Essai ALFA ROMEO 4C
Vincent Desmonts le 15/07/2014
Après la très exclusive 8C, Alfa Romeo revient sur le segment des coupés sportifs avec une 4C nettement plus abordable. Mais cette belle Italienne doit faire face à une concurrence féroce ! A-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Retour en grâce
Ces dernières années, le moral des Alfistes a connu des hauts et des bas. Après une période conquérante, marquée par le succès des 156 et 147, la marque milanaise a entamé une phase de repli, avec une 159 trop ambitieuse qui a abouti à une carrière médiocre débouchant sur une retraite prématurée. Aujourd'hui, la vieillissante MiTo et la Giulietta tentent de maintenir la flamme, en attendant des jours meilleurs... et un hypothétique retour en force sur le marché américain, hélas régulièrement reporté.
Heureusement, Alfa Romeo offre parfois quelques beaux cadeaux à ses fans. Comme la 8C Competizione, en 2007, superbe, mais inaccessible au commun des mortels. Heureusement, la firme a pensé à tous ceux qui n'ont pas gagné au loto : voici maintenant la 4C, tout aussi jolie, mais nettement plus abordable : 51 500 € prix de base. Un tarif attrayant, mais qui la met en face de concurrentes redoutables, Porsche Cayman et Lotus Elise S en tête.
Vœu de légèreté
Sur le plan de la conception, l'Alfa Romeo 4C est nettement plus proche de l'Anglaise que de l'Allemande : elle mise sur le gain de poids plutôt que sur la puissance pure pour rivaliser en performances. Concrètement, cela se traduit par une baignoire en carbone sur laquelle sont greffés deux sous-châssis en aluminium. L'ensemble est habillé par une carrosserie en composite SMC, le tout permettant à la 4C de revendiquer un poids à sec de seulement 895 kilos. Sur le plan mécanique, pas de V8 Ferrari comme sur la 8C, ni même de 6 cylindres, mais une version retravaillée du 4 cylindres turbo 1 750 cm3 équipant déjà la Giulietta Quadrifolgio Verde.
Installé en position centrale, ce bloc revu (il est désormais en aluminium) reçoit une nouvelle admission et un échappement reconfiguré. Il gagne 22 kilos sur la balance, mais seulement 5 chevaux et 10 Nm de couple : la puissance maxi atteint désormais 240 ch, tandis que le couple maxi s'établit à 350 Nm dès 2 100 tr/min. Une seule transmission est disponible, la boîte à double embrayage Alfa TCT à 6 rapports et palettes au volant.
Le sens du spectacle
Tout ceci est enveloppé dans une robe qui ne peut laisser indifférent. Saluons Alfa Romeo pour avoir conservé l'essentiel du concept-car présenté à Genève en 2011 : les proportions sont toujours inhabituelles, avec une longueur contenue sous les 4 mètres, une hauteur de 1,18 mètre (1,12 mètre pour une Elise, 1,29 pour un Cayman) et surtout une largeur de 1,86 mètre. Du coup, la 4C apparaît à la fois visuellement minuscule et en même temps très « assise » au sol. Un vrai look de supercar en réduction !
Dans le détail, l'utilisation de SMC en lieu et place de l'acier ou de l'aluminium a autorisé quelques audaces dans les formes. Reste « le » détail qui fâche souvent : les optiques. Pour des raisons de poids et d'encombrement, Alfa Romeo a adopté de curieux projecteurs façon « œil de mouche » qui ne sont pas du goût de tous. Dans la réalité, et à condition de s'offrir les habillages en carbone (une option facturée la bagatelle de... 1 200 €!), l'ensemble n'a rien de choquant.
Ambiance spartiate
Dans l'habitacle aussi, la 4C s'est mise au régime sec ! Elle fait abstraction de tout habillage inutile, laissant sa coque en carbone apparente... et c'est tant mieux pour l'ambiance à bord. L'accessibilité est meilleure que dans une Elise, grâce à des pontons latéraux moins imposants, mais le volant est implanté un peu bas tandis que les sièges pourraient mieux maintenir le corps. On apprécie certains jolis détails, comme les lanières en cuir servant de poignées de portières ou le pédalier en aluminium.
Mais le volant apparaît trop gros et les rangements sont tous simplement... absents ! Le coffre, lui, est réduit à la portion congrue : une grosse boîte à gants derrière le moteur, bien au chaud au-dessus des silencieux d'échappement... Côté équipement, la 4C est jusqu'au-boutiste, en mettant la climatisation et le combiné radio-navigation en option... gratuite. En gros, à vous de voir si vous voulez vraiment jouer les puristes !
Un moteur qui « va au charbon »
Vous allez sûrement me dire que « c'était mieux avant », qu'une sportive Alfa sans V6 Arese c'est un sacrilège. Ce à quoi je répondrai que personne ne s'est plaint du 4 cylindres « bialbero » des années 60-70, et que, de toutes manières, le V6 Arese aurait été trop lourd et qu'il ne passe plus les normes antipollution depuis belle lurette. En clair, il faut tourner la page.
Et si le 4 cylindres turbo de la 4C ne fera pas oublier la mélodie du légendaire 6 cylindres Alfa, il n'y a pas de raison de se plaindre de ses services. Ce bloc riche en couple « va au charbon » avec conviction, offrant d'excellentes performances (0 à 100 km/h en 4,5 secondes) et une remarquable souplesse au quotidien, ce en dépit d'un étagement de boîte (très) long.
Côté sonorité, il grogne plus qu'il ne chante, mais l'échappement Racing optionnel (500 €) crépite à souhait lors des changements de rapport et libère un son rauque passés les 5 000 tr/min. Quant à la boîte, elle se montre raisonnablement rapide, même en usage sportif, et permet de rouler plus détendu dans les embouteillages. Elle n'a clairement pas les fulgurances d'une PDK Porsche, mais reste honnête dans l'absolu.
Quant au système Alfa DNA, qui permet de choisir entre divers modes de conduite, il ajoute aux trois réglages déjà connus (« All weather », « Normal » et « Dynamic ») un quatrième, baptisé « Race », qui désactive toutes les assistances électroniques, ESP inclus.
Efficacité du châssis, flou de la direction
Et sur le sec, autant utiliser ce dernier mode, vu la qualité du châssis, totalement orienté vers l'efficacité et la génération de grip. Le poids contenu et les épures de suspensions bien réglées autorisent des vitesses de passage en courbe très élevées, sans même sacrifier le confort, la filtration restant d'un niveau étonnamment bon. Le freinage, très peu assisté, est puissant et d'une simplicité enfantine à doser.
On sera en revanche plus circonspect concernant la direction. Alfa Romeo a choisi de faire l'impasse sur toute assistance, ce qui n'est pas forcément un mal. Mais cela ne suffit pas à obtenir un feeling convaincant au volant : les remontées d'informations du train avant sont inconsistantes, et les effets de couple deviennent préoccupants à haute vitesse, où la 4C semble nerveusement chercher son chemin au gré des inégalités du bitume.
Pas si abordable qu'il n'y paraît...
C'est là le plus gros point faible de cette Alfa Romeo pleine de caractère. Car elle procure par ailleurs son lot de sensations fortes et « sans filtre », avec son moteur performant, son châssis affûté et sa sonorité caverneuse. Dernier regret : si le tarif affiché apparaît compétitif, les options aussi nombreuses qu'indispensables finissent rapidement par grever la note.
Difficile en effet de ne pas cocher les cases correspondant à l'échappement Racing (500 €), à la coque en carbone des optiques (1 200 €), au radar de recul (indispensable vu l'absence de visibilité arrière : 500 €) ou à la sellerie cuir (1 700 €). Quant aux couleurs un peu alléchantes, comme le blanc « Madreperla » ou le rouge « Competizione », elles sont facturées la bagatelle de... 2 300 € ! Si bien que pour un modèle convenablement équipé et « looké », il faudra plutôt tabler sur un total approchant les 60 000 €.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation