Essai PGO Cévennes
Vincent Desmonts le 12/11/2007
Malgré ses airs de voiture exotique, la PGO Cévennes se révèle plutôt homogène et diablement attachante ! Vivante et plutôt légère, elle nous fait goûter à des sensations dont les voitures modernes tellement aseptisées nous ont privés.
Présentation
Qu'ils semblent loin, les débuts de PGO, lorsque Gilles et Olivier Prévost assemblaient des répliques et kit cars dans leur petit atelier alsacien ! Aujourd'hui, PGO est coté en bourse, possède un site de production de 18 000 m2 près d'Alès et bénéficie de capitaux koweïtiens. De plus, le Petit Poucet de l'industrie automobile française ne se repose plus sur le seul (et étroit) marché français pour assurer ses ambitions de croissance, puisqu'un réseau d'importateurs se constitue à l'étranger. Les PGO sont ainsi vendues en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Grande-Bretagne (en conduite à droite !), en Suisse et même... au Moyen-Orient !
Le constructeur se proclame aujourd'hui « orfèvre automobile français », en mettant en avant le côté artisanal et la production en petite série. La gamme est constituée de deux modèles : le Speedster II, lancé en 2003, et la Cévennes, plus récente. Les deux partagent la même base technique et ne se différentient que par le style, plus « vintage » sur le Speedster II, plus « néo-rétro » sur la Cévennes. Cette dernière, qui fait l'objet de cet essai, est affichée 39 900 euros, un tarif plutôt élitiste. Ses prestations sont-elles à la hauteur de cette étiquette de prix ?
Design
PGO affirme pudiquement avoir puisé l'inspiration du design de ses modèles dans « les sportives des années 50 et 60 ». Après le procès pour contrefaçon intenté par Porsche et remporté en appel par PGO en 2005, le constructeur d'Alès préfère se montrer prudent ! Et même si l'inspiration Porsche reste évidente, la Cévennes adopte un style plus moderne que celui des répliques des années 90. Plus de logo Porsche ni de référence directe au constructeur de Zuffenhausen sur la carrosserie, des jantes alliage d'un dessin moderne en lieu et place des jantes chromées façon 356 et, sur la Cévennes, des prises d'air à l'avant comme à l'arrière ainsi qu'une double sortie d'échappement. L'ensemble ne manque pas de charme et fait l'unanimité parmi les passants, assurant au « pilote » d'une PGO Cévennes autant de succès qu'à celui d'une Ferrari !
Parmi les petits détails qui font craquer, notons la forme du pare-brise chromé, ainsi que la petite tige métallique le scindant en deux, ou encore le profil caractéristique de la capote, soulignant la minceur des vitres latérales. Fait rare chez les cabriolets : une PGO Cévennes est aussi belle avec sa capote que sans.
Habitacle
La faible hauteur dégagée à l'ouverture des portières ne facilite pas l'installation à bord lorsque la capote est en place ! La rançon d'un style typique qui fait tout le charme de ce roadster. L'habitacle trahit un certain souci du détail et de la finition, comme en témoigne la qualité des peausseries (la sellerie cuir s'étend jusqu'au dessus de la planche de bord) ou l'épaisseur des moquettes. Même le plastique satiné habillant l'instrumentation et la console centrale présente un bel aspect. Mais les pièces issues de la grande diffusion (Peugeot 206 et 106 notamment) jurent avec l'ambiance rétro ainsi créée. Quant aux témoins du tableau de bord, ils s'apparentent davantage aux voyants d'une machine industrielle qu'aux instruments d'un roadster sportif. Enfin, l'assemblage manque de rigueur, trahissant le caractère artisanal de la fabrication.
Malgré la présence d'un volant réglable en hauteur, la position de conduite n'est pas parfaite : l'empattement court a nécessité de décaler le pédalier vers la droite et de rapprocher les pédales. Les personnes chaussant de grandes tailles devront donc faire attention à ne pas accrocher les deux pédales de droite en même temps !
L'équipement n'omet quant à lui rien d'essentiel, puisque la Cévennes offre vitres et rétroviseurs électriques, une radio CD compatible MP3 de bonne qualité, et même... une climatisation ! Ce dernier équipement « de luxe » est le bienvenu, la lunette arrière en plastique ne possédant aucun système de désembuage.
Situé à l'avant, le coffre s'ouvre grâce à une tirette située sous le tableau de bord. Il est entièrement moquetté mais n'accueillera qu'un sac de voyage et une trousse de toilette. Suffisamment pour passer un week-end en couple !
