Acheter une LANCIA Beta Monte Carlo (1975 - 1981)
Stéphane Schlesinger le 30/09/2020
Drôle d'histoire que celle de la Beta Montecarlo. À la fin des années 1960, Fiat doit songer au remplacement de deux de ses sportives, la 850 Coupé/Spider et la 124 Sport.
Valeur à suivre
Pour la première, codée X1/9, le géant italien se tourne vers Bertone, et vers Pininfarina pour la seconde, initialement codée X1/8. Cette auto sera la première dont le maître italien supervisera la conception, avant d'en assurer la fabrication. Au début des études, on songe à la doter du V6 de la grande berline 130, en position centrale, un prototype en est même équipé dès 1970. Mais on revoit ses ambitions à la baisse en 1972, quand le projet est renommé X1/20. Cette fois, on retient le 4-cylindres à double arbre Lampredi, alors que la plateforme et les suspensions resteront proches de celles de la X1/9, qui apparaît cette année-là. Pourtant, en 1974, une X1/20 dotée d'un V6 est bien présentée... Il s'agit toutefois d'une auto de course, l'Abarth 030 Pininfarina, qui finira 2e au Giro d'Italia, derrière une Lancia Stratos. Quoique gréée de nombreux appendices aérodynamiques, indispensables en course, elle affiche déjà les traits du modèle final. Celui-ci est lancé l'année suivante, au salon de Genève.
Surprise, alors qu'il devait chapeauter la X1/9 dans la gamme Fiat, il arbore des blasons Lancia ! La marque de Chivasso, en pleine renaissance, avait besoin d'un modèle emblématique pour faire parler d'elle : elle a donc réclamé la X1/20 à Fiat. Ce dernier a accepté car cela n'impliquait aucun frais ou presque. Par ailleurs, la voiture ne devait de toute façon pas réaliser d'énormes volumes de vente. On la baptise Beta Montecarlo, en référence d'une part au modèle phare de Lancia, et d'autre part au rallye monégasque que ce constructeur a remporté plusieurs fois. On pourrait croire que la Montecarlo se destinerait à une carrière en rallye. Pas dans l'immédiat. En effet, à l'époque, Fiat se sert du WRC pour promouvoir sa berline 131 : pas question d'une concurrente interne !
Brillamment dessinée par Paolo Martin, la Montecarlo restera un coupé rapide mais pas plus. Elle se signale tout de même par des boucliers noirs, très modernes à l'époque, et un cockpit lui aussi stylé, à défaut d'être vraiment raffiné. Sous le capot arrière trône un 2,0 l de 120 ch. À 56 600 F (40 500 € actuels), l'auto est chère, presque autant qu'une Porsche 924. Elle offre un comportement routier plus efficace, mais aussi plus délicat à la limite, rançon de son architecture, et des performances très similaires. Elle reste aussi moins pratique car elle ne compte que deux places. Pas très bien fabriquée, la Lancia se vend mal et sa production s'arrête en 1978. Coup de théâtre, elle reprend en 1980, la Montecarlo bénéficiant alors d'améliorations touchant à son esthétique. Ses arcs-boutants arrière reçoivent des ouvertures vitrées, sa calandre une décoration harmonisée avec celle de la compacte Delta, tandis que ses jantes passent de 13 à 14 pouces pour accueillir des freins plus grands. Si l'habitacle est lui aussi retouché, le moteur n'évolue malheureusement pas, bénéficiant simplement d'un allumage électronique. Cela ne suffit pas à relancer la carrière de cet intéressant coupé, dont la fabrication stoppe à nouveau dès 1981, après moins de 5 800 unités produites. Avant de disparaître, il aura tout de même engendré une bête de course, remportant le championnat Groupe 5 de 1979 à 1981. De cette Montecarlo Turbo dérivera également cette année-là la Rally 037, championne du monde du WRC 1983 ! Tout ceci est diablement logique...
Aujourd'hui, la Lancia connaît un regain d'intérêt justifié, car elle demeure performante, efficace, confortable et mécaniquement fiable. Hypersensible à la rouille, elle est devenue très rare en bon état, de sorte que sa cote commence à grimper. De 12 000 € en 2008, elle flirte désormais avec les 20 000 €.
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 30/09/2020, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.