Essai MCLAREN 720S Spider
Vincent Desmonts le 09/03/2020
En moins de dix ans, McLaren est devenue la marque qui impose les standards dans la catégorie très élitiste des supercars. Et la très aboutie 720S Spider est l'illustration parfaite de ce savoir-faire !
Le mètre-étalon
McLaren de la résurrection, 13 ans après la légendaire F1, la 12C fut accueillie un peu fraîchement. Certes ultramoderne, elle souffrait d'un style un peu tendre et son efficacité clinique lui conféraient un sex appeal inférieur à celui d'une Ferrari 458, pour ne citer qu'elle. Mais la firme de Woking n'a eu de cesse de remettre l'ouvrage sur le métier : la 12C est devenue 650S, elle-même remplacée par la 720S en 2017. Et si les rivaux regardaient McLaren de haut voici presque dix ans, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. À tel point que la mise à la retraite anticipée de la Ferrari 488 GTB (remplacée après seulement quatre ans par la F8 Tributo) aurait tout à voir avec le succès critique de la McLaren 720S...
Du carbone dans la baignoire !
La 720S Spider, c'est d'abord un choc visuel. Ramassée, basse et large, elle rejette ses roues aux quatre coins. La carrosserie tire parti des possibilités offertes par la fibre de carbone pour se plier à toutes les exigences des aérodynamiciens : où que l'on pose le regard, les formes sont dessinées pour guider l'air et dompter le vent, pour refroidir freins et mécanique mais surtout pour générer de l'appui. La partie arrière est d'ailleurs dominée par un vaste aileron piloté en carbone, qui sert également d'aérofrein, complété par un diffuseur. Dans la 720S Spider, le carbone n'est pas là que pour faire joli sur la carrosserie : comme tous les modèles de la marque, il est au coeur de la structure, sous la forme d'une baignoire baptisée Monocage II-S. Outre sa légèreté, celle-ci est si rigide qu'elle ne nécessite aucun renfort pour passer d'un coupé à un cabriolet. Si bien que les 49 kg supplémentaires de la 720S Spider par rapport à la version fermée sont essentiellement liés à la mécanique de son toit rigide escamotable. Doté d'une commande entièrement automatique, il se déploie ou se rétracte en une dizaine de secondes, manoeuvre qui peut même être effectuée en roulant (jusqu'à 50 km/h). Et si la météo est capricieuse, il est possible d'ouvrir la vitre arrière afin de profiter de la sonorité du moteur sans crainte des embruns.
Une habitabilité surprenante
Ouvrir la portière d'une supercar se doit d'être un spectacle, et la 720S ne fait pas exception. Mode d'emploi : glissez négligemment votre main dans l'échancrure dégagée dans l'épaisseur de la porte, puis effleurez la palette de déverrouillage. Accompagnez alors - toujours d'un air détaché - l'érection de ladite porte. Pour la refermer, il suffit de la rabattre sans brusquerie, un système « soft close » s'assurant de son bon verrouillage. S'installer à bord ou s'extraire du baquet réclamera en revanche un minimum de souplesse, car le seuil est assez haut : oubliez les mini-jupes ! Ceci dit, une fois installé, on est étonné par l'impression d'espace qui règne à bord. Le pare-brise panoramique descendant très bas offre une excellente visibilité vers l'avant, tandis que la vision vers l'arrière est plutôt bonne pour un modèle à moteur central, notamment grâce au fait que les montants latéraux sont partiellement vitrés. Pour faciliter les manoeuvres, on recommandera tout de même chaudement l'option caméra de recul (2 740 €, incluant également les radars de stationnement). Les assises très avancées donnent le sentiment d'être assis sur le train avant. Ce qui n'empêche pas l'habitabilité d'être excellente et la position de conduite d'être parfaite. Et la 720S parvient même à loger un coffre de 208 dm³ à l'avant ! En revanche, le système d'info-divertissement semble emprunté à une Dacia Sandero.
Sauvagerie des accélérations
Mais assez causé chiffons, il est temps de faire parler la poudre ! Le V8 biturbo « M840T » est une évolution de celui de la 650S, avec une cylindrée poussée de 3,8 à 4 litres, un équipage mobile allégé, de nouvelles soupapes de décharge ou encore deux injecteurs par cylindre. Avec 720 ch et pas moins de 770 Nm de couple, les performances ont évidemment ahurissantes. McLaren annonce un 0 à 100 km/h en 2,9 s, un 0 à 200 km/h en 7,9 s (!) et une vitesse maxi de 341 km/h. On lit parfois dans des essais automobiles qu'une voiture accélère aussi fort que le Faucon Millenium de Star Wars en mode hyperpropulsion, et c'est souvent un cliché... Mais pas dans le cas de la McLaren 720S ! Avec seulement deux roues motrices, il faut évidemment être un peu patient le temps que la bête trouve du grip au démarrage. Mais dès que l'on prend un peu de vitesse, loin de se calmer, les accélérations gagnent en sauvagerie, et l'on a l'impression de pénétrer dans une nouvelle dimension ! Le V8 vocifère à quelques centimètres de vos oreilles et ce ne sont certainement pas les changements de vitesses qui vont vous permettre de reprendre votre souffle, tant la boîte est d'une folle rapidité.
Des suspensions très « high tech »
Aller vite en ligne droite, c'est une chose. Mais aller vite en virage et sur route bosselée, c'est une autre paire de manches ! De ce côté-là, la McLaren peut déjà compter sur son poids contenu : 1 332 kg à sec, contre 1 380 kg pour une Ferrari 488 Pista Spider et même 1 542 kg pour une Lamborghini Huracan Evo Spyder. Mais l'atout numéro un de la 720S Spider, c'est sa suspension pilotée Proactive Chassis Control II. Son principe n'est pas très éloigné de celui de la bonne vieille hydropneumatique Citroën : les amortisseurs sont hydrauliquement interconnectés, des sphères remplies de gaz assurent le moelleux, tandis que des vannes pilotées ajustent la rigidité de l'ensemble. Cette architecture complexe (et coûteuse !) permet de se passer de barres antiroulis, assurant ainsi un contact optimal des pneumatiques avec le bitume, surtout si ce dernier est défoncé, tout en neutralisant le roulis en virage. C'est de la magie noire ! Avec ce système, la 720S ne soumet pas la route à ses caprices, elle s'y adapte, permettant d'extraire la quintessence des Pirelli PZero Corsa.
La grande soeur de la Lotus Elise ?
N'allez pas croire pour autant que cette McLaren est une machine toute dédiée à l'efficacité et traitant son conducteur comme un passager ! Elle adopte par exemple une direction à assistance électro-hydraulique afin de préserver les sensations. Celle-ci vous informe fidèlement de l'état de la route et vous connecte littéralement au train avant. Déroutant au début, mais on s'y fait très vite, d'autant que la tenue de cap n'en souffre pas. Assez démultipliée, cette direction n'en commande pas moins un nez très réactif qui plonge allègrement à la corde. La 720S Spider dégage globalement une impression de légèreté et de finesse qui donne un peu le sentiment d'être au volant d'une Lotus Elise sous stéroïdes. C'est peut-être le plus beau compliment que l'on puisse lui faire.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation