Acheter une MAZDA MX-5 (NB)
Thomas Riaud le 04/09/2008
Belle, amusante à conduire, vraiment fiable et abordable au plus grand nombre, la Mazda MX-5 cumule toutes les qualités, chose plutôt rare sur une auto de niche dédiée d'abord au plaisir de conduite.
Historique
N'ayons pas peur des mots : la Mazda MX-5 est une auto historique ! Du moins aux yeux des amoureux de belles voitures. Car souvenez-vous du début des années 90, bien moroses sur le plan du style… Et puis est arrivée sans prévenir en 1990 la petite MX-5 (ou Miata selon les continents), adorable petit roadster évoquant les anciennes MG et Triumph. Ce fut effectivement un vrai triomphe pour Mazda, au point de voir la création à travers le monde de nombreux clubs ! Mais la MX-5 eu surtout l'immense mérite de raviver une flamme que l'on croyait éteinte chez la quasi-totalité de la concurrence. Ainsi, s'en est suivi rapidement les lancements des MG-F, Fiat Barchetta et autres BMW Z3 ou Mercedes SLK. La « voiture plaisir » refaisait enfin durablement son « come-back » !
Chez Mazda, la MX-5 en est depuis fin 2005 à sa troisième génération, agrémentée sur demande d'un toit en dur rétractable (depuis octobre 2006). Notre dossier s'intéresse ici exclusivement à la seconde, située entre la première mouture à l'aspect « vintage » (phares escamotables), et l'actuelle, encore un peu chère en occasion. Apparue en février 1998, la MX-5 « 2 » reste fidèle au concept et à la ligne de la première version. C'est un roadster strict deux places de 3m97 de long à capote manuelle, doté d'un moteur en position avant longitudinale et de roues arrière motrices. Un vrai jouet pour adultes quoi ! Le style évolue peu (et c'est tant mieux !), la caractéristique principale étant l'abandon des phares escamotables au profit d'optiques apparentes, en forme d'amande. Sous le capot, l'offre se limite à 2 moteurs, tous réputés très fiables : un 1.6 de 110 ch, déjà pétillant et agréable à mener, et un plus coupleux et volontaire 1.8 développant 140 ch (et même 145 ch dès décembre 2000). Les niveaux de puissance peuvent sembler modestes, mais sachez que l'auto accuse moins de 1100 kg avec les pleins ! De quoi vraiment avoir son lot de sensations fortes, surtout que l'antipatinage et l'ESP sont indisponibles, même en option (attention aux dérobades sur sol mouillé dans les virages !), et que la position de conduite est située au raz du sol. Bien calé dans des sièges enveloppants, le conducteur a ainsi la sensation de faire corps avec la voiture.
L'ambiance à bord n'est pas vraiment « folichonne », mais la dotation de série va à l'essentiel et le rembourrage de la planche de bord fait « riche ». Cette dernière, bien pensée, est par ailleurs très ergonomique à l'usage. Dommage en revanche que les autres plastiques utilisés, assez quelconques, ne soient pas d'une meilleure qualité. L'assemblage a beau être satisfaisant, cela engendre tout de même sur mauvais revêtement quelques bruits parasites. Mais une fois décapotée (manuellement), et « lâchée » sur une petite départementale sinueuse, la voiture fait oublier rapidement tous ces griefs. A la fois joueuse, efficace et prévenante, la Mazda MX-5 est un bonheur à mener
A son volant, on vit souvent la route en « direct-live », ce qui enchantera les amateurs de conduite dynamique. Mais ce tempérament bien affirmé fatiguera les moins sportifs d'entre nous. La filtration des suspensions est assez sommaire (voire raide !), et le niveau sonore dans l'habitacle, même capoté, demeure trop élevé à vive allure. Quant au coffre, doté d'une contenance symbolique (144 litres), il ne vous permettra guère de partir à deux pour plus d'un week-end. Qu'importe, car ce sympathique roadster, par ailleurs très fiable et relativement économique à l'usage et à l'achat, n'a pas cette vocation. Rouler en Mazda MX-5 d'hier ou d'aujourd'hui, c'est d'abord un art de vivre, et trouver qu'à son volant, la route est belle !
Identification
La Mazda MX-5 de deuxième génération se distingue essentiellement de la première par l'adoption de phares apparents (et non plus escamotables). Au cours de sa carrière, un léger restylage a été effectué en janvier 2001. Minime, il concerne surtout la partie basse du bouclier avant qui a droit à une prise d'air redessinée et à l'intégration d'emplacements ronds pour les antibrouillards. Aussi, ce roadster a été décliné en quelques séries spéciales particulièrement bien équipées (Black, Green Passion…), dont la volcanique « Etna », lancée en 2004 en une robe rouge cendre exclusive, dotée à l'intérieur de sièges en cuir bicolores empruntés à la RX-8. Sinon, les versions « normales » n'offrent pas le même niveau d'équipement selon le moteur sélectionné.
