Essai VOLKSWAGEN Eos 2006
Jean-François Destin le 29/05/2006
Affichant une silhouette élégante, la Volkswagen Eos se veut surtout un coupé-cabriolet sûr. Une voiture sobre et originale qui satisfait les amateurs de grand air.
Présentation
La Golf cabriolet restera une icône dans l'histoire de Volkswagen. Mais depuis 2002 et sa disparition du catalogue, les amateurs de grand air ne disposaient plus que de la New Beetle décapotable, version moderne de l'inoubliable Coccinelle pour rester dans la marque. Une proposition décalée mais insuffisante pour contrer les nouveaux CC (traduisez, les « coupés-cabriolets »). Cédant à une surenchère technologique, Volkswagen a dévoilé au dernière Salon de Genève l'Eos, un modèle à la fois coupé et cabriolet par le mouvement compliqué d'un toit articulé en… cinq parties ! Encore plus fort que celui de la Volvo C70 et ses trois morceaux se rangeant en mille feuilles. Volkswagen est aussi le seul constructeur à avoir intégré un toit ouvrant vitré en configuration coupé.
Se situant en dimension entre la Golf V et la Passat, la Volkswagen Eos, du nom de la déesse grecque de l'aurore, reprend à l'une et à l'autre des composants comme la suspension, des éléments de plate-forme, sans parler bien sûr des moteurs et des transmissions. Une partie de meccano réussie pour un modèle constituant une gamme à part entière.
Très sérieusement fabriquée et offrant quatre places (malgré la relative étroitesse à l'arrière), la Volkswagen Eos apparaît aussi séduisante avec et sans couvre-chef. Seul regret : qu'un brin de fantaisie n'ait pas saisi les stylistes chargés de l'habitacle. On retrouve la facture classique de la Golf mais aussi une ambiance un peu terne et triste. Pour y remédier, les clients devront avoir recours en option à des boiseries et des cuirs clairs. Lancée en France début juin avec trois moteurs à essence (1600 cm3 de 115 ch, un 2l de 150 ch et un 2 litres turbo de 200 ch) et un diesel (2l TDI de 140 ch), la Volkswagen Eos affiche des tarifs élevés (de 27140 € à 36020 €) mais justifiés en partie par une finition soignée et une sécurité active et passive difficile à prendre en défaut.
Design
Sous la direction de Murat Günak (ex Mercedes, ex Peugeot), les stylistes allemands ont réussi à faire de la Volkswagen Eos un modèle à part tout en reprenant des traits caractéristiques de la nouvelle signature Volkswagen. Ainsi les optiques et les feux sont très proches de ceux des Golf, Jetta et Passat. Un air de famille tout en faisant bande à part.
En arborant 21 cm de plus que la Golf V, la Volkswagen Eos peut soigner sa silhouette et son profil mais le pare-brise court permettant aux occupants avant de profiter du ciel impliquait une cinématique de toit très élaborée. Cinq parties, 12 capteurs, 2 moteurs électriques, 1 pompe et quatre vérins constituent les 80 kilos d'un système d'ouverture et de fermeture digne d'un savant fou. Mais il faut se rendre à l'évidence, ça fonctionne en 25 secondes et VW assure que le mécanisme dont on distingue la complexité a été testé pour résister pendant 10 ans au rythme de plusieurs mouvements quotidiens !
Dès que l'on appuie sur la commande, le toit coulissant en verre s'ouvre. Puis le couvercle de la malle en fait autant et recule vers l'arrière. Cette manœuvre nécessite de la place derrière la voiture et les capteurs du radar de recul (en série) ont été réglés pour interdire le décapotage lorsque l'Eos est garée trop près d'un mur ou d'un obstacle. Le toit se glisse alors sous la partie arrière et le tout se referme bien à l'abri dans le coffre. Un coffre dont la contenance se trouve ramenée de 380 à 205 dm3. En cabriolet, pas facile d'aller chercher une de ses affaires dans un sac ou une valise.
Reste que les stylistes ont réussi à rendre l'Eos aussi élégante et dynamique avec et sans son toit, l'acheteur étant assuré de disposer du confort d'un véritable coupé en hiver.
