Essai PGO Hemera
David Lamboley le 25/04/2011
La PGO Hemera, c'est l'alternative "made in France" pour qui veut rouler décalé et sympa tout en préservant plaisir au volant et bonnes relations avec son banquier…
Présentation
Le coupé PGO Hemera, version coupé de la Speedster 2, n'a pas besoin d'un aileron démesuré ou d'une peinture mate pour ressembler à un ovni. Originale, un brin baroque, elle interprète très librement les traits de la Porsche 356. L'Hemera étonne aussi par sa compacité : elle est à peine plus grande qu'une Mini actuelle. Sa bouille rondouillarde et ses voies larges, on connaît déjà. Tout comme l'habitacle, caractérisé par une instrumentation et une planche de bord aux forts accents rétro. Pour le reste, c'est-à-dire la partie arrière, c'est original, voire particulier, avec une ligne oscillant entre le break de chasse et le coupé.
Toute la poupe est redessinée de façon à gagner en luminosité et en volume, et ce malgré la présence du moteur en position centrale arrière. Cette disposition autorise d'ailleurs un comportement enjoué, sportif, sans filtre, un caractère comme on n'en trouve plus !
La PGO Hemera est en effet une propulsion dénuée de toute assistance électronique. Sa mécanique vivante qui monte joyeusement dans les tours, son comportement parfois viril, bref, son caractère délicieusement imparfait est une bouffée d'air frais dans le paysage automobile actuel. Car chez PGO, pas d'hypocrisie. Les qualités intrinsèques du coupé Hemera, et notamment son architecture légère et son petit moteur, suffisent à préserver des consommations raisonnables tout en offrant une vivacité surprenante.
Si PGO n'a certes pas inventé le précepte du « Light is Right » propre à la marque Lotus, la démarche y ressemble. La petite Gauloise, qui repose sur un châssis tubulaire habillé d'une carrosserie en composite, préserve une légèreté qui fait souvent défaut aujourd'hui chez les petites sportives. Avec seulement 980 kg sur la bascule, le 2 litres Peugeot développant 140 ch n'a aucun mal à emmener la bestiole à 215 km/h, et permet un 0 à 100 km/h en moins de 7 secondes. Au delà des performances et des aptitudes dynamiques, c'est bien de plaisir et d'originalité dont il s'agit à bord de l'Hemera. Alors à 33 333 euros, elle ne fait pas payer son exclusivité à prix d'or.
Design extérieur et intérieur
Lorsque l'on tombe nez à nez avec la PGO Hemera, on croit tout d'abord à une énième mais néanmoins sympathique réplique de Porsche 356. Mouais… La face avant ne trompe pas, on reconnaît aisément les traits de l'icône allemande, maintes fois copiée, calquée ou interprétée. C'est ce dernier terme qui colle toutefois le mieux à la bestiole rouge qui nous intéresse aujourd'hui.
La PGO Hemera, rappelons-le, est une déclinaison du Speedster 2, elle-même une interprétation assez libre de la Porsche 356, une auto « répliquée » autrefois par le petit artisan français. La bouille reprend les galbes de l'ancêtre, mais les optiques recouvertes de polycarbonate ne trompent pas : nous sommes bien au 21e siècle. Idem pour les voies, franchement larges, les roues ou les rétroviseurs, un accastillage qui n'a rien de rétro. Bref, toute la face avant et les proportions générales sont très proches du Speedster 2.
Pour le reste, c'est à dire la partie arrière, bienvenue dans un autre monde ! Carrément osée, la ligne de toit descend en pente douce jusqu'à une bulle arrière en plastique en forme de griffe. Elle est le point d'orgue d'une poupe évasée, façon plus ou moins « boat tail » puisque laissant apparaître les galbes musclés des ailes arrière. Ces formes originales prennent encore de l'ampleur avec cette partie arrière tronquée, ce qui donne finalement à l'Hemera un profil de break de chasse ! Notons que PGO a réussi un tour de force en créant une auto véritablement originale, d'aucuns préfèreront le terme « baroque », tout en gardant la signature maison, autrement dit cette face avant néo-rétro commune à toutes les autos de la marque.
