Essai LEXUS RZ 450e

La branche haut de gamme de Toyota prend-t-elle un train déjà en marche ? Si l'hybridation - puis l'hybridation rechargeable - n'est plus un sujet pour la marque japonaise, l'électrification complète reste encore une importante marche à gravir. Si Lexus a déjà tenté une incursion avec une version zéro émission de son petit UX, l'autonomie et les prestations globales n'ont pas vraiment de quoi inquiéter les concurrents. Ce dernier n'apparaît d'ailleurs même plus sur le site commercial de Lexus. Avec le RZ, les choses sont différentes, avec un modèle dédié à ce type d'énergie, qui reprend tout au Toyota bZ4X (avec les difficultés que ce dernier a rencontrées), mais dans un écrin plus valorisant, et une fiche technique plus en accord avec le positionnement premium de la marque. Au catalogue, une unique version 450e de 313 ch est disponible, avec deux finitions, Luxe et Executive. Elle embarque un moteur sur chaque essieu pour s'assurer les services d'une transmission intégrale (système Direct4), et sa batterie de 71,4 kWh (capacité brute, et seulement 64 kWh en nette) promet une autonomie allant jusqu'à 435 km. Notre finition Executive étant équipée de jantes de 20 pouces, cette valeur est revue à la baisse (404 km). Dans l'absolu, voilà qui devrait convenir à la plus grande majorité des usages quotidiens, même si la concurrence fait souvent mieux.

Voulu familial avec son habitacle et son coffre spacieux, sans grand niveau de confort et son équipement de pointe, le Lexus RZ manque peut-être un peu d'épaule pour assurer une réelle polyvalence, notamment sur les grands trajets. D'autant plus que nos consommations relevées à 23 kWh/100 km laissent augurer d'une autonomie dépassant à peine les 300 km. Voilà qui devient problématique sur autoroute, où la recherche d'une borne de recharge débute dès les 220 - 250 km de liaison. Avec sa recharge DC pointant à 150 kW, le RZ se positionne dans la moyenne de la catégorie. Mais la courbe de charge ne nous a pas semblé particulièrement performante. Nos multiples recharges se sont toujours soldées par une baisse significative de la puissance encaissée, passé les 60% de batterie. Encore une fois, cette valeur est soumise à un nombre très important de paramètres, allant de la borne elle-même, aux conditions météorologiques, en passant par la condition de la batterie. Toujours est-il que le RZ peine à faire face au Tesla Model Y ou encore aux rivaux coréens EV6 et Ioniq 5.

Passé cette déception, le Lexus RZ 450e démontre une belle maîtrise sur la route, sans pour autant faire du dynamisme une priorité absolue. Le lourd SUV japonais s'accommode relativement bien de son embonpoint : son train avant est facilement positionné par une direction correctement calibrée, sa motricité n'est pas mise à mal par les 435 Nm de couple et l'amortissement sait maintenir les mouvements de caisse.

Le RZ révolutionne également la conduite avec l'option volant « Papillon », qui ne tourne que légèrement plus d'un quart de retour de chaque côté. Son système à démultiplication variable se passe de colonne de direction et ajuste l'angle de braquage en fonction de la vitesse. Un système hautement complexe qui a su convaincre nos confrères ayant eu la chance de le tester, ce qui n'est pas notre cas avec ce modèle d'essai. A noter que cette option ne sera pas disponible avant 2025.

Le Nippon séduit également par son confort : le niveau de filtration est remarquable, l'insonorisation réussie et la douceur de conduite agréable. Les 313 ch électriques lui autorisent toutefois des performances percutantes. Mais gare à l'autonomie qui fond alors comme neige au soleil. Rien de bien surprenant. A bord, la traditionnelle ambiance des Lexus bascule sur un univers plus numérique. Un intérieur pas vraiment chaleureux mais suffisamment bien présenté et correctement fini. C'est davantage l'ergonomie qui pose question avec certains réglages difficiles d'accès et des commandes parfois curieusement placées, comme certaines configurations qui ne s'opèrent que via l'affichage tête haute. On a vu plus pratique…

Reste la question du tarif. Avec un ticket d'entrée affiché à 68 500 €, et même 10 000 € de plus pour notre finition Executive suréquipée, le Lexus RZ 450e se présente avec des prétentions tarifaires risquées. Un Audi Q4 e-tron n'est pas plus accessible certes, mais ne sera pas beaucoup plus convaincant non plus. Le danger vient d'ailleurs. La KIA EV6 4x4 de 325 ch démarre à 57 690 € avec un équipement déjà généreux. Et pour 4000 € de moins que « notre » RZ, la Coréenne propose une redoutable version GT 585 ch, équipée comme une limousine et finement mise au point. Si les prestations du RZ 450e n'ont pas à rougir de leur niveau, le tout électrique rebat les cartes du premium, et de vulgaires roturiers viennent se montrer quelques peu insolent. L'image de marque et la présentation suffiront-ils à ce RZ pour faire la différence ? Pas sûr…