Acheter une FORD USA Thunderbird 1 (1954 - 1957)
Stéphane Schlesinger le 08/07/2022
Défiant la Corvette avec plus de puissance et d'équipements, la Ford Thunderbird n'est jamais plus séduisante qu'en première génération, alliant pureté et performances.
Un bien bel oiseau
Entre l'Europe et les États-Unis, ce n'est jamais qu'une affaire d'influences réciproques. Apparue en 1948, la Jaguar XK120 fait un malheur outre-Atlantique et donne des idées aux constructeurs américains. D'abord à Chevrolet, qui dégaine sa Corvette dès 1953. Bien dessinée mais mal motorisée, celle-ci peine à lui donner la réplique, au contraire du missile dévoilé par Ford début 1954. Le 20 février, à Détroit, l'Ovale bleu expose sa voiture de sport biplace : la Thunderbird. Superbement dessinée par l'équipe de George Walker - le patron du design lancé sur la voie de cette auto en 1951 par Louis D. Crusoe, numéro 2 de Ford admiratif des européennes - la T-Bird, comme on la surnommera, a tout bon. Déjà par son équipement, généreux. Outre les vitres latérales faisant défaut à la Corvette et la XK120, la Thunderbird se pare, en série ou en option (le plus souvent) d'un volant réglable, d'une climatisation, d'une banquette électrique Dial-O-Matic, d'une direction et de freins assistés, voire d'une capote électrique. En réalité, la Thunderbird est surtout une auto rapide, stylée et assez polyvalente. Une “personal car” comme le dit Ford, tout de même capable d'atteindre les 190 km/h grâce à son V8 Y-Bloc de 292 ci (4,8 l), développant 193 ch en boîte manuelle et 198 en automatique. Commercialisée le 22 octobre 1954, elle rencontre un succès immédiat. Ainsi, alors qu'il était prévu d'en écouler 10 000 en 1955, ce sont 16 155 autos qui sont livrées. Pourtant, les dessous de la Ford sont très conventionnels, le constructeur ayant tenu à réutiliser un maximum d'éléments de ses autres productions. Le train avant recourt à des bras superposés alliés à des ressorts hélicoïdaux et l'arrière à un bon vieil essieu rigide suspendu par des lames. Les freins, eux, s'en tiennent à des tambours. Pour 1956, la T-Bird bénéficie d'une modification qui fera énormément pour son look : la roue de secours s'installe sur le pare-chocs arrière pour augmenter le volume du coffre, tandis que le hard-top est équipé de hublots pour améliorer la visibilité. Le V8 de base passe à 205 ch, alors qu'un 312 ci (5,1 l) apparaît, en 215 ou 225 ch selon la transmission. En France, la 215 ch coûte cher : 2 703 200 F en 1956, soit 59 500 € actuels selon l'Insee, sachant qu'une Citroën DS19 revient à 940 000 F. Globalement, les ventes s'en tiendront à 15 631 unités, mais ce sera mieux l'année suivante avec le restylage. Les pare-chocs s'épaississent, les ailes arrière sont revues et la roue de secours revient dans le coffre, repensé. Le 5,1 l gagne en puissance : 245 ch, 270 ch ou 285 ch. La clientèle apprécie : 21 380 exemplaires de cette belle Ford sont écoulés. Ce sera la dernière des T-Bird biplaces, l'année 1958 voyant l'arrivée d'une nouvelle génération plus imposante et accueillant quatre passagers. Fini le sport…
Au volant
Loin du cliché des énormes américaines, la Thunderbird demeure assez compacte. Et quel charme ! Pour s'installer à bord, on glisse d'abord la jambe droite et on prend place sur la banquette. Là, on se retrouve avec le volant près du torse et les membres inférieurs étirés, ce qui n'est pas déplaisant. Quand il s'éveille, le V8 produit le son merveilleux typique de son architecture. On place le levier de vitesses sur D et, tout en douceur, la Ford s'élance. Le convertisseur rend la boîte très onctueuse, mais avale pas mal de puissance en glissements. Pas grave, quand on met pied dedans, il a du répondant ! Surprise, la T-Bird tient bien son cap sur route bosselée et si sa direction assistée n'est pas un monstre de précision, le châssis profite d'un bon équilibre dynamique. Plutôt confortable à vitesse normale, elle peut administrer quelques coups de raquette quand on force l'allure. Heureusement, elle freine énergiquement. En somme, une superbe monture pour cruiser au soleil couchant.
Fiabilité
Avec ce type de voiture, il faut d'abord examiner l'authenticité de la configuration et surtout la qualité de la restauration. Attention, bien des exemplaires rutilants cachent un châssis tordu ou pourri par la rouille ! Ne jamais acheter sur simples photos, donc. En bel état, la T-Bird est une auto mécaniquement robuste et facile à entretenir.
La cote
Voici 15 ans, on trouvait des exemplaires restaurés pour 20 000 €. Ça a bien changé ! En France, il faut compter 40 000 € minimum pour un millésime 1955, 45 000 € pour un 1956 et 50 000 € pour un 1957. Évidemment, ces prix sont largement sujets à variations, suivant l'état de la voiture, mais aussi son historique et ses options. Les 1957 dotées du bloc 270 ch peuvent, par exemple, grimper jusqu'à 95 000 € en condition optimale. La tendance est à la hausse.
Chronologie
1954 : Présentation d'un proto Thunderbird en janvier. Commercialisation en octobre.
1955 : Retouches en fin d'année : moteurs plus puissants, roue de secours placée à l'extérieur.
1956 : Nouvelles modifications pour le millésime 1957. Choix de moteurs élargi, puissances augmentées, pare-chocs redessinés, à l'instar des ailes arrière et du tableau de bord.
1957 : Fin de commercialisation.
3 points clés
Grande élégance
Agrément d'utilisation
Cote en hausse
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 08/07/2022, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.