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Salon de Detroit 2002
FORD USA GT 40 concept
Jean-François Destin le 01/01/2002
Jaune et barrée de deux bandes noires, la Ford GT40 est apparue en grandes pompes sous les yeux incrédules des centaines de journalistes internationaux.
Nostalgie ou manque d'inspiration
Quelques jours avant d'annoncer de lourdes pertes financières pour 2001 et un plan de restructuration drastique (20.000 licenciements et plusieurs fermetures d'usine), Ford a présenté à Détroit une nouveauté vieille de 37 ans ! Jaune et barrée de deux bandes noires, une GT40 est apparue en grandes pompes sous les yeux incrédules des centaines de journalistes internationaux.
Certes la GT40 (ainsi nommée parce que sa hauteur correspondait à 40 pouces, soit un peu plus d'un mètre) restera à jamais l'une des voitures de course les plus mythiques de tous les temps. Certes, elle a permis aux américains de vaincre au Mans face aux redoutables Ferrari à la fin des années 60. Mais de là à tenir le haut d'un grand Salon en 2002, il fallait oser. Cédant à la boutade, les responsables de Dearborn ont précisé que même sans coffre et sans emplacement pour des clubs de golf, une commercialisation en petite série était sérieusement envisagée.
Extérieurement, la GT40 2002 est une réplique quasi fidèle aux modèles originaux qui se sont illustrés dans la Sarthe. La seule chose à faire était de ne rien faire tellement le coup de crayon original reste magique. On retrouve sa gueule de guépard aux aguets, ses énormes entrées d'air sous la pointe du capot, son arrière court en surplomb et même ses deux entrées de réservoir à l'arrière des ailes avant.
Ambiance intérieure "noir et argent"
En revanche, dans la perspective de trouver quelques richissimes clients, on a soigné l'intérieur. Pas question de se contenter d'une planche de bord spartiate avec un gros compte-tours à l'envers et quelques commandes éparpillées. Noir et argent, l'habitacle de la GT40 de Détroit se veut sportif mais cossu voir raffiné. Les sièges baquets recouverts de cuir sortent de chez Recaro, des cadrans modernes ont été rassemblés derrière le volant et une large console centrale en alu brossé supporte entre autres le court levier de la boite à 6 rapports. Le levier de frein à main,, les boucles des ceintures de sécurité et les pédales font également appel à l'aluminium pour le "fun" mais aussi pour participer à l'allègement.
Placé en position centrale arrière (une implantation inédite dans les années 60 face aux Ferrari à moteur avant), le moteur de la GT40 2002 est un V8 5.4l de 500 chevaux. Soigné dans sa présentation, il est frappé du fameux "powered by Ford".
La renaissance de ce mythe automobile nous donne en tous cas l'occasion de retracer l'histoire de cette voiture inoubliable que les collectionneurs continuent de s'arracher.
Ford GT40 : conçue pour battre Ferrari au Mans
Tout commença le 21 mai 1963 lorsque Enzo Ferrari éconduit sèchement des émissaires de Ford venus des Etats Unis pour racheter ses usines. En dépit de ses difficultés financières, le "Commendatore" qui n'aura d'autres ressources que de passer sous le contrôle de Fiat en 69 ne voulait surtout pas vendre son âme aux américains.
Vexés d'un tel affront, Henri Ford et Lee Iacocca son bras droit allaient décider en moins d'une semaine de construire une voiture pour battre Ferrari au cœur, autrement dit au Mans. Accompagné de Carroll Shelby, créateur des fameuses AC Cobra, tout le staff directorial de Détroit vint assister aux 24 Heures 1963 et à la 7ème victoire dans la Sarthe de Ferrari qui trusta sans concurrence les six premières places.
De retour aux Etats Unis, Ford décida de s'allier les compétences d'Eric Broadley, constructeur de la Lola GT, de Shelby nommé coordinateur du projet et de John Wyer, ancien directeur sportif d'Aston Martin chargé de la préparation des voitures et de la direction sportive.
Des investissements quasi illimités et un travail acharné permirent à Ford de construire et présenter les deux premières GT40 aux essais préliminaires des 24 heures en avril 1964. Outre son V8 4.2l en position centrale (une grande première en compétition), la GT40 bénéficiait d'une coque autoporteuse en tôle d'alliage léger, d'une carrosserie en fibre de verre et d'une suspension à quatre roues indépendantes à double-bras transversaux.
Des portes en élytre avaient été prévu, mais on y renonça en estimant que le pilote pouvait rester coincé en cas de retournement.
Très rapides mais trahies par de graves défauts aérodynamiques et un manque de fiabilité, les trois GT40 engagées au Mans 1964 devaient abandonner (2 sur pannes mécaniques et une sur incendie).
En 1965 fut monté un V8 plus puissant (celui des Mustang de série) mais on lui substitua rapidement l'imposant V8 " big block " de 7 litres équipant entre autres la Galaxy de série. La condition pour espérer obtenir 500 chevaux en préparation compétition. Cette greffe délicate impliqua de redessiner entièrement l'arrière de la voiture et de redimensionner tous les organes périphériques et notamment l'embrayage, la transmission et les freins.
Cette année là, six GT40 se présentèrent au départ des 24 Heures du Mans dont 2 MK II à moteur 7 litres. Aucune ne rallia l'arrivée et l'équipage Masten Gregory/Jochen Rindt put offrir un 8ème et dernier succès à Enzo Ferrari.
Mais sentant que la GT40 MK II 7 litres était bien l'arme fatale contre Ferrari, Ford dépensa sans compter durant l'hiver 1965/1966 pour résoudre un à un tous les problèmes de jeunesse de la voiture. Retouches aérodynamiques, coque renforcée, moteur V8 fiabilisé et allégé : la GT40 montra son efficacité dès le début de saison en gagnant à Daytona et Sebring. Une bonne mise en train pour préparer Le Mans 1966 ou Ford remporta un triomphe (les trois premières places et le record des 200 km/h de moyenne battu par les vainqueurs Bruce Mc Laren et Chris Amon .)
Ford confirmera sa suprématie en imposant ses grosses MK IV en 67, année mythique de l'épreuve mancelle ou le duel de Ford/Ferrari arbitré par des Lola, des Mirage et des Porsche tint en haleine plus de 300.000 spectateurs, un record absolu.
La GT40 qui n'a pas dit son dernier mot reviendra s'imposer en 1968 et 1969 en version V8 5 litres sous les couleurs privées -bleu et orange- du team John Wyer.
En version civile, la GT40 produite à 31 exemplaires (5 resteront en Angleterre, 22 iront aux USA, et une seule en France, en Italie, en Allemagne et en Suisse) verra son V8 offrir 335 chevaux. Elle roulait à 280 km/h et passait de 0 à 100 km/h en 5,3 secondes. Son prix trois fois supérieur à celui de la Jaguar E dépassait à peine les 7450 livres. Les heureux collectionneurs qui les possèdent apprécient toujours leur maniabilité et leur tenue de route.
La GT40, pionnière des voitures de sport à moteur central générera une descendance de haute lignée nommée De Tomaso Mangusta et Pantera et surtout Lamborghini Miura.