Acheter une JAGUAR TYPE E V12
Stéphane Schlesinger le 26/03/2021
Certes moins belle que la Type E originelle, la V12 propose des avancées très intéressantes, dont le superbe V12 n'est pas la moindre.
Brillante fin de race
Cette année, une icône de l'automobile fête ses 60 ans : la Jaguar Type E. Lors de son lancement au salon de Genève 1961, elle fait sensation. Déjà par sa ligne spectaculaire, fuselée et aérodynamique due à Malcom Sayer, qui s'est servi de l'expérience acquise en compétition. Ensuite par sa suspension arrière ultramoderne qui, dans ses grandes lignes, durera plus de 40 ans au travers de plusieurs modèles. Enfin par son excellent moteur XK 3,8 l de 265 ch qui lui confère de superbes performances. Coup de massue final sur la concurrence : la Jaguar est beaucoup moins chère que ses rivales les plus chics. Belle, efficace et rapide, elle se taille rapidement la part du lion dans les ventes, d'autant qu'elle est d'emblée proposée en coupé et en cabriolet. Modifiant son plancher pour améliorer la position de conduite en 1962, elle passe à 4,2 l en 1964, année où elle troque sa rétive boîte Moss contre une unité Jaguar entièrement synchronisée et nettement plus maniable.
En 1967, pour satisfaire aux normes US, elle perd le carénage de ses projecteurs, change les commandes sur la planche de bord et se décline en une 2+2 maladroitement dessinée, disponible en boîte auto. C'est la “11/2” remplacée dès 1968 par la série II. Toujours à cause des États-Unis, celle-ci rehausse ses pare-chocs et modifie son éclairage. Dans le cockpit, le tableau est retravaillé alors que, techniquement, les freins et le refroidissement sont améliorés. Plus la Type E se bonifie, plus elle enlaidit ! Jaguar tente de corriger le tir avec la série III, en 1971. Ne retenant que l'empattement long de la 2+2, elle élargit ses voies, ce qui l'équilibre visuellement, et surtout abandonne rapidement le bloc XK, étouffé par le système de dépollution, au profit d'un tout nouveau V12 5,3 l, initialement conçu pour la compétition. Il développe 278 ch (pour couple plantureux de 412 Nm), ce qui rend la Type E plus rapide que jamais : 240 km/h, et 1 000 m DA effectué en moins de 27 s. Elle est facile aussi, avec ses disques ventilés, sa direction assistée, voire sa boîte auto optionnelle. La Jaguar quitte la scène en 1975, produite à 72 000 unités, dont 15 000 en V12 réparties à parts presque égales entre coupés et cabriolets.
Précautions d'achat
D'une fabrication très complexe, la structure de la Type E est ruineuse à restaurer, tout comme sa carrosserie : à inspecter soigneusement ! La suspension et les freins arrière sont eux aussi délicats à refaire, alors que les moteurs souffrent souvent d'un système de refroidissement insuffisant. En eux-mêmes toutefois ils sont solides, surtout le V12, tout comme les transmissions, tandis que les pièces se trouvent aisément.
La cote
Depuis dix ans, la cote de la Type E a flambé, surtout celle des série I, spécialement les toutes premières dites “planchers plats”. Elle a souvent dépassé les 200 000 €, mais semble se tasser depuis environ deux ans. La V12, moins prisée des puristes, voit au contraire sa valeur continuer à croître, à condition qu'elle soit totalement d'origine, en roadster, en conduite à gauche et en boîte manuelle. En parfait état, comptez 90 000 € minimum.
© photo Ryan Merrill, RM Sotheby's
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 26/03/2021, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.