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PININFARINA Sintesi
Vincent Desmonts le 07/03/2008
En italien, Sintesi veut dire « synthèse ». Un nom qui n'a pas été choisi au hasard : le dernier concept-car Pininfarina veut réaliser le mariage parfait entre style, ingéniosité et technologie. Pari réussi.
Les temps sont durs pour les carrossiers, à l'heure où les grands constructeurs répugnent de plus en plus à externaliser la conception de leurs produits, fussent-ils de niche. Bertone se débat ainsi dans des difficultés financières telles que le légendaire spécialiste turinois a préféré s'absenter de Genève.
Pour les autres, ceux qui s'en sortent, il ne faut jamais s'endormir sur ses lauriers. Même lorsque l'on s'appelle Pininfarina et que l'on travaille avec les plus grands, tels que Ferrari, Maserati, Volvo, Ford ou Peugeot. Il faut sans cesse se remettre en cause, innover, progresser, et démontrer que non seulement on sait tenir un crayon, mais que l'on est également capable d'inventer des concepts et de faire avancer l'automobile.
La Pininfarina Sintesi découle de cette logique. Elle étire sur près de 4,80 m de longueur des lignes fluides, des volumes élégants et des gimmicks de style surprenants. Ainsi, la forme du contour des vitres latérales semble répondre à celle de la prise d'air située sur l'aile avant, dessinant une boucle en forme de huit.
Mais le dessin, la finesse, l'élégance ne suffisent plus. Le carrossier du XXIe siècle se doit d'aller plus loin que la simple beauté formelle. « Les nouvelles technologies qui sont en train de poindre vont nous permettre de reconsidérer la plupart des limitations et préjugés qui influencent le design automobile aujourd'hui », explique Lowie Vermeersch, le directeur du design de Pininfarina. « Nous ne considérons plus la voiture comme une forme qui recouvre les parties mécaniques et les passagers, mais nous préférons plutôt donner une forme aux parties mécaniques autour des passagers. Nous appelons cette méthode le Liquid Packaging. »
Dans une voiture contemporaine, l'imposant compartiment moteur implanté à l'avant rejette les passagers en arrière et entrave l'utilisation de l'espace. Avec les nouvelles technologies telles que les piles à combustible et autres batteries utilisées à bord de la Sintesi, les éléments techniques sont distribués dans la voiture au gré des vides laissés par les passagers. Plus fragmentée, la mécanique occupe l'espace vacant, à la manière d'un liquide qui remplirait les interstices. Résultat : la répartition des masses est optimisée, le centre de gravité abaissé, l'habitabilité améliorée, l'aérodynamique excellente (Cx de 0,27).
Mais la Sintesi va plus loin. Elle apporte un autre concept, encore plus révolutionnaire : celui de la « mobilité transparente ». Dans un monde idéal régi par ce concept, les voitures communiqueraient entre elles de façon à créer un « tissu connecté », une forme d'intelligence artificielle collective. Avec un tel système, le flot de circulation se régulerait de lui-même. Par exemple, plus besoin de feux tricolores : à l'approche d'un carrefour, chaque véhicule recevrait un signal autorisant le passage ou l'interdisant ! On a peine à imaginer la révolution que représenterait une telle innovation technologique.
Avec la Sintesi, Pininfarina ouvre des perspectives nouvelles, dégage des horizons inconnus. Ce concept-car n'est peut-être pas le plus spectaculaire de l'histoire du carrossier, mais c'est probablement le plus avant-gardiste.