NASH Ambassador Eight Cabriolet

Onéreux sommet de la gamme de la marque de Kenosha, dans le Wisconsin, le cabriolet Nash Ambassador Eight 1939 (modèle 3981) est une voiture des plus rares. Elle est unique en Europe. Des 175 exemplaires produits ne subsistent que quelques unités aux Etats-Unis.

La gamme Nash de la fin des années trente se compose de trois séries : les LaFayette, motorisées par un six cylindres à soupapes latérales, les Ambassador Six au six cylindres culbuté de 105 ch et les Ambassador Eight dotées d’un huit cylindres. Cette dernière série est disponible en six versions de carrosseries : deux berlines de quatre et six places, une Victoria de six places, deux coupés et le cabriolet tout au sommet.

Vaste vaisseau de 5,29 mètres, la Nash Ambassador Eight 1939 bénéficie d’un design nouveau qui rompt avec celui de l’année précédente. Cet aggiornamento, on le doit à deux jeunes stylistes nouvellement engagés, George William Walker et Don Mortrude. Très dépouillé, le style présente en même temps quelques audaces. Les phares sont désormais intégrés aux ailes et lovés sous des verres rectangulaires (comme sur les Plymouth de la même année), tandis que la calandre verticale haute et étroite évoque les LaSalle.

Les Nash se signalent également par un système de chauffage innovant baptisé « Weather Eye » et par des sièges basculants grâce auxquels l’habitacle se transforme en un lit pour deux personnes. Après avoir été optionnel, le levier de vitesses au volant est monté en série en 1939.

Sous le long capot de l’Ambassador Eight bat un majestueux huit cylindres en ligne à soupapes en tête et vilebrequin tournant sur neuf paliers. De plus, il est doté du double allumage, technique favorisant la combustion et montée depuis 1929 sur les Nash à moteurs culbutés. D’une cylindrée de 260,8 c.i., soit 4,3 litres, et alimenté par un carburateur Carter, il offre 115 ch à 3400 tr/mn, entraînant la voiture à 120 km/h.

La boîte de vitesses est une Borg Warner à trois rapports avec overdrive en option. Quant au démarreur, il se trouve au fond de la pédale d’embrayage. A cette mécanique plutôt sophistiquée fait contrepoint une étonnante suspension archaïque à deux essieux rigides ! Une suspension indépendante ne sera montée à l’avant qu’en 1940. Par contre, les freins hydrauliques sont des plus modernes.

La voiture porte le numéro de châssis 3981-15 d’après la plaque figurant sur la caisse emboutie par la Seaman Body Company de Milwaukee, une entreprise entrée dans le giron de Nash en 1935. Elle a été impeccablement restaurée par son propriétaire précédent, Thomas Harrington, un Américain passionné par la marque qui ne possède pas moins de 18 Nash.

Georges Pontet, son actuel et heureux propriétaire, l’a acquise en 2002 au terme d’une chasse obstinée. Cette année-là, il s’inscrit à un rallye de voitures anciennes qui se déroule en Espagne. Le roadster Ford 1931 qu’il possède lui paraissant mal adapté à un parcours de 4000 kilomètres, il se met en quête d’un cabriolet plus récent et plus confortable.

Visitant Rétromobile, il remarque la Nash exposée sur le stand de l’Atelier des Coteaux. Coup de foudre ! Il la veut absolument. Mais elle est hors de prix. Passe alors un Néerlandais qui l’achète et remet un chèque. Téléphonant quelques semaines plus tard à l’Atelier des Coteaux, il apprend que le chèque était en bois… Miracle !

Dès lors, Georges n’aura de cesse de harceler le vendeur, Thomas Harrington, l’appelant aux Etats-Unis de jour comme de nuit — il se perd un peu dans les décalages horaires ! De guerre lasse, Thomas Harrington finira par lui céder la voiture à un prix plus raisonnable. Aujourd’hui, Georges ne se prive pas du plaisir de rouler à bord de sa belle Nash bleue, qui a parcouru plus de 20 000 kilomètres depuis qu’elle est à lui.