Essai OPEL GT
Vincent Desmonts le 19/06/2007
Après l'explosif Speedster développé sur la même base que la Lotus Elise, Opel lache de nouveau la bride avec la GT, un roadster propulsé par un 4 cylindres turbo de 264 chevaux.
Présentation
Quand un constructeur aussi sage qu'Opel accepte de lâcher la bride, cela donne souvent des modèles qui ne laissent pas indifférents. Il y eut la première Opel GT, entre 1968 et 1973, puis la Manta, suivie par la somptueuse Calibra dans les années 90, et enfin l'étonnant Speedster sur base de Lotus Elise.
La nouvelle Opel GT s'inscrit dans cette tradition, mais en adoptant un positionnement inédit, avec sa carrosserie de roadster, ses roues arrière motrices et son 4 cylindres turbo puissant. Une originalité partiellement dûe à sa conception « globale », puisque l'Opel GT est la soeur jumelle des Saturn Sky et Pontiac Solstice commercialisées aux Etats-Unis. Elle est d'ailleurs produite dans la même usine, à Wilmington dans l'état du Delaware.
Seule constante dans la méthode Opel : des tarifs très compétitifs. A 31 400 euros, la GT s'affiche nettement moins cher que les autres roadsters aux performances similaires.
Un tel tarif pour profiter d'un roadster de 264 ch au style flamboyant, on flaire l'affaire du siècle ! Reste à vérifier si l'Opel GT tient ses ambitieuses promesses.
Design
Point de studio de design au nom ronflant à l'origine des lignes de la GT : elle a été entièrement dessinée dans les bureaux de GM à Detroit (Etats-Unis) et Rüsselsheim (Allemagne), sous la direction de Bryan Nesbitt. L'Opel GT puise son inspiration dans le concept-car Solstice présenté en 2002, mais surtout dans l'étude Vauxhall VX Lightning de 2003. Tout comme la GT des années 70 était une Chevrolet Corvette Stingray à l'européenne, la GT des années 2010 rend un subtil hommage à la Corvette C6.
Son long capot bombé et ses flancs creusés de larges écopes (factices) sont autant d'oeillades à la légendaire cousine américaine. L'inspiration n'est d'ailleurs pas qu'esthétique, puisque la structure hydroformée reprend des procédés de fabrication utilisés pour la Corvette.
L'Opel GT se distingue par ses proportions inhabituelles. Avec 4,10 m de long, elle est à peine plus grande qu'une Peugeot 207. Mais ses 1,81 m de large et 1,27 m de haut lui composent une face avant impressionnante. La GT possède une forte présence sur la route, un charme évident. Une fois capotée (une opération manuelle qui nécessite de descendre du véhicule), elle gagne même en agressivité grâce à la surface réduite de ses vitres latérales. Les deux bossages du couvre-capote, situés dans le prolongement des sièges, parachèvent un profil roadster à couper le souffle.
Habitacle
En fait d'habitacle, il serait plus judicieux de parler de cockpit, le volume intérieur d'un roadster de 4,10 m étant forcément modeste. Les rangements sont comptés (petite boîte à gants, minuscule niche entre les dossiers des sièges), mais deux adultes de bonne taille se sentiront à l'aise à bord. L'autre surprise, c'est que les passagers n'éprouveront pas de sentiment de claustrophobie lorsque l'Opel est capotée, grâce à l'assise basse des sièges. L'architecture mécanique (moteur longitudinal et boite en bout) implique cependant la présence d'un imposant tunnel de transmission qui nuira aux « rapprochements stratégiques » entre amoureux !
La position de conduite est facile à trouver, grâce au volant réglable dans les deux plans et au siège ajustable en hauteur. L'instrumentation est tout ce qu'il y a de plus classique, à tel point que le thermomètre d'eau n'est plus accessible que par l'ordinateur de bord. Quant à la finition, si les assemblages sont convenablement effectués, les matériaux employés manquent de classe. Mais peut-on vraiment espérer mieux à ce tarif ?
