Essai LANCIA Thema
Loïc Bailliard le 29/05/2012
D'une folie toute italienne avec la Thesis, Lancia passe à une forme de démesure à l'américaine avec la Thema. Si elle perd de sa saveur, la grande berline conserve tout de même de sacrés arguments.
Présentation
Echaudé par l'échec commercial de la Thesis, Lancia a décidé de ne pas prendre de risque pour renouveler sa berline haut de gamme. Le plan du groupe Fiat est donc simple : remplacer tout simplement les Chrysler par des Lancia en Europe. Le coupé-cabriolet 200 devient ainsi Flavia, le Voyager ne change même pas de nom et la 300 est rebaptisée Thema. Une stratégie pensée par des financiers qui fait clairement grincer des dents les puristes qui sont bien incapables de retrouver l'âme de Lancia dans cette gamme.
Il faut dire que la transformation entre Chrysler et Lancia est quasiment inexistante. Une fois passés les badges, on retrouve les formes musclées et baroques qui séduisaient déjà sur la 300C et se sont encore affirmées sur la 300. Lignes très droites, épaules musclées et passages de roues bien remplis par des jantes de 20 pouces optionnelles soulignent les dimensions imposantes de cette nouvelle Thema. A l'intérieur, les dimensions généreuses permettent de proposer un habitacle spacieux et accueillant, avec des équipements pléthoriques mais quelques détails de finition moins flatteurs.
Côté motorisations, Lancia propose un V6 Diesel en provenance de chez VM Motori et offert en deux niveaux de puissance : 190 et 239 ch. En essence, la Thema peut être équipée du V6 Pentastar de 3,6 litres développant 286 ch. Un modèle commercialisé avant tout « pour la gloire », les 10 l/100 km qu'il réclame en moyenne étant peu compatible avec notre époque. Ainsi dotée, la Thema se montre à l'aise sur autoroutes et nationales mais s'acquitte sans plaisir des petites routes.
Au final, cette Thema semblerait presque plus adaptée pour un client avec chauffeur que pour un amateur de conduite. Un manque de passion qui nous chagrine à Motorlegend, mais qui pourrait s'avérer payant et permettre de subsister à une marque qui se cherche depuis trop longtemps. D'autant qu'avec un tarif de base à 51 500 € comprenant quasiment toutes les options, la Lancia Thema se positionne en véritable alternative à l'indétrônable trio allemand.
Design extérieur et intérieur
Entre la Chrysler 300 et la Lancia Thema, il est à peine possible de jouer au jeu des 7 erreurs, tout simplement car il n'y a pas autant de différences que ça entre les deux modèles. A l'exception des logos ornant la calandre, de la malle et des jantes, on retrouve trait pour trait les lignes de la grande américaine. Car voilà avant tout ce qui ressort de la Thema : sa taille. Il faut dire qu'avec 5,07 mètres de long pour 1,90 m de large, le terme « grande berline » n'est pas usurpé.
On retrouve ensuite la version mise à jour des traits musclés et presque baroques qui nous avaient séduit sur la première 300C. La ceinture de caisse est toujours très droite, soulignant des passages de roues musclés et bien remplis par les belles jantes 20 pouces optionnelles. La calandre reste très massive, mais les feux arrière ont été légèrement affinés et acérés afin de mieux habiller le couvercle de malle. On ne pourra pas être plus éloigné des lignes de la Thesis, mais ce look fait toujours son petit effet, même s'il est plus adapté au blason Chrysler que Lancia.
A bord, c'est avant tout le gigantesque écran tactile de 8,4 pouces trônant sur la console centrale qui saute aux yeux. Il permet le contrôle de la totalité des fonctions de la voiture, depuis la climatisation à la musique en passant par le GPS ou les sièges ventilés / chauffants. On retrouve ensuite à la quasi totalité des endroits clés des boiseries ou du cuir, à l'exception de l'encadrement du fameux écran par des plastiques dont la mauvaise qualité visible gâche un peu le plaisir. On note également quelques assemblages perfectibles. La rigueur absolue et les finitions irréprochables des Allemandes de ce niveau de gamme conservent encore un véritable cran d'avance.
