VR6, il est léger, compact et offre le couple de 550 Nm dès 3000 tours. Très puissant à haut régime, il est aussi étonnamment souple grâce à l'admission à double flux et au calage variable agissant à la fois sur les arbres à cames d'admission et d'échappement.
Mais en Europe, les acheteurs de la Phaeton attendront quelques mois l'arrivée du fabuleux V10 TDI 5 litres installé aussi sous le capot du SUV Touareg. Nous avons eu le privilège de l'essayer et il est bluffant à tous égard : silence de fonctionnement, absence totale de vibrations, couple record de 750 Nm dès 2000 tours et une puissance omniprésente des 313 chevaux. Equipé de 10 injecteurs-pompe haute pression, il travaille à merveille avec la boite automatique à 6 rapports montée en série (une exclusivité VW).
Sur la route
Vu l'imposant gabarit de la voiture, les premiers kilomètres s'effectuent avec attention et précaution. Mais très vite, l'envie de solliciter le V10 ou le W12 prend le pas sur le reste. Très douces, toutes les commandes actionnent avec célérité ce vaisseau amiral surpuissant.
Impressionnante sur la route, la Phaeton l'est encore davantage sur une autoroute allemande où nous avons eu le loisir de faire grimper l'aiguille du compteur. Affecté de très peu de bruits aérodynamiques, la Phaeton frise les 240 km/h alors que le pied sur l'accélérateur peut encore poursuivre sa pesée. Restent les freins dont nous avons mis en doute l'endurance en cas de ralentissements d'urgence répétés.
Equipements
Comptez tous les équipements les plus sophistiqués touchant la sécurité (active et passive) et le confort auxquels il faut ajouter sur la W12 les 4 sorties d'échappement chromées, le téléphone fixe avec main libre, les rideaux pare-soleil électrique sur la lunette arrière, la fermeture assistée du capot de coffre avec charnières en aluminium, les sièges arrière chauffants, les appuis-tête avant électrique, la climatisation multi-zones, la fonction massage des sièges avant et le système audio numérique.