L'intérieur, lui, ne s'éloigne guère de la version découverte. On retrouve une planche de bord aux accents rétro, couleur carrosserie, et des éléments empruntés à Peugeot. L'équipement, complet, comprend la climatisation, l'autoradio CD MP3, les vitres électriques, la condamnation centralisée, les sièges en cuir… Le ciel de toit, en revanche, est totalement original. Une rampe de diodes bleutées, intégrée dans une applique, crée un éclairage indirect digne d'une soucoupe volante. Carrément sympa !
Châssis et moteur
Nous évoquions à l'instant la Porsche 356, une auto mythique qui a servi de modèle à la première PGO, au début des années 90. Cette première auto, très fidèle à l'originale, reposait sur un châssis de Volkswagen Coccinelle et se contentait du Flat Four de la donneuse d'organes. En 2004, changement de programme avec le Speedster 2.
Si la bouille rappelle toujours la 356, les lignes sont plus librement interprétées, et surtout l'antique châssis et moteur Cox sont relégués aux oubliettes au profit d'une structure en tube carrés maison. On le retrouve sous la carrosserie synthétique de notre Hemera. Ce châssis moderne, doté de zones de déformations programmées à l'avant comme à l'arrière, de renforts dans les portières et de trains roulants McPherson triangulés « up to date », est capable désormais de se mesurer aux bases roulantes d'aujourd'hui.
Le moteur, monté transversalement en position centrale arrière, développe 140 ch. Il s'agit d'ailleurs d'une vieille connaissance, c'est le 2 litres Peugeot emprunté à la 206 S16, idem pour la boîte. Un petit moulin comme on aime, capable de monter vaillamment dans les tours avec entrain, au-delà de 6500 tours… Miam ! Seul hic, il est assez gourmand en ville sur le papier, avec 11 litres de moyenne minimum.
Et sur autoroute, la boîte mécanique à seulement 5 rapports avoue ses limites aussi bien en termes d'agrément sonore qu'en termes de consommation. Mais on se console en se disant que l'Hemera n'est pas conçue pour ce genre de terrains ! Notons qu'en option, PGO propose une boîte automatique, contre 2480 euros.
Sur la route
Le constructeur annonce des performances assez intéressantes pour ce type d'engin : un 0 à 100 km/h en 7 secondes, voilà qui fera notre affaire au quotidien et permettra de moucher les garçons coiffeurs en Z4 et en SLK. Mais plus encore que les performances pures, c'est surtout le comportement et l'ambiance au volant qui valent le détour.
Franchement, très rares sont les autos de grande série capables de donner cette sensation d'authenticité, cette fraîcheur sans filtre, sauf peut-être une Caterham ou assimilée, pas vraiment de la grande série, il est vrai.
Allez, osons le dire, il y a un peu de Lotus Elise dans cette PGO Hemera : dimensions, poids, architecture, puissance, performances et tarif en font des autos assez proches. Ah ! voilà déjà les chiens de garde des Clubs Lotus prêts à mordiller la jambe du journaliste. Ohh, tout doux, c'est bientôt dimanche… Oui, c'est un joli compliment pour l'Hemera, certes, mais ne nous emballons pas.
Même si les trains roulants, plutôt affûtés, sont du genre modernes –tout est relatif, bien entendu-, le comportement s'avère moins efficace à la limite et même avant, à cause d'une direction au feeling étrange, surassistée, qui ne permet pas de bien juger les actions au volant, et parce que le train avant est réglé trop sous-vireur. Etant donné la philosophie de l'engin, nulle critique à cet égard, le contraire eut été surprenant de la part de PGO étant donné le public ciblé.
Toutefois, une fois le mode d'emploi de l'Hemera assimilé, on se prend à jouer les équilibristes à petite vitesse sans forcer son talent, les joies de la propulsion aidant… Le petit insecte, court d'empattement, vif et bien équilibré grâce à son moteur monté en position centrale arrière, picotte parfois mais n'a -heureusement ou pas- rien de venimeux.
On s'étonnera même de son comportement global très sain, civilisé, presque confortable, tout ceci bien sûr aux allures usuelles. Les amateurs d'autos vintage seront plus sensibles que les autres aux petits bruits annexes durant la conduite, ces petits sons métalliques et ces claquements que l'on nomme défauts dans les voitures de grande série, mais qui font tout le charme d'un engin artisanal tel que l'Hemera. Bref, au volant, on ne s'ennuie pas, et les passants ne s'ennuient pas non plus en vous voyant passer en vrombissant joyeusement. Tout le monde y trouve son compte !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation