Essai MASERATI Grecale Modena
Yann Lethuillier le 03/06/2022
Si la plupart des prestigieux blasons ont déjà dégainé leur premier SUV, Maserati en est déjà à son deuxième specimen. Mais avec le Grecale, les objectifs sont autrement plus ambitieux. Le regain de forme du Trident repose essentiellement sur ce mangeur de Porsche Macan.
Le Trident en reconquête
Le renouveau de la firme au Trident arrive à grands pas, et cela commence avec une supercar en guise de porte-étendard : la nouvelle MC20. Un « véhicule image » comme on aime à les appeler au service marketing. Pas de quoi affoler les statistiques de ventes, ce rôle étant donc attribué à ce nouveau Grecale. Pour concevoir son second SUV, Maserati a profité de ses synergies avec Alfa Romeo pour aller faire quelques emplettes dans leur arrière-boutique. La plateforme tout d'abord, il s'agit de la fameuse Giorgio, celle qui équipe le Stelvio. Le Grecale est également assemblé dans la même usine que le SUV de la firme au Biscione, à savoir celle de Cassino, en Italie.
Même si Stelvio et Grecale partagent de nombreux éléments, techniques avant tout, esthétiquement l'affiliation entre les deux modèles est loin d'être évidente. La calandre tout d'abord, où trône le fameux logo en forme de Trident, fait indéniablement écho à la nouvelle MC20, tandis que la triple ouïe d'aération sur les ailes avant, signature maison de la firme de Modène, est toujours de la partie. Certains trouveront que ce Grecale ressemble étrangement à un Ford Puma au niveau de la face avant, notamment en raison de la forme des optiques, et nous ne pouvons pas forcément leur donner tort. Du côté de la face arrière, c'est beaucoup plus consensuel. Un peu trop même, le coup de crayon n'est pas assez "latin" à notre goût. Il manque un peu de saveur à ce niveau, même si la présence des quatre canules d'échappement prouve que ce SUV n'a rien d'un modèle conventionnel.
Une Maserati se doit d'être élégante, notamment à l'intérieur, et les clients ne devraient pas être déçus. La planche de bord est élégamment dessinée avec des matériaux de qualité. Cuir, aluminium et carbone sont de la partie, c'est très plaisant au regard et au toucher. En revanche, nous avons noté quelques défauts d'ajustements sur notre version d'essai. Rien de rédhibitoire dans l'ensemble, mais toujours un peu gênant pour une voiture qui débute à 86 000 euros pour notre version d'essai Modena. Voiture moderne oblige, il y a des écrans, et pas qu'un peu, puisque rien que sur la console centrale, nous avons deux tablettes tactiles. La première, en position haute, permet de contrôler tout le système d'info-divertissement, tandis que la seconde intègre les commandes de climatisation, l'éclairage, l'ESP... C'est globalement la même implantation que chez Audi sur leurs modèles les plus haut de gamme. L'ergonomie est correcte dans l'ensemble et les menus sont clairs, intuitifs et la qualité graphique des écrans est très bonne. Même la petite montre qui trône au centre de la planche de bord devient numérique. Elle est paramétrable et permet d'afficher l'heure, une boussole ou encore d'indicateur de G.
Le Grecale est une voiture qui se veut aussi familiale, et l'acheteur aura forcément pour réflexe d'ouvrir le coffre. Les SUV ne sont pas réputés comme étant particulièrement habitables en sacrifiant généralement de l'espace intérieur sur l'autel du design. Le Grecale s'en sort plutôt bien avec un coffre à l'accès très large et 535 litres pour notre version d'essai micro-hybride, et jusqu'à 570 litres pour la version V6 Trofeo. Même satisfaction pour les places arrière, où deux adultes d'1,80 mètre se sentiront à l'aise.
Notre protagoniste se décline avec trois motorisations. Nous avons tout d'abord deux quatre cylindres 2,0 litres turbo avec hybridation légère de 48V. La version GT développe 300 ch, tandis que la déclinaison Modena lui en concède 30 de plus. La gamme est coiffée par le Grecale Trofeo et son V6 3,0 litres Nettuno de 530 ch. Tous les moteurs sont couplés à une boîte automatique à huit rapports et passent leur puissance au sol via une transmission intégrale. Pour notre essai, nous nous sommes rendus en Italie, à environ 130 km au Nord-Est de Rome, dans un paysage luxuriant avec de jolies routes qui "tournicotes". Notre version d'essai de 330 ch donne de la voix à bas et mi-régime, le timbre est assez mélodieux pour un quatre cylindres et ce n'est pas déplaisant. L'échappement nous gratifie même de quelques déflagrations une fois le mode Sport activé. En termes de performances, la fiche technique du Maserati Grecale Modena annonce un 0 à 100 km/h abattu en l'espace de 5,3 secondes et une vitesse de pointe de 240 km/h.
L'apport de la micro-hybridation permet d'améliorer les accélérations, et au moindre effleurement de la pédale de droite, le quatre cylindres démontre sa belle santé, le tout jumelé à une boîte ZF réactive, bien qu'un poil feignante au rétrogradage par moment, surtout en conduite très dynamique. La direction est consistante et guide le train avant avec précision, renforçant ainsi le sentiment d'agilité. SUV oblige, le nez plonge sur les quelques freinages appuyés à l'approche d'un virage, mais les suspensions pneumatiques parviennent à endiguer correctement la prise de roulis. Avec 1 895 kg sur la balance, le Grecale n'est pas une ballerine et se veut plus GT que sportif, mais force est de constater qu'en conduite dynamique, il se débrouille globalement très bien. Les ingénieurs sont parvenus à faire la synthèse entre deux qualités antinomiques que sont le confort et la sportivité, et les quatre modes de conduite (Off-Road, Confort, GT et Sport) permettent d'agir sur la réponse de la direction, l'accélérateur et la boîte. Pour chacun des modes, nous pouvons choisir la fermeté de la suspension. En revanche, petite déception, il n'y a pas de mode Individual pour personnaliser les paramètres un par un.
Nous ne nous attarderons pas sur les utopiques consommations relevées par le cycle WLTP, sous les 10 l/100 km, car même sans avoir vraiment haussé le rythme sur nos petites routes transalpines, nous ne sommes pas parvenus à descendre sous les 12 l/100 km. Quand la version Trofeo est sanctionnée par le malus maximum en France, le quatre cylindres permet d'alléger la taxe. Celle-ci est comprise, en fonction des options et des équipements, entre 17 490 et 26 247 euros. Et avec un prix qui débute à 86 000 euros, hors options, impossible de s'offrir un Grecale Modena à moins de 100 000 euros.
Difficile de trouver des défauts à un SUV qui sait globalement tout faire, et bien faire qui plus est. L'apport de la micro-hybridation apporte un intérêt assez relatif compte tenu du fait que le quatre cylindres a déjà de belles aptitudes à la base. Le travail au niveau du châssis est soigné et la synthèse globale est bonne. Sans révolutionner le segment des SUV premium, le Grecale bénéficiera d'un blason prestigieux pour séduire des clients avides de nouveautés. Le Grecale, dont le nom fait référence à un vent comme les Levante, Bora et Mistral avant lui, devrait rapidement devenir la Maserati la plus vendue au monde.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation