Essai LANCIA Thesis 3.0 16V
Jean-François Destin le 17/09/2002
Pour renouer avec le succès, Fiat présente la Thesis comme l'interprétation automobile de l'art de vivre italien si envié dans le monde entier.
Présentation
En dépit du recul spectaculaire de ses ventes en Europe et d'une image très détériorée, le groupe Fiat s'attaque comme prévu à la reconquête du marché haut de gamme avec la nouvelle Lancia Thesis. En vente depuis septembre 2002, la remplaçante de la terne Kappa souhaite ressusciter la marque (quasiment moribonde) en faisant référence au passé glorieux de la marque. Entre 1950 et 1970, les Appia, Aurelia, Fulvia et surtout Flaminia furent parmi les voitures de luxe les plus convoitées. Pour renouer avec le succès, Fiat présente aujourd'hui la Lancia Thesis comme l'interprétation automobile de l'art de vivre italien si envié dans le monde entier.
Ainsi Renzo Piano, le célèbre architecte, le couturier Giorgio Armani et Lucas di Montezemolo, le patron de Ferrari ont été choisis pour animer une campagne de lancement publicitaire mettant en relief les valeurs du design, du raffinement et de l'innovation technologique rassemblées sur la Lancia Thesis.
Avec ses 4.89m et ses quatre moteurs au choix (2l de 170 ch, 2l turbo de 185 ch, 3l V6 de 215 ch et diesel 2.4l JTD de 150 ch), la nouvelle Lancia Thesis vient chasser sur un terrain élitiste ou règnent les Audi A6, Mercedes Classe E, BMW Serie 5 mais aussi les Jaguar Type S. Un challenge difficile pour un constructeur à l'image floue et qui ne peut capitaliser sur les carrières mitigées de Thema et Kappa.
Cette quête de respectabilité et le souci de Fiat de proposer sur le marché un produit personnalisé mais riche et achevé explique une commercialisation différée de près de 6 mois et la mise en place d'une garantie pièces et main d'œuvre de 3 ans ou 100.000 km.
Comme pour Alfa Romeo, Fiat entend rebâtir entièrement une gamme Lancia.
Les prix de la Lancia Thesis varient de 36.900€ à 46.900€.
Design
Voulant proposer une alternative au classicisme des berlines allemandes, Lancia a repris sur Thesis quelques uns des traits du visage du concept-car Dialogos bien accueilli par le public français. Une face avant également très inspirée de celle de l'Aurelia qui remplaça l'Aprilia en 1950. On retrouve en effet la grosse calandre typique Lancia en position presque verticale et des optiques (Lancia parle de projecteurs rhomboïdaux !) implantés dans des ailes sculptées et marquées comme sur l'Aurelia d'autrefois.
Jouant la carte de la simplicité, Lancia a volontairement oublié les traditionnels pare-chocs en relief, préférant laisser descendre le capot jusqu'à la jupe sans aucune rupture. Un choix un peu choquant à l'œil et qui devrait rendre les extrémités de la voiture très vulnérables aux petits chocs en ville.
L'arrière nous a davantage séduit avec ses feux bananes à diodes électroluminescentes qui ont l'avantage de s'allumer 5 fois plus vite que les lampes traditionnelles (à 120 km/h, celui qui suit perçoit très tôt les deux beaux fils rouges et jaunes des diodes et peut gagner 5 mètres sur la distance de freinage !). Le premier coupé Maserati était pourvu de feux identiques malheureusement bannis par les autorités américaines (ainsi, les dernières Maserati et notamment le cabriolet, sont revenues à des feux classiques.)
Habitacle
L'intérieur de la Thesis se devait de traduire cet art de vivre italien qui fait fureur dans la mode et le design. Un pari réussi par le soin apporté au dessin de la planche de bord et de la console centrale et la richesse des matériaux utilisés. Se marient avec bonheur les inserts de placage d'ébène, le cuir (du souple Nappa Poltrona Frau), l'Alcantara ou un tissu de laine pour la sellerie et, fait rarissime, du coûteux magnésium moulé sous pression pour la console centrale et le tunnel.
