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- SALON DU CABRIOLET & DU COUPÉ 2002
- AUBURN TYPE 8-98 A
Salon du Cabriolet & du Coupé 2002
AUBURN Type 8-98 A
Gilles Bonnafous le 06/04/2002
Vedette des défilés de mode du Salon, l'Auburn de Patrice Cordez a fait l'objet d'une magistrale restauration. En parfait état, c'est par la route qu'elle est venue à Paris depuis l'Aveyron.
Magnifique représentante des modèles américains de haut de gamme des années trente, l'Auburn de Patrice Cordez était la vedette des défilés de mode du Salon du cabriolet et du coupé, dont elle constituait le final. Il s'agit d'un type 8-98 A, millésime 1931, carrossé en Custom convertible sedan, c'est-à-dire cabriolet à quatre portes en finition supérieure. Elle appartient à la nouvelle gamme Auburn lancée au salon de New York en janvier 1931, dont le design modernisé vaudra un succès immédiat à ces superbes voitures. L'imposant paquebot, dont l'empattement atteint 3,17 mètres, est motorisé par un huit cylindres en ligne Lycoming, dont la cylindrée a été augmentée à 4,4 litres. Développant 98 ch à 3400 tr/mn, ce moteur est accolé à une boîte de vitesses à trois rapports.
Avouant une prédilection pour les voitures des années trente, Patrice Cordez, par ailleurs Président du Club Obsolète Ford France, a fait l'acquisition de l'Auburn sur un coup de cœur. C'était en 1993, en Bourgogne. La belle sortait d'un poulailler où elle avait séjourné de (trop) nombreuses années… Copieusement faisandée, elle se trouvait dans un état pitoyable. De plus, elle était incomplète : manquaient notamment deux roues, la partie supérieure du pare-brise, la calandre et les poignées de portes. " Mais même délabrée, je la trouvais belle ! ", confie-t-il dans un sourire. L'existence de cette Auburn était connue en France, mais personne n'avait osé s'atteler à sa remise en état… " Quand ma belle-mère m'a vu arriver avec la voiture, elle s'est esclaffée 'Mon gendre est devenu fou !' ", nous avoue en riant Patrice Cordez.
Après avoir gardé l'Auburn pendant un an dans son garage, Patrice Cordez fait en 1994 le pari de la restaurer. Le chantier, qui durera deux ans, est confié à la Carrosserie Lecoq. Pendant ce temps, il fait plusieurs fois le voyage aux Etats-Unis à la recherche des pièces manquantes. Il s'inscrit également au club américain Auburn-Cord-Duesenberg, dont l'aide se révélera très précieuse : d'après les numéros du châssis et du moteur, il apprend ainsi que la voiture a été livrée en 1931 au concessionnaire belge de la marque. Par contre, on ignore comment elle est arrivée en France.
Grâce au club Auburn-Cord-Duesenberg, Patrice Cordez a pu connaître la livrée d'origine de la voiture - qu'elle a retrouvée aujourd'hui. Dans cette carrosserie, le modèle était disponible en deux combinaisons de couleurs - l'autre définition étant jaune avec les ailes noires. Le club a même envoyé des échantillons de peinture, à partir desquels la Carrosserie Lecoq a œuvré. Il a également envoyé un lot de pièces. Pour le reste, Patrice Cordez s'est rendu par deux fois à la célèbre (et gigantesque) bourse d'Hershey, où il a notamment trouvé la calandre.
Depuis 1996, l'Auburn roule régulièrement, si ce n'est une interruption consécutive à un gros pépin mécanique. Lors de la restauration du moteur, le spécialiste avait, à la demande de Patrice Cordez qui souhaitait utiliser sa voiture sans restriction, adapté le huit cylindres au carburant sans plomb. Hélas, ce dernier n'a pas supporté le traitement et il a cassé. Il fallait donc trouver un nouveau moteur, chose des plus compliquées comme on l'imagine ! Après avoir cherché sans succès aux Etats-Unis, Patrice Cordez a trouvé la solution à Cambrai chez un mécanicien fort habile, qui a recoulé le bloc et l'a refraisé aux cotes d'origine envoyées par le club. C'est ainsi équipée que la voiture se présente aujourd'hui.
Mais entre temps, Patrice Cordez a trouvé un nouveau moteur, dont le numéro s'avère très proche de celui du Lycoming d'origine. Après avoir été restaurée outre-Atlantique, la mécanique est prête à prendre la relève en cas de besoin, ce qui permet de rouler à volonté et en toute sérénité. Ce dont ne se prive pas Patrice Cordez. C'est par la route qu'il est venu au Salon du cabriolet depuis Laguiole, en Aveyron, où il réside - soit 1200 kilomètres aller et retour. Il roule paisiblement à 100 km/h, le seul souci étant les freins à câbles très insuffisants pour arrêter cette masse de 2,5 tonnes : " Il faut s'y prendre longtemps à l'avance ! ". En juillet 2002, c'est au volant de l'Auburn qu'il participait au rallye Megève-Simplon, dont le parcours n'est pas avare en cols alpins… Patrice Cordez s'en réjouit à l'avance !