Acheter une ALFA ROMEO SZ/RZ (1989 - 1993)

À la fin des années 1980, Alfa Romeo décide de rappeler son glorieux passé par le biais d'un coupé d'exception. L'argent manquant, la marque recourt à des éléments techniques existants. Mais pour le design, rien n'empêche de se lâcher. Ainsi, plusieurs équipes seront mises en concurrence. Celle du Centro Stile Alfa Romeo, dirigée par Walter de Silva, et celle de Zagato, mais une troisième apportera sa contribution. En effet, en 1986, le groupe Fiat a embauché une sommité : Robert Opron, qui a dirigé le style de Citroën puis celui de Renault. En Italie, il est affecté au “design en charge de la prospective des modèles et des méthodes”. C'est un peu flou, ça semble même un peu honorifique. Seulement, il dirige une petite équipe qui fait de la recherche. Et celle-ci produit un dessin très audacieux, initié par Robert Opron lui-même et finalisé par Antonio Castellana, qui imaginera aussi le cockpit. Le travail de ce petit groupe sera préféré à celui des hommes de de Silva, la proposition de Zagato étant, pour sa part, vite rejetée.

La conception de l'ES 30, pour “Experimental Sportscars 3.0”, peut donc débuter. Elle ira très vite : dix-neuf mois, car pour la première fois au monde elle sera effectuée en CAD/CAM, c'est-à-dire assistée par ordinateur jusqu'à la production. De surcroît, une grande attention est apportée à l'aérodynamique, le Cx ressortant à 0,30. Techniquement, c'est bien plus conventionnel : on retient le bien connu V6 Busso, en 3,0 l et 210 ch, tandis que l'architecture générale demeure celle de la 75, une propulsion qui installe sa boîte de vitesses à l'arrière. Pour leur part, les trains roulants dérivant étroitement de la version Turbo Evoluzione de la berline milanaise recourent à des rotules rigides Uniball, pour plus de précision. La fabrication de l'engin est confiée au carrossier Zagato, à qui l'on demande de produire un millier d'exemplaires. En essai, l'ES30 se montre très efficace, car capable d'encaisser 1,4 G d'accélération latérale. Exceptionnel à l'époque… et aujourd'hui ! En effet, réalisée en thermoplastique renforcé de fibre de verre, la carrosserie est capable de générer de la déportance, donc de l'appui. Cela contribue à l'adhérence exceptionnelle de la voiture. Il faut dire que son assiette est particulièrement basse pour créer une sorte d'effet de sol. À tel point qu'on dote la voiture d'un système hydraulique qui la relève de 6 cm pour franchir les obstacles routiers.

Une ES30 proche de la série apparaît au salon de Genève 1989. Son look, qui lui a valu le surnom de “il mostro” (le monstre) en interne, clive les observateurs. En clair, on aime ou on déteste ! En tout cas, l'audace est partout, de la face avant dotée de six projecteurs aux épaulements très larges, en passant par un pavillon arrondi contrastant nettement avec l'aspect très anguleux du reste de la robe. Dans l'habitacle, l'équipement se veut luxueux : sellerie cuir, clim, sono… Le tout se solde par un prix très élevé quand l'auto, renommée SZ (“Sprint Zagato”), arrive sur le marché en toute fin d'année : 400 000 F, soit 101 340 € actuels selon l'Insee. Une seule couleur est proposée : le rouge ! La SZ est spectaculaire et efficace, mais ses performances, certes élevées, n'ont rien d'exceptionnel (245 km/h en pointe, 0 à 100 km/h en 7,0 s). Il s'agit néanmoins de la toute dernière propulsion conçue à 100 % chez Alfa Romeo avant longtemps ! En tout cas, si les 38 exemplaires de présérie resteront à l'usine, 998 unités trouveront preneurs, donc le contrat est rempli.

Mieux, à la SZ succède en 1992 la RZ, une variante roadster. Seulement, celle-ci ne sera fabriquée que jusqu'en 1993, à 278 unités, contre 350 prévus, Zagato connaissant des difficultés financières. Néanmoins, la clientèle pourra choisir entre le rouge, le noir et le jaune pour la carrosserie. Avec le duo SZ/RZ, Alfa Romeo a marqué les esprits et renforcé son image de marque, ce qui a pu aider commercialement les modèles de grande série. On redécouvre ces modèles très forts en caractère et nantis d'un V6 formidablement mélodieux, de sorte que les prix montent : à partir de 70 000 €.