Acheter une ASTON MARTIN DBS V8 Saloon
Stéphane Schlesinger le 01/07/2021
Succédant à la glorieuse lignée des DB4-5-6, la DBS arbore une ligne moderne et séduisante mais en reste proche techniquement. Elle évolue en V8 Saloon en 1972.
Admirablement vôtre
Malgré le relatif succès de la DB5, Aston Martin ne roule pas sur l'or durant les années 60. Le constructeur n'a pas de quoi concevoir un tout nouveau modèle. La DB4 de 1958 n'a pour des descendantes que des DB5 et DB6 qui en sont des évolutions plus ou moins profondes. En 1967, tout semble remis à plat au lancement de la toute nouvelle DBS, qui visuellement tranche totalement avec cette lignée. La ligne due à William Towns apparaît moderne et tendue, tandis que le cockpit est lui aussi inédit. Hélas, il en va différemment du reste de la voiture. Conçue en deux ans, elle repose sur un châssis dérivant de celui de la DB6. Heureusement, à l'arrière, le brave essieu rigide cette dernière est remplacé par un essieu De Dion, semi-indépendant, alors qu'à l'avant on retrouve le train avant à double triangulation des DB4-5-6, mais déplacé pour accueillir un tout nouveau V8… qui n'est pas prêt au lancement. Du coup, la DBS récupère initialement le 6-cylindres de la DB6, mais, en raison de son surpoids, elle est moins performante.
Du coup, le moteur Vantage de 335 ch est offert sans supplément ! Elle accueille en 1969 le bloc initialement prévu, un 5,3 l. Autre souci, encore plus grave, celui-ci, trop polluant par la faute d'une injection insuffisamment développée, n'obtient pas son homologation aux USA avant 1971… Pour quelques semaines seulement, car les normes américaines durcissent pour 1972, et Aston ne l'a pas anticipé. Les ventes ne prennent pas, la voiture n'apparaissant dans la série Amicalement Vôtre que fin 1971. Le constructeur réétudie l'auto qui devient V8 Saloon en 1972. Elle arbore une proue inédite à deux projecteurs, un allumage électronique et un coffre agrandi. Elle est rétroactivement surnommée série 2, mais doit attendre 1973 pour recevoir une alimentation américano-compatible : des carburateurs, sur la série 3. Seulement, la crise du pétrole éclate, et Aston Martin dépose le bilan en 1974. Rachetée, la marque reprend la production et lance sa V8 chez l'Oncle Sam en 1975. En 1977, le cabriolet Volante apparaît, suivi de la version Vantage, forte de 4 carburateurs et de 380 ch. Les ventes en hausse sauvent Aston ! En 1978, la V8 connait une évolution majeure, la série 4, dite Oscar India pour October Introduction, car elle est révélée en octobre. Elle perd la prise d'air de capot au profit d'un plus élégant bossage, gagne un spoiler ainsi qu'un habitacle garni de bois. L'injection revient en 1986 (série 5) et la V8 se retire en 1989, produite à environ 4 000 unités. Elle a sauvé les meubles !
Au volant
Fort élégante tout en suggérant la puissance, la V8 série 2 de cet essai cache un cockpit raffiné. Cuir à passepoils, compteurs Smiths cerclés de chrome… Bien installé dans un siège confortable, je réveille le V8 qui émet alors une sonorité très américaine. D'emblée, la douceur d'ensemble surprend, directions, pédales, réactions de la boîte automatique Chrysler, amortissement. En lui-même, le moteur séduit surtout par son velouté et sa souplesse, sa grande puissance étant muselée par le convertisseur de couple et le poids. Pas grave, car le châssis favorise le confort, tout en se montrant très rassurant et joliment équilibré. Mais il demeure pataud, la voiture ayant perdu le caractère un tant soit peu sportif de ses devancières.
Avenir
La V8 Saloon se trouve encore parfois en bel état d'origine, non restaurée. Bien fabriquée, elle se montre fiable, mais l'entretien se révèle très cher, tout comme la moindre intervention technique. La cote ? La DBS part de loin : on en trouvait en bon état à 20 000 € en 2005, puis la cote a crû lentement, 50 000 € en 2009, 120 000 € en 2016 et depuis, elle est redescendue pour s'établir à 100 000 €. On ajoutera 10 000 € pour une Vantage et 20 000 € pour une V8.
La Saloon part de plus bas encore. Une série 2-3 se dénichait à 15 000 € en 2005, ne passant les 30 000 € qu'en 2012, avant de culminer à 90 000 € en 2016, puis de revenir à 75 000 € en ce moment. Les Oscar India et série 5 sont nettement plus chères. Elles réclamaient 35 000 € en 2007, pour passer à 50 000 € en 2010, et grimper jusqu'à 160 000 € en 2016, sans baisser depuis. Quant aux Vantage, elles exigent souvent une rallonge de 100 000 €, et plus encore en versions V580 ou xPack.
Evolution
1967 : Lancement de la DBS, en 6-cylindres 282 ch ou 335 ch (Vantage) en septembre.
1969 : La DBS reçoit le V8 initialement prévu.
1972 : Evolution marquée de la DBS qui devient V8 Saloon, rétroactivement surnommée série 2. Celle-ci existe aussi avec l'ancien 6-cylindres et se nomme simplement Vantage.
1973 : V8 Saloon série 3, dotée de carburateurs.
1977 : Apparition du cabriolet Volante et de la sportive Vantage.
1978 : V8 Saloon série 4, au capot modifié et à l'habitacle plus luxueux.
1986 : V8 Saloon série 5, dotée de l'injection.
1990 : Fin de production.
3 points clés
- L'Aston produite le plus longtemps.
- Certaines versions dépassant les 400 ch.
- Cote solide
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 01/07/2021, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.