En début de carrière, l'entrée de gamme, disponible seulement avec le 1.6, propose 2 airbags, la direction assistée, les vitres électriques et un autoradio. La finition intermédiaire baptisée « FL » gagne l'ABS, les rétroviseurs électriques et la condamnation centralisée à distance. Enfin, le haut de gamme « FLSP », livré seulement avec le 1.8, ajoute la sellerie cuir et les jantes en alliage. A partir de 2004, suite à une simplification de la gamme, seule une finition est disponible : l'Elegance. La dotation progresse sensiblement (jantes alu et rétroviseurs électriques de série), mais elle varie en fonction du moteur choisi. Enfin, sur tous les modèles, la plaque d'identification de l'auto est placée dans le compartiment moteur (vers le tablier, sur la gauche en étant face à l'auto).
Structure, châssis et carrosserie
La Mazda MX-5 adopte une coque autoporteuse en acier, certes plus lourde que l'aluminium, mais réparable facilement chez n'importe quel bon carrossier. Tant mieux, car en étant privée de protection latérale, elle reste très vulnérable aux coups de portières. Pire est encore le « nez », tout en matériaux composites, très exposé aux gravillons, tout comme les bas de caisse (une protection en plastique transparent est apposée dessus, jusque sur le bas des portières). Le bouclier arrière, privé de bourrelets en caoutchouc, est également souvent victime de coups de pare-chocs. Donc, avant d'acheter, scrutez bien l'auto à la lumière du jour sous toutes les coutures !
Vous serez séduit par la brillance des peintures, qui ne s'altère pas au fil des années. Les seules éventuelles faiblesses concernent les optiques, parfois sensibles à la condensation interne, mais aussi la fragilité des pattes de fixation des antibrouillards avant. En juin 2003, un rappel a été effectué à ce sujet (pose d'une agrafe de maintien).
Sinon, avec une répartition des masses idéale de 50/50, cette propulsion à moteur avant bénéficie d'un équilibre parfait. Le châssis, très rigide et bien protégé contre la corrosion, tolère parfaitement le niveau de puissance des moteurs. Si un hard-top était disponible en option (facturé 11 500 Francs à l'époque), sachez que toutes les MX-5 ont le droit à une traditionnelle capote souple manuelle (et à un saute-vent). L'étanchéité est bonne et la lunette arrière, dégivrante (et donc en verre), ne jaunit pas au fil du temps.
Moteur
Soyons francs : les moteurs de la Mazda MX-5 n'ont absolument rien d'extraordinaire (sonorité quelconque, performances moyennes, caractère linéaire…). Mais sur cette auto l'ensemble moteur/boîte est très cohérent, et son faible poids (sans parler de sa physionomie, au raz du bitume), fait qu'elle s'avère vivante à conduire, même avec le modeste 1.6. Pour un supplément de puissance, mais surtout pour plus de souplesse à bas-régime, le 1.8 est à recommander.
Ces 2 blocs brillent pour leur excellente fiabilité, à condition de penser à changer la courroie de distribution (tous les 5 ans ou 100 000 km). Toutes les pièces d'usure font preuves d'une grande résistance, au-dessus de la moyenne. Si l'ensemble mécanique est vraiment sans histoire, un vieillissement prématuré des fils de bougies est souvent constaté au bout de 4 ou 5 ans sur certains modèles produits jusqu'en 2001. Finalement peu de chose sur cette auto passion, de surcroît assez économique en carburant (8,7 l/100 km pour 1.6 et 9,9 l/100 km pour 1.8).
Suspensions et trains roulants
La Mazda MX-5 a le mérite d'être relativement légère (1035 kg en 1.6, 1065 kg avec le 1.8), ce qui lui permet d'économiser tous les périssables (pneus et freins), pour peu d'adopter une conduite raisonnable. Côté suspensions, la MX-5 donne un peu dans le genre « noyau de pêche », avec des réactions plutôt raides à basse et moyenne vitesse, dès que le revêtement est dégradé (plus vite, elle « vole » au-dessus du raccord). Très bien équilibrée (répartition des masses de 50/50), la Mazda MX-5 bénéficie de surcroît de trains roulants de qualité, lui assurant une bonne tenue de route dans les virages, du moins tant que le sol est sec.
Freinage, direction et pneus
La Mazda MX-5 a le droit, sur toutes les versions, à 4 disques (ventilés à l'avant), lui assurant mordant et endurance, y compris en conduite dynamique. La longévité de ces éléments est bonne, avec une endurance de plus de 80 000 km pour les disques (deux fois moins pour les plaquettes). Bien servie par une direction (assistée) aussi précise que directe, la MX-5 se conduit un peu à la manière d'un karting, chose plaisante à vive allure. En ville, cela se traduit par une excellente agilité, lui autorisant bien des audaces, pour se faufiler… ou faire une manœuvre. Enfin, la MX-5 se chausse de pneus de 195/50 R 15, taille plutôt raisonnable pour une auto à tendance sportive, ce qui se traduit par un coût raisonnable au moment de les changer (comptez en moyenne, selon la marque, près de 400 € pour un train). A noter : les pneus arrière ont tendance à s'user plus vite que ceux situés à l'avant (propulsion oblige !).
