Acheter une HONDA S800 (1966 - 1970)
Stéphane Schlesinger le 29/11/2021
Apprécié pour ses motos, Honda en a utilisé la technologie pour se lancer dans l'auto, la première qu'il a proposée en France étant la S800. Brillante et charmante, elle a été très bien accueillie.
Concentré de sport
Fabricant de motos depuis 1947, Honda vient au véhicule à quatre roues en 1963 par un minuscule utilitaire, le T360, puis, quelques mois plus tard, par une sportive. Celle-ci se signale d'abord par son gabarit lilliputien : ce roadster appartient en effet à la catégorie des Kei-Cars, de petites autos fiscalement avantagées, ce afin d'en contenir le prix et de permettre au Japon de se motoriser rapidement. Dénommée S500, ce chiffre reflétant celui de sa cylindrée, la Honda récupère des éléments techniques inspirés de la moto, comme la transmission aux roues arrière par chaînes, induisant l'emploi d'une suspension indépendante. Surtout, sous le capot, le petit moteur jouit d'une fabrication tout en alliage et d'une distribution à deux arbres à cames en tête. Des solutions ultramodernes à l'époque, qui permettent une puissance de 44 ch. Un excellent rendement ! Dessiné à la manière d'une voiture de sport européenne en réduction, la S500 devient S600 dès 1964, le bloc gagnant en taille, idée reprise en 1966 sur la S800, de 800 cm3 donc. Alimenté par quatre carburateurs, son 4-cylindres tout alliage développe 78 ch SAE, soit près de 100 ch/l, en tournant à 8 500 tr/mn. Vertigineux ! Comme la Honda ne pèse que 704 kg, elle accélère très vivement et se targue d'une vitesse maxi de 160 km/h. Seulement, elle adopte un essieu arrière classiquement rigide, mais bien guidé, pour réduire son prix de revient. Néanmoins, quand elle est présentée au salon de Paris, la S800, disponible en coupé et en cabriolet, remporte un certain succès. En effet, à 9 990 F (13 500 € actuels selon l'Insee), elle coûte 3 000 F de moins qu'une Renault 8 Gordini, de sorte que rapidement une liste d'attente de 6 mois se constitue. Les jeunes l'apprécient particulièrement, étant sensibles aux victoires remportées par Honda en compétition, d'abord côté motos, ensuite côté autos, en Formule 1, où le constructeur a engrangé une victoire au Grand Prix du Mexique 1965. La japonaise séduit aussi par sa présentation soignée, son équipement complet et sa belle qualité de fabrication. Fin 1967, la S800 évolue (gros clignos dans la calandre, feux latéraux) pour s'adapter au marché US… où elle ne sera finalement pas vendue. Techniquement, elle adopte un freinage à double circuit et de nouveaux tambours arrière. La nippone poursuit sa carrière jusqu'en 1970, produite à 11 389 exemplaires. Chose exceptionnelle, près de 30 %, soit environ 3 500, ont été vendus en France. Un cas unique pour une auto du Soleil Levant. La petite S800 a réussi sa mission : faire connaître et crédibiliser Honda en Europe.
Au volant
Malgré son gabarit minuscule, la S800 offre une bonne position de conduite pour les grands gaillards. Au démarrage, le petit moteur ronfle gentiment, et en attendant qu'il soit à température, on roule tranquillement : il se révèle souple et très docile. Plus étonnante est la commande de boîte, rapide, douce et précise. Des qualificatifs qui valent aussi pour la direction, chose rare pour une auto de cette époque. Pour sa part, la suspension administre quelques réactions rudes, mais ce n'est pas le bout de bois que je craignais, et la tenue de route surprend en bien. Ça y est, le bloc est chaud. Il reprend gentiment à 2 000 tr/mn en troisième puis c'est l'envolée. 6 000, 7 000, 8 000 tr/mn : jamais il ne s'arrête. Un pur plaisir d'autant que, bien secondé par un étagement très court, il administre de jolies performances. Cette S800, très aboutie, est une révélation !
Avenir
On a beaucoup dit que le moteur de la S800 est fragile. En réalité, tournant à des régimes vertigineux, il a surtout besoin d'un entretien scrupuleux. La rouille, en revanche, fait des ravages, réduisant progressivement le nombre d'exemplaires en bon état et influençant donc la cote. Voici encore 15 ans, on trouvait un beau coupé S800 pour 7 500 €, valeur restant stable jusqu'en 2010. Puis, suivant nombre de références du marché de la collection, la cote de la Honda a commencé à grimper : 18 000 € en 2015, 30 000 € en 2018… Elle n'a pas baissé depuis. Pour sa part, le roadster exige 5 000 € supplémentaires. Apparemment, la sportive japonaise a atteint un plateau – élevé – et s'y tient.
3 points clés
- Première voiture Honda vendue en France
- Régime moteur vertigineux
- Cote stable
Evolution
- 1963 : Lancement de la S500, première voiture de Honda.
- 1964 : La S500 est remplacée par la S600.
- 1966 : Présentation de la S800, remplaçant la S600, au salon de Paris.
- 1967 : Commercialisation en janvier, puis modifications en toute fin d'année.
- 1970 : Fin de commercialisation.
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 29/11/2021, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.