Acheter une CITROEN GS Birotor, une perle dans un océan de banalité
Serge Bellu le 03/01/2014
Certes l'acquisition d'une GS ne fait guère rêver les collectionneurs, même les plus fidèles inconditionnels du double chevron. Pourtant, il faut savoir que l'on peut dénicher au sein d'une gamme passablement banale un modèle rare et attachant : la Birotor.
La naissance de la Citroën GS Birotor
Avec la GS dévoilée en octobre 1970, Citroën aborde la catégorie des berlines familiales compactes. Sa ligne profilée et sa suspension hydropneumatique donnent à la Citroën GS une tonalité sophistiquée. Sur le plan de la motorisation, elle se montre originale avec un quatre-cylindres à plat refroidi par air et doté d'arbres à cames en tête (un 1 015 cm3 de 56 ch).
Très vite, la sage berline donne naissance à une voiture rendue beaucoup plus brillante par le montage d'un moteur rotatif. Le bloc renferme ici deux rotors qui lui permettent d'atteindre une cylindrée proche de deux litres avec des performances dignes des berlines sportives les plus vives. La Birotor reprend la silhouette aérodynamique de la GS normale qui s'était largement inspirée de plusieurs études réalisées par le carrossier italien Pininfarina sur des mécaniques anglaises BMC 1100 et 1800, respectivement en 1968 et 1967. Toutefois, quelques retouches pertinentes donnent à la version Birotor un peu plus de prestance. Les passages de roues sont élargis grâce à de délicats bourrelets qui permettent d'accepter des roues de 165 x 14. Le carénage du bouclier avant, sous le pare-chocs, est redessiné. La carrosserie est souvent peinte en deux tons, ce qui souligne encore un peu plus son caractère élitiste.
La carrière de la Citroën GS Birotor
Dévoilée en octobre 1973 et lancée en mars 1974, la GS Birotor est commercialisée pendant moins d'un an. La gamme est limitée à un modèle unique, disponible dans une seule finition et équipée d'office d'une transmission automatique.
La technique du moteur à pistons rotatifs a été mise au point par l'ingénieur Felix Wankel et fut expérimentée sur la NSU Spider Wankel qui avait fait son apparition au Salon de Francfort 1963. Puis NSU proposa la superbe berline Ro80 tandis que le japonais Mazda dévoilait la Cosmo Sport. Citroën est avec NSU et Mazda le seul constructeur au monde à avoir mis sur le marché des voitures à moteur rotatif.
Mais en octobre 1973, un événement international majeur condamne d'emblée la GS Birotor. À Riad, l'OPEP décide de réduire ses livraisons de carburant jusqu'à la restauration des droits palestiniens. Le prix du pétrole brut augmente aussitôt de 68 %. La crise économique qui s'ensuit s'accompagne de restrictions de circulation et de limitation de vitesse. D'origine géopolitique, elle alerte le monde sur la précarité des sources d'énergie et oblige les industriels à réduire leur consommation de carburant.
Le premier choc pétrolier stigmatise l'attention des observateurs sur la consommation. Or la gourmandise en carburant constitue l'un des défauts majeurs de la technique du moteur rotatif. La GS Birotor ne s'en remettra pas.
Au total, Citroën n'écoulera que 874 exemplaires de la Citroën GS Birotor, ce qui en fait un modèle extrêmement rare, surtout chez un constructeur qui nous a habitué à des chiffres de la grande distribution.
Pendant cette durée de vie exceptionnellement écourtée, la GS Birotor n'a pratiquement pas subi de transformations.
Trois bonnes raisons pour acquérir une Citroën GS Birotor
SA TECHNOLOGIE SINGULIÈRE EN FAIT UN ÉPIPHÉNOMÈNE DANS L'HISTOIRE DE L'AUTOMOBILE
Le moteur à piston rotatif présente de nombreux avantages théoriques : équilibre, compacité, simplicité, et fiabilité en raison de la limitation du nombre de pièces en mouvement. Hélas, l'usage du moteur rotatif révélera aussi ses faiblesses et ses limites, les problèmes d'étanchéité et de consommation s'avérant longs et difficiles à résoudre.
LA GS BIROTOR APPARAÎT COMME UNE RIVALE POTENTIELLE DES BERLINES LES PLUS SPORTIVES
Alors que la GS conventionnelle ne brille pas par son brio, avec un moteur de 1 000 cm3 qui s'avère sous-évalué pour une berline de ce gabarit, la GS Birotor a l'ambition de concurrencer les berlines les plus dynamiques de son époque. Dans la presse d'alors, on évoque les Alfa Romeo parmi les rivales de la GS Birotor…
SA RARETÉ EN FAIT UN MODÈLE QUI A SA PLACE DANS LES COLLECTIONS LES PLUS EXIGEANTES
Dans l'histoire de Citroën, les modèles que l'on peut qualifier de « rares » ne sont pas légion. Outre la SM à moteur Maserati, on oublie souvent la GS Birotor. On ignore souvent aussi qu'elle eut pour prototype la M35, un coupé basé sur l'Ami 8, et confié à 270 clients volontaires chargés de tester non seulement le moteur rotatif mais aussi la suspension hydropneumatique adaptée pour la première fois à une voiture compacte.
Celle qu'il faut choisir
L'acheteur d'une GS Birotor n'a guère de choix. Une seule motorisation, une seule transmission, une seule finition, ne laissent pas beaucoup de place à la fantaisie. C'est dans le nuancier que l'on peut trouver moyen de se différencier. Difficile à trouver, une GS Birotor se laisse enlever pour environ 10 000 €, mais des exemplaires fatigués valent moitié moins.
La technique de la GS Birotor en 10 chiffres
• 2 rotors
• 1 990 cm3
• 107 ch
• 137 Nm
• 3 vitesses automatique
• 412 cm de long
• 1 140 kg
• 175 km/h
• 874 exemplaires
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 03/01/2014, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.