Habitacle et finitions
Plutôt dépouillée lors de sa sortie en février 1998, la Mazda MX-5 s'est bonifiée au fil des années. A son lancement, seule la 1.8 pouvait prétendre à un équipement valorisant avec le cuir ou les jantes en alliage de série (pour la 1.6, il fallait recourir obligatoirement aux options). Le léger restylage opéré en janvier 2001 a été accompagné par une sensible augmentation de la dotation de série, plus marquée à partir de 2004, suite à une refonte de la gamme. Ainsi, la finition de base Elégance, commune aux deux versions, offrait d'office les jantes en alu et les rétroviseurs électriques. Face à l'offensive de nouvelles prétendantes mieux armées (Peugeot 206 CC, Ford StreetKa, Mini cabriolet…), la vieillissante MX-5 a du coup multiplié les séries limitées (Black, Green Passion, Etna…), toutes bénéficiant d'un aspect cossu et d'un niveau d'équipement très complet (à rechercher donc en priorité en occasion !).
Sinon, en dépit d'un recours massif à des plastiques à la qualité quelconque sur les parties basses de l'habitacle (tunnel de transmission, bas de la planche de bord, console centrale, contre-porte…), force est de constater que l'ensemble vieillit correctement. Seuls les assemblages, pas assez rigoureux, engendrent des bruits de mobilier sur mauvais revêtement. Enfin, l'insonorisation de la capote en toile est assez moyenne (bruits aérodynamiques et de roulement assez présent dans l'habitacle). Cette dernière, de bonne facture, vieillit bien, mais son remplacement coûte assez cher (2223 € de pièce !).
Sur la route
Inutile de se contorsionner pour prendre place derrière le volant de ce roadster. Certes, l'assise des sièges est placée assez bas, mais les portes s'ouvrent largement pour faciliter l'accès à bord. Bien sûr, c'est d'abord décapoté que s'apprécie la conduite de la MX-5. Rouler cheveux au vent reste un vrai plaisir, surtout que le pare-brise, assez grand, protège bien les occupants des remous d'air. Vous apprécierez la position de conduite, bien pensée, avec un petit volant agréable à prendre en main et un levier de vitesses idéalement placé pour « dégainer » rapidement une vitesse (boîte manuelle à 5 rapports de série sur tous les modèles).
Les accélérations n'ont rien de décoiffantes (0 à 100 km/h en 9,7 avec le 1.6 et en 8,5 avec le 1.8), mais les blocs font preuves d'une bonne volonté jusqu'à l'approche de la zone rouge (6500 tr/mn), et ce, sans trop pénaliser la consommation moyenne (respectivement de 7,8 l/100 km et de 8,7 l/100 km en conduite apaisée). Très directe et vive, la Mazda MX-5 reste ludique à conduire, mais toujours sûre lors des phases d'appui. En revanche, sur sol « gras-mouillé », cette propulsion privée d'antipatinage reste adepte du survirage lors des appuis prononcés (l'arrière veut passer devant). Méfiance donc ! Mis à part cette réserve, la Mazda MX-5 reste très facile à prendre en main, y compris par un conducteur novice. Le plaisir automobile à la portée de toute et tous en somme !
Budget d'entretien et cote
Déjà affichée en son temps à des tarifs compétitifs, la Mazda MX-5 est du coup franchement abordable sur le marché de la seconde main. Une aubaine pour qui cherche à rouler différemment sans se ruiner ! Aujourd'hui, un superbe exemplaire 1.6 « full option » de 2005 (dernier millésime), affichant à peine 30 000 km sera à vous pour 15 000 €. La récente flambée des carburants ne jouant pas en la faveur des grosses cylindrées, la version 1.8, un peu plus souple et performante à l'usage (mais aussi un peu plus gourmande !), subit du coup une décote plus prononcée. Ainsi, une version équivalente se négociera à peine 1000 € de plus (ce qui mérite réflexion). Une version équipée du hard-top (assez rare), permettant d'améliorer l'isolation thermique et phonique, mérite bien un « bonus » de l'ordre de 1000 €. Enfin, les pièces d'usure courante restent très bon marché. Ainsi, un silencieux vous sera facturé 400 € (à vérifier à partir de 100 000 km), tandis que des « périssables » comme les plaquettes avant ou les pneus coûtent respectivement 112 et 230 € (changement selon conduite adoptée). Plutôt raisonnable pour une vraie voiture plaisir !
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 04/09/2008, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.