Essai FORD Focus RS
Jean-François Destin le 03/03/2003
Avec plus de 2 millions d'unités vendues en quatre ans, la Focus a bénéficié des lauriers glanés par sa grande sœur, la WRC. C'est dans ce contexte qu'arrive la Ford Focus RS.
Présentation
Deuxième du Championnat du monde en 2002 avec Sainz et Mc Rae, le team Ford dirigé par Malcolm Wilson a bien entamé la saison 2003 malgré l'inexpérience de François Duval, Marko Martin et Miko Hirvonen, ses jeunes pilotes. Troisième derrière Citroën et Peugeot après le Monte Carlo et la Suède en 2003, l'équipe avait à cœur de briller au moment où Ford commercialise la Focus RS de série.
Car au delà des retombées commerciales que toute marque est en droit d'attendre de ses succès, la tentation est grande de vendre une petite série d'une variante musclée dont la puissance et les performances ne sont pas très éloignées de celles de la voiture de course. Ce qu'a fait Ford avec une Focus baptisée tout simplement RS.
Il y a quelques jours, nous avons eu le privilège d'effectuer quelques centaines de kilomètres au volant de la Ford Focus RS numérotée qui ne sera construite qu'à 4500 exemplaires, pas une de plus. En France, les amateurs devront se dépêcher car 300 unités seulement ont été affectées à la filiale, 150 en 2003 et 150 en 2004.
La Ford Focus RS est disponible uniquement en trois portes, en une seule livrée bleue, sans option et à un seul prix : 30.600€.
La petite soeur
Avant de vous livrer nos impressions de conduite, il convient de situer la RS par rapport à la WRC. Si la cylindrée du moteur 2l Duratec est identique, la puissance s'élève à 215 chevaux pour la première et 315 chevaux pour la seconde. Une cavalerie relayée par le seul train avant et une boite à 5 rapports pour la RS alors que la Focus WRC profite d'une transmission intégrale et d'une boite à 6 rapport avec commande impulsionnelle.
Extérieurement, les clients potentiels auraient sûrement apprécié de disposer de la silhouette agressive et impressionnante de la WRC avec notamment ses spectaculaires prises d'air sur le capot et le pavillon. A juste raison, Ford a voulu rester dans une sportivité contenue d'autant que la RS peut sans problème être utilisée au quotidien y compris pour aller faire son marché !
Sur la route, les connaisseurs remarqueront néanmoins les élargisseurs d'ailes (pour s'adapter aux voies plus généreuses), les moulures latérales exclusives, les méchants boucliers avant et arrière ainsi qu'un becquet de hayon spécifique. A signaler aussi les découpes en avant des passages de roues pour faciliter le refroidissement du moteur et de l'échangeur du turbo.
Habitacle
Pour l'habitacle, Ford a essayé d'imprimer une ambiance sportive sans trop dépenser d'argent. Mission réussie avec de jolis cadrans bleus en harmonie avec la sellerie cuir/Alcantara des superbes baquets Sparco. Sellerie que l'on retrouve sur les parements de portes et à l'arrière. Enfin, comme pour le pommeau de levier de vitesse, l'alu a été utilisé pour le pédalier et quelques autres éléments comme les clenches.
Sur la console centrale (exclusive parce qu'en fibre de carbone) et en arrière du levier de vitesse, on trouve le bouton de démarrage vert et un autre plot frappé du numérotage de la voiture.
Déjà présent aux côtés de Ford Rallye Sport en WRC, les équipementiers Sparco (sièges baquets), Garrett Technologies (turbo), O.Z Racing (jantes), Brembo (freins), Sachs Racing (amortisseurs), Quaife (différentiel) et AP Racing (embrayage) se sont également réunis autour du berceau de la RS de série.
Sur la route
A l'heure où les constructeurs de voitures rapides multiplient les aides à la conduite en tout genre, Ford a eu la bonne idée de livrer la RS avec un simple ABS. Ici, point d'antipatinage, point de contrôle de trajectoire style ESP, point de système de freinage d'urgence. Une simplification qui permet de retrouver les sensations brutes d'un véhicule puissant qu'il faut piloter et dominer. Seul le train avant et en particulier les demi-arbres de transmission ont été optimisés en étant associés à un différentiel Quaife automatique dérivé de la compétition. Résultat : les 215 chevaux parviennent tant bien que mal à se frayer un chemin sur les seules roues avant sans trop se bousculer et induire d'effets de couple dévastateurs.
Une transformation à moitié réussie car il vaut mieux veiller à ne pas accélérer à fond lorsque les roues sont braquées sous peine d'avoir à se battre avec le volant. Même en ligne droite, la concentration est de rigueur à chaque passage de rapport si on a le pied droit trop lourd. Les conducteurs sportifs apprécieront sans doute. Quant aux moins pressés, ils pourront profiter de l'extraordinaire souplesse du moteur qui n'exige pas d'incessantes rétrogradations. Un "plus" évident pour une voiture aussi performante.
Le rendement est évidemment très élevé avec un 0 à 100 km/h atteint en 6,7 secondes. Un régal pour doubler mais attention à ne pas se retrouver à 200 km/h sur une petite route, un excès majeur qui permettrait aux forces de l'ordre de confisquer le permis sur le champ ! Sur circuit, on constate que la RS plafonne sans effort à plus de 230 km/h mais quel bruit à bord !
Cet environnement sonore (moteur, bruits de roulement et écoulements d'air) contribue à l'ambiance compétition tout comme le confort assez spartiate. Des longs parcours exigeront une parfaite condition physique.
Equipements
La RS est livrée en série avec l'air conditionné, un volant en cuir, des vitres électriques, les rétros extérieurs chauffants à commande électrique, le verrouillage des portes avec télécommande, l'alarme périmétrique et le système audio CD 6006 avec chargeur 6 CD et commande au volant.