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- PACKARD EIGHT COUPE CHAUFFEUR FRANAY
Salon du Cabriolet, du Coupé et du SUV 2008
PACKARD Eight Coupe Chauffeur Franay
Gilles Bonnafous le 09/04/2008
Digne représentante de la marque américaine de prestige, cette Packard Eight a été achetée en France et habillée par le grand carrossier Franay, qui l'a exposée sur son stand au salon de Paris de 1938.
Digne représentante de la marque américaine de prestige, cette Packard Eight a été achetée en France et habillée par le grand carrossier Franay, qui l’a exposée sur son stand au salon de Paris de 1938. La voiture est célèbre et son historique bien connu.
Il s’agit d’une Eight de la seizième série, modèle qui remplace en 1938 la One Twenty. C’est un type 1602 (châssis n° 1602 2004), doté de l’empattement long de 3,76 mètres, qui confère à la voiture un gabarit impressionnant — 5,75 mètres de longueur.
Sous le long capot, ronronne un huit cylindres en ligne à soupapes latérales de 282 c.i., soit 4620 cm3. Les 120 ch qu’il développe à 3800 tr/mn emmènent la belle américaine à 138 km/h malgré son poids de presque deux tonnes. La boîte de vitesses possède trois rapports et les freins sont hydrauliques.
La Eight arrive en châssis le 27 avril 1938 aux Etablissements Barbezat, l’importateur français de la marque. Elle a été commandée par Anchorena Fernandez, l’épouse du magnat argentin de l’aviation, qui réside à Paris. Celle-ci la fait carrosser en coupé chauffeur par Franay, qui, malgré le gabarit, réussit à donner à la voiture une grande l’élégance — le pavillon et la custode sont particulièrement réussis. Le véhicule porte l’immatriculation 1989 RM.
Avec la guerre, Anchorena Fernandez rentre en Argentine, laissant la Packard en France, vraisemblablement aux soins de Franay. Au lendemain du conflit, la voiture est vendue à un voiturier placier parisien, qui la loue pour le transport de personnalités. Elle sera acquise plus tard par le pilote de rallyes Bernard Consten, qui la vendra ensuite aux enchères à Fontainebleau. Son nouveau propriétaire la cédera ultérieurement au musée de l’automobile de Pont-l’Evêque.
Dans la période de l’après-guerre, la Eight participe à de grands concours d’élégance, où elle s’illustre. Elle remporte notamment le prix d’Excellence des voitures étrangères au concours du Palais de Chaillot le 26 juin 1947, où elle est présentée par Mademoiselle Dadolle Dabadie habillée par Maggy Rouff. En 1951, elle tourne dans le film de Christian-Jaque, Adorables Créatures, avec Edwige Feuillère, Danielle Darrieux et Daniel Gélin.
Jean-Pierre Antoine, son actuel propriétaire, cherchait une Packard depuis des années. Pourquoi cet attachement à la firme de Warren ? Certes, les Packard ont véhiculé tous les grands de ce monde, mais sa passion tient à des raisons plus personnelles. D’origine méridionale, Jean-Pierre Antoine a été marqué dans son enfance par les stars du Midi, Fernandel et Raimu, qui, à l’époque, roulaient en Packard. D’où son rêve de posséder la même machine.
Jean-Pierre a acquis la Eight au terme d’un véritable marathon ! La découvrant une première fois en annonce dans La Vie de l’Auto, il se rend chez le vendeur. L’état de la voiture est assez avancé… Et son épouse réticente. Il renonce. Plus tard, visitant le musée de l’automobile de Pont-l’Evêque lors d’un week-end passé en Normandie, il tombe sur la Packard qui y est exposée. Excité comme un enfant dans un magasin de jouet, il cherche à l’acquérir. Mais elle n’est pas à vendre. Finalement, il la retrouvera dans une nouvelle annonce et l’achètera en 1996.
La Packard apparaît en piteux état et nécessite une restauration complète. Jean-Pierre s’y attelle lui-même, aidé par des amis. Il la déshabille, ponce le châssis, la carrosserie, les boiseries… Tout est refait conformément à l’origine. Il rencontre parfois de réelles difficultés et certaines pièces doivent être usinées, à l’image des poignées de portes qui ont disparu. Le chantier durera trois ans.
Ayant aujourd’hui retrouvé sa superbe, la somptueuse Packard participe régulièrement à des concours d’état et d’élégance, où elle est fréquemment primée (Bagatelle, Villa d’Este). C’est également une habituée du rallye Paris-Deauville organisé par le Club de l’Auto, dont Jean-Pierre est un membre actif.