Typiquement américains, les sièges se montrent confortables mais n'offrent aucun maintien latéral. Mais c'est à l'arrière qu'on est le mieux. L'empattement de plus de 3 mètres (3,05 m !) est en effet synonyme d'espace aux jambes pour tous les gabarits. Finalement, dès le premier contact, la Lancia Thema indique déjà qu'elle est faite pour se laisser conduire depuis les places arrière plutôt que pour être à son volant.
Châssis et moteur
Pourtant, la fiche technique se montre pleine de promesses. Sous la carrosserie américaine, on retrouve en effet une plate-forme entièrement nouvelle, baptisée LX, développée par Chrysler pour la bagatelle de 1 milliard de dollars.
Équipée de suspensions multibras aux 4 coins de la voiture (indépendantes à l'arrière) cette plate-forme a une particularité : elle passe la puissance aux roues arrière. Un type de transmission qui avait disparu chez Lancia depuis des années avec les Stratos et Beta Montecarlo Turbo en modèles de sport et Flaminia sur la route.
Côté mécanique, la Lancia Thema déplace ses 1800 kilos (1963 kg en Diesel) grâce à deux motorisations différentes. Notre modèle d'essai emploie ainsi le V6 essence Pentastar notamment connu chez nous pour se trouver sous le capot de modèles Jeep.
D'une cylindrée de 3,6 litres, ce moteur atmosphérique annonce 286 ch à 6350 tr/min et 340 Nm de couple à partir de 4650 tr/min. Il est couplé à la fameuse boîte ZF à 8 rapports déjà employée par Audi, BMW, Jaguar ou Land Rover.
Les acheteurs plus raisonnables pourront quant à eux jeter leur dévolu sur l'une des deux versions du V6 Diesel 3 litres Multijet réalisé par VM Motori. Qu'il soit en 190 ch / 440 Nm ou 239 ch / 550 Nm, il restera cependant allié à une boîte automatique à 5 rapports.
Sur la route
Avec un tel gabarit, la Lancia Thema pourrait se montrer intimidante à prendre en main. Elle se révèle en réalité abordable facilement. Alors que le V6 chauffe, on quitte les agglomérations sans trop de sueurs froides tout en appréciant le confort d'une grande berline luxueuse. Puis une fois que l'on roule sur les grands axes, la Thema révèle sa nature de routière. Impériale, elle se montre parfaite pour avaler les kilomètres dans le calme et une débauche d'aides à la conduite.
En sortant de l'autoroute et en empruntant quelques nationales, la Thema confirme cette excellente première impression. Mais quelques fausses notes viennent déjà perturber le tableau. Le V6 se montre très efficace en matières de relances, mais pas franchement foudroyant au niveau des accélérations. Les 7,7 secondes qu'il réclame pour effectuer le 0 à 100 km/h en témoignent. Même déception du côté de la boîte qui se révèle ici moins douce et rapide que sur d'autres modèles l'utilisant.
L'absence de sélecteur « +/- », que ce soit sur le volant ou au niveau du levier, rappelle également le caractère paisible de la Lancia. La position « L » forçant la transmission à redescendre un rapport permet tout de même de faire des dépassements une simple formalité. Le moteur émet alors une sonorité typique des V6 plutôt plaisante.
Lorsque la route se dégrade et que les virages se font plus serrés, la Lancia paie la facture de son poids élevé et de son gabarit imposant. Handicapée par une direction électrique manquant – encore et toujours – de ressenti, la berline accepte d'enchainer les courbes mais le fait sans plaisir ni grande conviction. Les Allemandes, BMW Série 5 et Audi A6 en tête, conservent clairement l'avantage d'un point de vue dynamique.
On apprécie tout de même un amortissement plutôt bien réglé. Ferme, sans être cassant, il « tient » bien la Lancia tout en absorbant une grande partie des cahots de la route. Des qualités que la monte d'origine en 18 pouces doit encore plus mettre en valeur.
À retenir
—
20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation