Acheter une MORGAN Plus Four 2.0 TwinPower Turbo
Stéphane Schlesinger le 18/10/2021
Si sa carrosserie rappelle très nettement celle de la Morgan Plus 4 de 1955, elle-même évolution de la 4/4 de 1936, la Plus Four se pare d'un châssis et d'une mécanique de pointe. Un cocktail détonnant.
Jeunesse éternelle
Quel est le point commun entre les congés payés et l'ancêtre de cette Morgan ? Ils sont apparus la même année, en 1936. Ça ne nous rajeunit pas ! Et en 84 ans, le dessin de ce drôle d'engin n'a guère évolué. Initialement, Morgan fabriquait des autos à trois roues, dotées de bicylindres en V. Mais en 1936, il présente la 4/4, pour 4 roues/4 cylindres, sa première “vraie” voiture. En 1937, une version dotée de places arrière est présentée, puis une Drophead Coupé qui, comme son nom ne l'indique pas, est un cabriolet doté de vitres latérales permanentes. Mais c'est la déclinaison initiale, la biplace sans glaces de portière, qui remporte le plus de succès. Elle est restylée en 1954, recevant alors la calandre bombée qu'elle n'a plus quittée, puis durera jusqu'en… 2018 sans changer fondamentalement.
Une telle persistance est un cas unique dans l'automobile, d'autant que les méthodes de fabrication sont restées artisanales. La clientèle a goûté la formule de cette voiture légère, mécaniquement facile, exclusive, et surtout distillant des sensations devenant toujours plus incomparables à mesure que la concurrence évoluait ! L'auto s'arrangera pour ne conserver que des moteurs modernes (Coventry Climax, Fiat, et surtout Ford, du Kent au récent Duratec), mais la construction à châssis séparé sur lequel on fixe une armature en bois soutenant la carrosserie perdurera. Il en va de même pour sa version sportive Plus 4, apparue en 1950, qui pour sa part bénéficiera de blocs souvent plus puissants, badgés Standard, puis Triumph, Fiat, Rover et Ford.
Malgré une carrière ponctuée d'interruptions, la Plus 4 survit à la 4/4, et ne disparaît qu'en 2020, remplacée par la… Plus Four. Celle-ci change tout, sauf l'apparence. Les normes ont évolué, tant en matière d'écologie que de crash-test, contraignant Morgan à une modernisation drastique. D'une technologie de pointe, la nouvelle Plus Four recourt à une structure en aluminium collé inédite dénommée CX, comportant quelques éléments en bois, non structurels, servant simplement à rappeler la tradition. Ce que fait aussi la carrosserie, ressemblant furieusement à celle de la Plus 4.
Mécaniquement, tout est neuf, du moins chez ce constructeur : le moteur n'est autre que le 4-cylindres 2,0 l suralimenté BMW déjà utilisé par la 330i ou le roadster Z4, développant ici 258 ch. Il s'associe soit à une boîte manuelle à 6 rapports (le couple est alors bridé à 350 Nm), ou à une transmission automatique à 8 vitesses. Là, on bénéficie de 400 Nm de couple ! La suspension, entièrement revue également, comporte un train arrière multibras (fini le bon vieil essieu rigide), la direction est assistée, mais attention : le constructeur a eu une dérogation pour ne pas installer d'ESP, ni même d'antipatinage. Comme le roadster ne pèse qu'une tonne, ses performances valent celles de bien des sportives modernes, le 0 à 100 km/h étant expédié en 4,8 s avec l'automatique. Une mamie au cœur jeune !
Au volant
Surprise, la Morgan intègre nombre d'éléments modernes, comme les phares à LED à l'extérieur ou l'écran digital derrière le volant (réglable en hauteur). Voire les commodos PSA… Au centre, les grands compteurs analogiques cerclés de chrome rappellent les anciens modèles, et permettent d'oublier le levier de boîte auto (oui…) qu'on retrouve chez BMW. On est plutôt bien installé, au ras du sol, et devant soi on voit le même capot qu'en 1955. Sautillante à basse vitesse, la suspension améliore son absorption à mesure que l'allure augmente : un bon point car la Morgan accélère très, très fort ! Le châssis, bien équilibré, suit la cadence, sur le sec du moins, mais la direction manque de ressenti. Heureusement, ça freine puissamment. Surtout, on fait le plein de sensations, entre les accélérations féroces, les courants d'air et le ronron du moteur. Une pseudo-ancienne qui fait parler la poudre !
Avenir
En matière de fiabilité, la mécanique étant éprouvée, elle ne devrait pas causer de souci. Si on suit l'exemple des anciennes Morgan, la nouvelle Plus Four devrait très bien conserver sa valeur, même si son prix de vente fait peur. Elle demeure fabriquée à la main, ce qui limite les cadences, donc on peut supposer que la rareté ainsi induite continuera à tendre son marché. Les quelques exemplaires actuellement disponibles en seconde main le confirment.
3 Points clés
Technologie moderne, look vintage, cote stable
Evolution
- 1936 : Lancement de la Morgan 4/4.
- 1950 : Version sportive Plus 4, châssis élargi, moteur plus puissant.
- 1955 : Restylage apportant une calandre bombée, des projecteurs carénés et des ailes plus enveloppantes.
- 1969 : Arrêt de la fabrication de la Plus 4.
- 1985 : Retour de la Plus 4, qui connaît une nouvelle interruption entre 2000 et 2005.
- 2018 : Disparition de la 4/4.
- 2020 : La Plus 4 est remplacée par la Plus Four.
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 18/10/2021, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.