Acheter une PORSCHE 914 (1969 - 1975)
Stéphane Schlesinger le 28/04/2022
La Porsche 914 devenue très rare sous nos contrées, est longtemps restée dans l'ombre. Depuis, elle est remontée en valeur car on a redécouvert son caractère particulier et ses qualités dynamiques.
C'est un coup magistral que Porsche a réussi avec sa 356. Dérivant initialement de la Volkswagen Coccinelle, cette petite voiture de sport a trouvé son public et assis la réputation de son constructeur en termes de qualité et d'efficacité dynamique. Elle est remplacée en 1964 par la 911 qui opère une montée en gamme… et en prix ! Du coup, pour ne pas perdre une partie de la clientèle de la 356, Porsche installe le moteur de celle-ci dans la 911 afin d'en réduire le tarif. Cela engendre la 912 en 1965. Elle se vend bien, au point qu'une partie de la fabrication doit être sous-traitée chez Karmann, ce qui nuit à la rentabilité. Que faire ? En 1966, il est décidé de lancer une auto moins chère, qui serait entièrement construite chez Karmann. Cela permettra à ce dernier d'augmenter sa production et à Porsche de dédier complètement ses chaînes à la 911 tout en abandonnant la production du bloc de la 356, au bénéfice de la rationalité. Pour ce faire, Porsche s'adresse à son partenaire de toujours, Volkswagen, dont il assure par contrat une partie du développement technique (et qui lui verse des royalties pour chaque Coccinelle vendue). Ça tombe bien, Wolfsburg a besoin de remplacer son haut de gamme Type 34, qui ne trouve pas son public. Deux versions de la future voiture sont prévues, une à 4-cylindres VW, et l'autre à 6-cylindres Porsche. Le projet est mené par un certain Ferdinand Piëch. Seulement, les relations entre les deux firmes ne vont pas sans accrocs : Heinrich Nordhoff, patron de VW, décède en 1968 et son remplaçant, Kurt Lotz, décide de revoir le contrat passé avec Porsche, obligeant ce dernier à financer l'outillage.
Néanmoins, la voiture sort en 1969 badgée VW-Porsche et ne manque pas d'intérêt. À l'instar de la Matra 530, elle s'équipe d'un hardtop et d'un moteur central. Celui-ci est soit un 1,7 l à injection électronique de 80 ch (le bloc de la VW 411 E), soit un 2,0 l de 110 ch à carburateur (celui de la 911 T), en version 914/6. La voiture roule à 177 km/h avec le premier, 200 km/h avec le second, et jouit d'une tenue de route exceptionnelle. On apprécie aussi sa praticité, car elle dispose de deux coffres et offre une place à bord très suffisante pour deux. Mais voilà, le flat-four est peu performant et le style controversé (certains avanceront qu'il est le fait d'un consultant en électroménager alors qu'on le doit à Heinrich Klie, créateur de la fameuse jante Fuchs). Pire, l'auto coûte cher : 25 000 F (28 000 € actuels selon l'Insee) en 80 ch et surtout 38 000 F (43 200 € actuels) en 110 ch. À titre de comparaison, les Alfa Romeo 1300 GT Junior (20 260 F), Matra 530 (22 093 F) et Opel GT (19 751 F) sont bien moins onéreuses !
Néanmoins, la VW-Porsche est sauvée par le marché US où elle n'est commercialisée qu'en tant que Porsche. Elle se vend en des quantités inédites pour une auto à moteur central, très majoritairement avec le 1,7 l. La 914/6, du fait de la faible demande, est retirée en 1973, remplacée par la 914 2,0 l tout aussi rapide et dont le flat-four de 100 ch dérive de celui de la version de base. Celle-ci grimpe à 1,8 l et 86 ch en 1974, puis la production s'arrête en 1975. La 914 est remplacée par la 924, conçue elle aussi avec VW.
En tout, 118 979 autos ont été vendues, dont 2 016 en France, 1 779 en 4-cylindres et 237 en 6-cylindres. C'est donc une auto très rare sous nos contrées et qui est longtemps restée dans l'ombre. Depuis, elle est remontée en valeur car on a redécouvert son caractère particulier et ses qualités dynamiques. Comptez 20 000 € pour une 1,7 l, 30 000 € pour une 2,0 l et… 85 000 € pour une 914/6. Des valeurs qui ne devraient plus tellement progresser, mais qui font de la voiture un bon placement.
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 28/04/2022, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.