Châssis
La Cévennes abrite sous sa carrosserie en polyester un châssis tubulaire doublé d'une « crash box » (caisson à déformation programmée) permettant de répondre aux normes de crash-tests. Sur ce châssis plutôt rigide sont boulonnés à l'avant comme à l'arrière des trains roulants de type Mac Pherson. L'ensemble est monté avec des suspensions rigides aux débattements très réduits, la caisse étant franchement rabaissée.
Ces réglages pénalisent le confort et la précision de conduite sur routes bosselées : il n'est pas rare d'y amener les suspensions en butée. La Cévennes ne rivalisera pas en efficacité avec une Lotus Elise ou une Caterham Super Seven, mais se révèle néanmoins plutôt plaisante à mener, avec un feeling de conduite très « vintage ». Malgré un moteur monté en position centrale, l'équilibre général tend vers le sous-virage, l'avant se révélant plutôt léger en courbes rapides et à l'inscription en virage. Un caractère qui rappelle d'ailleurs les Porsche de l'ancien temps !
La Cévennes ignore par ailleurs toute notion d'assistance, qu'elles soient électroniques (ABS, antipatinage, ESP...) ou hydrauliques (direction assistée). Cette PGO redonne donc des sensations de conduite authentiques, même si la direction un peu dure et surtout très démultipliée déroutera au premier abord ! Quant à la pédale de frein, elle manque de mordant, mais les distances d'arrêt restent convenables.
Moteur
PGO ne disposant pas des moyens techniques et financiers pour élaborer ses propres moteurs, la marque s'est tournée vers Peugeot, qui lui livre le deux litres de 138 ch qui équipait la 206 S16. Un moteur de conception assez moderne (culasse 16 soupapes, double arbre à cames en tête), mais qui se caractérise davantage par sa souplesse que par son tempérament exacerbé. Il se montre donc agréable en ville, épargnant les trop fréquents recours à une boîte de vitesses (Peugeot également) à la commande lente et accrocheuse. A la campagne, en revanche, ses montées en régime très linéaires pourront décevoir. Heureusement, la PGO Cévennes dispose d'un échappement spécifique qui libère une sonorité chaude à mi-régime et métallique en haut des tours. Mais c'est surtout décapoté – et dans les tunnels – que l'on en profite le plus !
Grâce à son châssis tubulaire et sa carrosserie en polyester, la PGO reste sous la barre de la tonne (980 kg à vide), si bien que ses performances sont plus que correctes : 200 km/h en vitesse maxi (malgré une aérodynamique... d'un autre temps !) et environ 7 secondes au 0 à 100 km/h. En revanche, la consommation apparaît étonnamment élevée, notamment en ville où la Cévennes exigera 12,1 l/100 km.
Sur la route
Difficile de juger la Cévennes à l'aune de concurrentes telles que la Lotus Elise ou la Caterham Super Seven : elle n'affiche pas le châssis sophistiqué de l'une et pèse près de 400 kg de plus que l'autre ! De fait, la Cévennes ne possède pas la rigueur de ces anglaises sans concession. Outre son équilibre châssis un peu particulier, avec cet avant très léger, la PGO ne parviendra pas à suivre le rythme des deux britanniques sur un parcours sinueux. Enfin, son adhérence révèle rapidement ses limites dès lors que le bitume se fait gras ou mouillé.
Il faut plutôt considérer la PGO comme une machine à remonter le temps. Enfilez un pantalon pattes d'eph', glissez un CD des Beatles ou des Rolling Stones dans l'autoradio, mettez le coude à la portière et vous voici téléporté dans les années soixante !
Les sensations sont bien là : cheveux au vent, lourd volant entre les mains, vous laissez le paysage défiler au travers du petit pare-brise chromé. Suspensions fermes et bruit aidant, vous aurez l'impression de rouler à 200 km/h, alors même que l'aiguille du compteur effleure à peine la graduation des 120 ! Quant aux borborygmes de l'échappement, ils imitent plutôt bien le son d'une voiture ancienne.
Sauf que la PGO, elle, démarrera tous les matins sans sourciller ! Elle supportera sans broncher les embouteillages comme les fortes chaleurs, vous évitant de surveiller d'un oeil inquiet le thermomètre d'eau. Les sensations d'une ancienne sans les ennuis, n'est-ce pas une proposition séduisante ?
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation