Acheter une PORSCHE 944 Turbo (1985 - 1992)
Stéphane Schlesinger le 05/10/2020
Ernst Fuhrmann, patron de Porsche, décide de passer du tout à l'arrière au tout à l'avant. Une démarche étrange qui débouchera pourtant sur l'excellente 944 Turbo.
Valeur à suivre
Drôle d'histoire que celle de la 944, issue de la première Porsche à moteur avant, la 924. Apparue en 1975, celle-ci est le fruit d'un projet conjoint entre Volkswagen et Porsche. Commanditaire, le premier devait la vendre sous son blason, mais ses mauvaises finances et la crise de 1973 le poussent à abandonner le projet. Le constructeur de Zuffenhausen le rachète et en finalise la conception, en s'en tenant à ce qui avait été prévu initialement : usage d'un maximum d'éléments de VAG (moteur Audi, suspension avant de Coccinelle) et fabrication dans l'usine de Neckarsulm, ex-NSU, marque rachetée par VW.
À sa sortie, sa ligne très aérodynamique signée Harm Lagaay fait mouche, tout comme l'architecture transaxle (bloc à l'avant et boîte à l'arrière), garante d'une excellente répartition des masses. Mais l'agrément moteur déçoit et l'auto est perçue comme une sous-Porsche. Heureusement, le constructeur la fait évoluer, dévoilant une version Turbo fin 1978 et, en 1980, en dérive une Carrera GT. Nantie d'ailes larges, celle-ci dégage une belle agressivité et sa ligne, à peine modifiée, servira à une nouvelle auto : la 944. Face à la 924, elle se distingue par son moteur, un 4-cylindres 2,5 l de 163 ch, en gros un demi-V8 de 928. Enfin une mécanique 100 % maison ! Surtout, en février 1985, elle reçoit un turbo qui booste la puissance à quelque 220 ch, cependant que la face avant est revue, plus moderne et agressive. Cette motorisation permet d'exploiter au maximum le châssis remarquable et rend la 944 aussi rapide qu'une 911 : 245 km/h en pointe ! Fin 1985, elle bénéficie d'un nouveau tableau de bord, bien plus élégant et mieux fini, ainsi que de retouches sur les trains roulants. Mais le prix s'avère prohibitif : 307 000 F en 1986 (plus de 80 000 € actuels), soit presque autant que pour sa glorieuse aînée animée par un flat-six...
En 1988, une série limitée Turbo Cup débarque (renommée "Turbo S" en France où elle a été vendue à 97 exemplaires sur un total de 1 635 fabriquées) avec pont autobloquant et 250 ch, puissance qui deviendra par défaut celle de la Turbo un peu plus tard. La 944 Turbo est retirée du catalogue français en 1990 mais sera proposée en cabriolet sur d'autres marchés jusqu'en 1991. En tout, la elle a été produite à près de 23 000 unités, ce qui en fait une auto pas si courante, surtout en parfait état. Car si elle est fiable (nombre d'exemplaires passent les 250 000 km), elle peut rouiller et ses pièces détachées sont onéreuses.
Ainsi, lentement mais sûrement, au contraire de celle de la 911, la cote de la 944 Turbo progresse. Il faut dire qu'elle profite d'un agréable charme youngtimer, de performances explosives et d'un excellent comportement routier, plus sûr que celui de la 911. Une 220 ch en bon état réclame 17 000 €, alors qu'il faut compter 20 000 € pour une 250 ch au minimum. Ces valeurs sont très largement dépassées si l'auto totalise moins de 100 000 km. Sa cote est en hausse.
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 05/10/2020, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.