Habitacle
Alors que la concurrence se contente de reconduire la planche de bord et la décoration de la berline dont le CC dérive, la Volkswagen Eos bénéficie de quelques éléments distinctifs par rapport à la Golf comme les nouveaux aérateurs cerclés de chrome et la garniture différente des contre-portes. Les sièges un peu fermes au niveau du dossier soutiennent bien et leurs réglages permettront aux conducteurs de toute morphologie de trouver une excellente position de conduite. L'accès à l'arrière est convenable mais la largeur un peu juste pour deux adultes.
Sans doute parce qu'un cabriolet est plus exposé aux regards, Volkswagen a soigné la finition mais on aurait aimé vibrer en découvrant des décorations mode et tendances.
Châssis
Il s'agit d'un châssis de Golf optimisé. Les renforts indispensables pour obtenir une bonne rigidité se situent dans les montants de baie de pare-brise et dans la traverse entre les sièges avant et arrière. Le train arrière reçoit également deux renforts. Pour compenser les 200 kilos de prise de poids, certaines pièces ont été allégées comme le couvercle de malle en matériaux composites. Au global, la différence sur la bascule, à motorisation égale entre une Golf et un Eos, atteint les 300 kilos. A noter que le châssis de la Volkswagen Eos bénéficie d'un surdimensionnement des voies et de l'empattement. Enfin le carter moteur en aluminium participe à la rigidité en limitant les phénomènes de torsion.
Moteurs
Alors qu'on s'attend comme d'habitude à une demande majoritaire de modèles diesel, Volkswagen, curieusement, propose trois motorisations à essence. Ayant pour dénominateurs communs 4 cylindres et une alimentation injection directe FSI, ils offrent un large panel de puissances avec en accès de gamme un 1600 cm3 de 115 chevaux, un 2 litres atmosphérique de 150 chevaux et un 2 litres turbo de 200 chevaux qui évidemment s'avère le plus agréable compte tenu du poids de l'auto. Un 200 chevaux dont la consommation raisonnable voisine avec celle du 150 chevaux (entre 10 et 11 litres).
En diesel, pas de choix possible puisque Volkswagen propose (pour l'instant) un unique 2l 16s TDI de 140 chevaux avec FAP (Filtre A Particules) en série sur tous modèles. Tous les moteurs sont associés à une boite mécanique à 6 rapports. Les adeptes de l'excellente boite robotisée à double embrayage DSG devront patienter jusqu'en novembre pour en disposer sur la version TDI. En septembre, juste avant le Mondial de Paris, arriveront les premières Volkswagen Eos V6 3.2l 250 chevaux avec exclusivement la boite DSG.
Sur la route
Contrairement à la plupart des autres CC, la Volkswagen Eos n'arbore pas un pare-brise long et très incliné. Inutile de prendre des précautions pour s'installer à bord en
En revanche, l'espace pour les jambes est correcte et l'inclinaison des dossiers confortable.
Pour rouler à deux sans être décoiffés, Volkswagen propose en série sur tous les modèles un efficace filet anti-remous. Facile à mettre en place, il se plie en quatre et se range dans le coffre. Evidemment, il condamne les places arrière.
A l'usage, l'Eos s'apparente à une super Golf. Un châssis sérieux encore mieux campé sur ses roues par un accroissement des voies et de l'empattement permet d'envisager une conduite sportive sans se faire de chaleurs. Sa neutralité est même surprenante compte tenu de son poids. Direction, freinage, commande de boite se font oublier et grâce à la douceur des commandes, la conduite ne se révèle pas fatigante.
Agréable en décapotable, silencieuse et étanche avec son toit, la Volkswagen Eos affiche sa double personnalité dans un confort d'un bon niveau.
En dehors de ses prix relativement élevés, sa seule faiblesse viendrait de ses motorisations. En essence, il faut opter pour le 200 chevaux pour profiter d'une bonne vivacité et de reprises franches. Certes le TDI 140 chevaux avec son couple de 320 Nm dès 1800 tours/minute s'en approche mais au prix d'un bruit caractéristique de diesel pas très agréable.
Quant au toit ouvrant coulissant en verre, spécificité exclusive de l'Eos, il fonctionne bien mais ne présente pas d'intérêt, les nuisances sonores au-delà des 100 km/h devenant vite insupportables.