On se sent immédiatement à son aise à bord de Thesis ou le choix des couleurs (le plus souvent beige, bleu et gris) a fait l'objet d'une longue recherche visuelle. J'ai spécialement apprécié l'entourage "prune" des beaux cadrans analogiques dont les chiffres semblent flotter dans l'espace (comme sur les Aurelia et Flaminia) et les clenches intérieures de portières recouvertes de cuir fin sur les modèles haut de gamme.
Moteur
Cinq ou six cylindres : telle est l'offre Thesis . En essence, on trouve le 5 cylindres 2.4l 20 soupapes de 170 ch (217 km/h en pointe et le 0 à 100 km/h en 9,5 secondes), le 5 cylindres 2l Turbo (le meilleur du lot) de 185 ch (224 km/h et 8,9 secondes) et en haut de gamme un gourmand V6 3l de 215 chevaux (234 km/h et 9,2 secondes).
Selon Lancia, près de 65% des acheteurs devraient s'orienter vers le 5 cylindres 2.4l JTD common rail développant 150 chevaux (206 km/h et 10,1 secondes). Manque cruellement à l'appel un super diesel frisant les 200 chevaux pour concurrencer les allemandes et même le récent 3l dCi de la Renault Vel Satis. A ce sujet, Lancia ne semble pas avoir de solutions immédiates à sa disposition, la préoccupation étant avant tout d'assurer une légitimité de Thesis dans l'univers du haut de gamme.
Châssis
La Thesis bénéficie d'un comportement irréprochable. D'où la longue mise au point d'une gestion électronique des amortisseurs jugée incontournable par les techniciens. Réalisé par Mannesmann-Sachs, ce système baptisé par Lancia "Skyhook", traduisez accroché au ciel ! (et pourquoi pas "Groundhook", accroché au sol !) consiste à contrôler la compression et la détente de chaque amortisseur.
Six capteurs calculent en permanence la vitesse relative entre la voiture et le rythme de rotation des roues pour déterminer la meilleure adaptation des amortisseurs. Cet ensemble électronique permet à Thesis de disposer d'une tenue de route très sécurisante et efficace sans altérer en rien le confort. Une réelle réussite que l'on doit aussi aux choix de suspension : multibras à l'avant et à l'arrière.
Sur la route
Facile à prendre en mains, agile et très équilibrée, la Thesis n'a rien à envier aux meilleures Allemandes en matière de comportement tout en ajoutant un meilleur confort. Bien isolée de la route, elle filtre les mauvais revêtements, ne transmet aucun vibration et prend peu de roulis en entrée de virage.
Durant ces essais organisés par Fiat, nous n'avons pu essayer que le V6 3l ( agréable et puissant mais vorace en essence -Thesis pèse 1750 Kg-) et le 2l Turbo basse pression qui paraît bien placé dans la gamme essence tant au niveau du couple à bas régime qu'en reprises à mi-charge. Un moteur ardent et relativement sobre (11,1l en moyenne conventionnée).
Enfin, nous avons aimé l'étagement de la boites à 6 rapports (seule Thesis V6 3l est accouplée à une transmission automatique), la direction précise et informative et un freinage amélioré par rapports à celui des premiers modèles de pré-série.
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Equipements
La finition "Executive" possède tous les équipements habituels concernant la sécurité et le confort avec en plus les accoudoirs avant et arrière (ce dernier dissimulant une trappe à skis), le verrouillage électrique du coffre, la climatisation régulée bi-zone avec système de diffuseur de l'air dans la partie supérieure de la planche de bord, le régulateur de vitesse, le frein à main automatique, le Lancia "code" antivol, le capteur de pluie, les trois appuis-tête arrière réglables en hauteur avec commande sur la console centrale, le système Connect (Hi-fi, ordinateur de bord, commandes vocales, téléphone intégré + accès aux services), l'ESP, l'ASR, les 8 airbags et les jantes alliage 16 pouces classiques.
La finition "Emblema" y ajoute les sièges chauffants (à l'avant) en cuir et Alcantara, la fonction "easy entry" (le volant se relève et le siège se recule automatiquement pour faciliter l'installation à bord ou la sortie), le rideau pare-soleil arrière électrique, le Connect avec navigation , le circuit Hi-fi Bose sound et les jantes en alliage de 16 pouces "élégant".