Plus gênante en revanche est la ridicule capacité du coffre : celui-ci fait en effet office de rangement pour la capote... et accueille également le réservoir à carburant, qui n'a pas pu trouver place plus bas par la faute du pont arrière. Autant dire qu'il faudra convaincre madame de voyager léger : 157 dm3 maxi en configuration capotée ! Bien entendu, aucune valise rigide ne rentrera dans cette annexe de la boîte à gants...
Châssis
Sur un roadster, l'agrément de conduite est un critère prédominant. Les liaisons au sol doivent donc faire l'objet de soins particuliers. De ce côté là, l'Opel GT possède tous les prérequis, à commencer par des roues rejetées aux quatre coins, des voies larges et une bonne répartition des masses (51 % à l'avant, 49 % à l'arrière), théoriquement gages d'une bonne stabilité et d'un comportement routier équilibré. Mais la GT adopte aussi des suspensions à doubles triangles aux quatre coins (comme en compétition !) et un différentiel à glissement limité pour optimiser la transmission du couple aux deux roues motrices.
Hélas, l'Opel GT se dote également d'un ESP. Un garde-fou électronique qui fait montre d'un zèle un rien exagéré : même en débraquant à la réaccélération sur le sec, le voyant se met à clignoter en jouant les sapins de Noël ! Le contrôle de stabilité est cependant totalement déconnectable.
Reste que l'équilibre général à haute vitesse pourrait progresser : l'Opel GT s'y révèle trop sensible aux raccords de bitume et aux transferts de masse. Quant aux routes bosselées, elles mettent en évidence des suspensions qui peinent à plaquer les roues au sol.
Moteurs
Ses coûteux rivaux s'offrent des six cylindres, en ligne ou en V, mais l'Opel GT n'avait pas les moyens de s'offrir de telles « grosses » mécaniques. Elle a préféré adopter un 4 cylindres bardé de technologie : injection directe d'essence, turbocompresseur à double entrée, distribution variable sur l'admission et l'échappement, double arbre d'équilibrage... Un CV long comme le bras, qui se traduit par des chiffres impressionnants. Ce 2.0 turbo développe en effet 264 ch (soit 132 ch par litre de cylindrée), et le couple maxi de 353 Nm est disponible sur un plateau allant de 2 500 à 5 000 tr/min !
A l'usage, ce moteur décevra certes les amateurs d'envolées lyriques vers la zone rouge du compte-tours : le 2.0 turbo préfère les moyens régimes, où son couple percutant et sa puissance coquette font merveille. L'Opel GT accélère ainsi de 0 à 100 km/h en 5,7 secondes, soit presque aussi bien qu'une Porsche Boxster S ! La sonorité à l'échappement, bien travaillée, se révèle en outre plaisante à l'oreille.
Dommage que ce bloc soit associé à une boîte ne comptant que cinq rapports, à la cinquième inutilement longue (la vitesse maxi plafonne du coup à 228 km/h) et à la commande lente.
Dernier détail : si Opel annonce une consommation moyenne de 9,2 l/100 km, n'espérez pas descendre sous les 12 à 13 litres en conduite rapide...
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Sur la route
L'Opel GT n'a pas peur des paradoxes. Ce roadster au moteur survitaminé ne demande qu'à bondir vers l'horizon, ne marquant des signes d'essoufflement qu'à l'approche des 200 km/h, mais joue les timorés au premier freinage, en refusant de résolument jeter l'ancre à l'approche d'un virage. Son architecture devrait prodiguer une agilité et un plaisir de conduite de très haut niveau, mais l'équilibre à haute vitesses n'est pas pleinement satisfaisant, tandis que les garde-fous électroniques brident l'agrément sur routes vraiment sinueuses.
Bref, l'Opel GT risque de décevoir l'amateur de vraies sportives. Les autres apprécieront en revanche l'alliance de punch et de souplesse de son moteur, qui assurera son conducteur d'être en tête du grand prix des feux rouges, tout en évitant d'avoir trop souvent recours au levier de vitesses en conduite coulée. Finalement, la GT se prête davantage aux parcours à allure raisonnable qu'à l'attaque des cols de montagne. Sans doute faut-il y voir la forte influence américaine qui a présidé à sa conception !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation