Acheter une VOLVO P1800 (1961 - 1973)
Stéphane Schlesinger le 10/02/2023
Dessinée tout en finesse et solidement fabriqué, la Volvo P1800 se montre assez puissante pour un usage quasi quotidien. Parfait pour qui aime beaucoup rouler en ancienne.
Robuste élégance
Popularisée dès 1962 par la série Le Saint où elle est conduite par Roger Moore, la Volvo P1800 est apparue en 1960 puis commercialisée pour 1961. Dérivant de la berline Amazon, ce coupé a été envisagé avec un style italien dès la fin des années 1950 par Gunnar Engellau, patron de Volvo, après l'échec de la P1900. Aussi en confie-t-il le dessin à Frua, chez qui il est exécuté par un certain Pelle Peterson, de nationalité… suédoise. Même si celui-ci n'est que stagiaire, il signe un look très réussi, fin, original et élégant, qui vaut à la P1800 un succès immédiat.
De la familiale 122S, elle récupère la transmission aux roues arrière (reliées par un essieu rigide bien guidé) et le 4-cylindres 1,8 l B18 qu'elle pousse à 100 ch SAE grâce à deux carburateurs SU. Cela lui autorise des performances intéressantes.
Volvo n'ayant pas une usine suffisamment grande, les premiers modèles sont sous-traités chez Jensen en Angleterre, mais la qualité de fabrication déçoit. La production est donc rapatriée dès 1963, après que 6 000 autos ont été fabriquées. La P1800 adopte pour l'occasion le suffixe S pour “Sverige” (Suède) et de nouveaux enjoliveurs, cependant que la cavalerie grimpe à 108 ch. Le prix s'avère élevé : 27 475 F en 1964 (année où son pare-chocs avant devient droit) soit 39 500 € actuels, contre 24 650 F pour une Facel III équipée du même moteur.
Les performances étant jugées tout juste suffisantes, la P1800 S va bénéficier de hausses de puissance régulières : 115 ch SAE en 1965, puis moteur 2,0 l B20 de 118 ch SAE (105 DIN) en 1968. En 1969, la P1800 évolue nettement, bénéficiant d'une injection électronique Bosch (elle troque au passage son S final contre un E), et d'une nouvelle boîte ZF. Avec une puissance de 130 ch SAE, elle frôle les 190 km/h, tandis que de nouveaux freins arrière, à disques, réduisent ses distances d'arrêt. D'inédites jantes en magnésium rendent son comportement plus précis, et la calandre, désormais noire, modernise le museau.
Fin 1971, un très original break de chasse ES apparaît, dessiné par Jan Wilsgaard. Il remplace le coupé dès 1972, s'affublant alors de pare-chocs à absorption d'énergie et termine sa carrière en 1973. 47 855 P1800 en ont été fabriqués en tout, un succès honorable.
À surveiller
Même si sa réputation est flatteuse et sa résistance réelle, la P1800 peut fortement rouiller (plus que les PV544 et 122 qui l'ont précédée). Et là, on ne parle pas que des exemplaires “Jensen”, les moins solides. Pire, les ailes sont très sensibles à la corrosion et difficiles à remplacer car soudées au reste de la coque. Les bas de caisse, d'une conception complexe, pourrissent aussi allègrement. En clair, la restauration de la caisse coûte extrêmement cher. Heureusement, la mécanique se révèle d'une solidité à toute épreuve (moteur et transmission), même si l'injection est à inspecter de près, la suspension et les freins se montrant également robustes. Ce qui ne signifie pas inusables, naturellement : des contrôles classiques sont à effectuer avant achat, surtout que l'image de robustesse a pu inciter certains propriétaires à négliger la maintenance. Les pièces sont aisées à trouver, ce qui ne gâche rien.
La cote
En dix ans, la cote des très belles P1800 a plus que doublé. Les plus recherchées sont les rares “Jensen”, pour lesquelles il faut compter 50 000 € au minimum. Les S s'échangent contre 33 000 € en 1,8 l, voire 35 000 € en 2,0 l, alors que les E s'en tiennent à 31 000 €. Les ES s'affichent plutôt à 32 000 €. Des valeurs encore en hausse.
Note
Les cotes indiquées valent pour un très bel exemplaire. Elles sont toutefois susceptibles de varier en fonction de l'état et de l'historique de l'auto. Une remise à neuf totale et dans les règles de l'art peut ainsi justifier un doublement des valeurs données. Un kilométrage exceptionnellement faible et/ou une belle provenance entraîneront également une hausse des montants demandés.