Acheter une AUDI RS6 V10 (2008 - 2010)
Stéphane Schlesinger le 02/12/2022
Depuis la RS2 de 1994, Audi a fait des breaks sportifs sa spécialité. Ceux-ci ont grimpé d'une catégorie en 2002 quand est apparue la RS6 C5 première du nom.
Depuis la RS2 de 1994, Audi a fait des breaks sportifs sa spécialité. Ceux-ci ont grimpé d'une catégorie en 2002 quand est apparue la RS6 C5 première du nom. Elle n'était pas là pour plaisanter, cette grande familiale dont le V8 biturbo développait jusqu'à 480 ch dans la variante Plus. Pourtant, ce n'était qu'un aimable avant-goût de celle qui déboula en 2008, basée sur l'A6 C6 apparue en 2004.
Sous le capot, c'est la surprise. Certes, on se doutait qu'elle disposerait d'un V10, à l'instar de la S6 révélée en 2006, mais pas que ce bloc, partagé dans ses grandes lignes avec la Lamborghini Gallardo (grande sœur technique de l'Audi R8), serait paré de deux turbos ! Ainsi, ce 5,0 l à injection directe développe quelque 580 ch, pour un couple assez impressionnant lui aussi de 650 Nm.
Ainsi motorisée, la RS6 devient le break le plus puissant du monde. Le plus rapide aussi, puisqu'il pointe à 250 km/h (280 km/h en option) et expédie le 0 à 100 km/h en 4,6 s. Un chrono de supercar, sauf que cette Audi accueille confortablement cinq passagers et leurs bagages dans un habitacle associant luxe, équipement raffiné et finition exemplaire.
Tout ceci se paie par un poids colossal de 2 025 kg, mais le constructeur a déployé tout son talent pour faire tenir la voiture au sol. Les trains roulants déjà évolués de l'A6 de base sont ici largement optimisés (éléments en aluminium, voies élargies, ressorts durcis) et bénéficient du système DRC qui relie par un réseau hydraulique en croix les amortisseurs. En supplément, ce dispositif peut être piloté, tandis que les énormes jantes de 19 pouces peuvent accueillir des freins majorés (+ 30 mm) en carbone-céramique, les disques d'origine étant déjà gigantesques (390 mm à l'avant). La transmission Quattro distribue 60 % du couple sur l'arrière par défaut, mais peut augmenter ce ratio jusqu'à 85 % !
Pas de boîte manuelle ici, juste une Tiptronic à six rapports - en fait une ZF 6HP26, alors une unité de pointe. Conséquence, en plus d'être très performante, la RS6 tient impeccablement au sol et sait même survirer si on la provoque ! Le tout, en offrant à ses passagers un excellent confort. Évidemment, un usage circuit viendra vite à bout des freins et surtout des pneus, mais la marque aux anneaux réussit ici une étonnante quadrature du cercle. Elle le facture au prix fort, mais pas délirant : 114 000 €, soit 130 200 € actuels.
Mais, face à une concurrence terrassée - qu'elle se nomme BMW M5 ou Mercedes-Benz E 63 AMG -, la RS6 se vend donc très correctement avant d'être même déclinée en berline à la fin 2008. Cette dernière bénéficie d'ailleurs d'emblée du léger restylage appliqué à la gamme A6. Par la suite, les RS6 ne vont plus évoluer, terminant leur carrière en 2010. Environ 8 000 unités en ont été produites, un score des plus honorables vu la courte période de fabrication.
Pour la génération suivante, Audi modérera ses ambitions côté moteur puisqu'elle se contentera d'un V8 de 560 ch. D'ailleurs, plus jamais de RS6 ne recevra de V10, cette lignée étant appelée, si elle subsiste, à largement s'électrifier.
Cela renforce l'intérêt de la C6, un délire maîtrisé. Cela dit, de par une fiabilité perfectible et un entretien très coûteux, le monstre d'Ingolstadt a vu sa cote plonger et atteindre, pour les exemplaires de 200 000 km et plus, un plancher de 25 000 €. Seulement, la stabilité observée depuis environ cinq ans n'est plus : ce montant tend à remonter, pour se placer désormais à 27 000 €. L'évolution est plus sensible encore pour les exemplaires les plus beaux (historique limpide, belle configuration, kilométrage sous la barre des 100 000), certains passant désormais les 50 000 €, soit 10 000 € de plus qu'il y a un an. La raison peut en être la disparition de cette taxe absurde frappant les autos de 36 CV et plus (la RS6 est évaluée à 51 CV), ou plus probablement le désir de s'offrir la seule familiale à V10 suralimenté jamais produite en série, ce dans un contexte où les mécaniques thermiques de folie commencent à disparaître.