LANCIA Dilambda Spider

A l’occasion des 80 ans de la Dilambda, Lancia Heritage expose un superbe et exceptionnel spider réputé comme le seul exemplaire du modèle dans ce type de carrosserie. S’il a existé des cabriolets quatre places sur châssis Dilambda, ce spider est le seul connu.

En raison de son style, notamment le dessin des ailes arrière, d’aucuns avancent l’hypothèse selon laquelle cette Lancia unique aurait pu être carrossée par Le Baron, à New York, au cours d’un épisode américain supposé de sa vie. Mais la voiture ne portant aucune plaque de carrossier, cela reste du domaine des conjectures.

En tout état de cause, l’ensemble de son design, sa silhouette très surbaissée et sa poupe terminée en queue de canard confèrent à ce spider un caractère éminemment sportif, qui surprend pour un modèle bourgeois dont ce n’était pas la vocation. De plus, la carrosserie en aluminium permet à la voiture de bénéficier d’un poids raisonnable (de l’ordre de 1700 kilos), alors qu’en raison de leur lourd châssis, les Dilambda habillées par Castagna ou Farina atteignent les deux tonnes. Ajoutons que cette Dilambda est équipée d’un pot d’échappement étudié qui lui offre une sonorité chantante en accord avec son look.

La Dilambda fut livrée en châssis en 1930 à un client italien, qui la fit carrosser. Quel type de carrosserie fut choisi ? On l’ignore. L’historique de la voiture reste largement un mystère. Toujours est-il que c’est en Suisse, à Genève, que son actuel propriétaire l’a trouvée et acquise il y a 25 ans. Elle fait depuis son bonheur et il l’engage assez régulièrement dans les rallyes internationaux, à l’image du China Run auquel il participa en 1998.

La genèse de la Dilambda tient à un prototype conçu par Vincenzo Lancia dans le but de s’implanter aux Etats-Unis à travers une filiale, Lancia Motors of America Inc. — à l’image de Rolls-Royce Springfield. D’où le choix d’un V8 monté dans un châssis très rigide. Le projet tournera court, mais la voiture, baptisée 220, servira de base à la Dilambda.

Vincenzo Lancia souhaitait en effet créer un modèle plus luxueux, mais aussi plus conventionnel que la Lambda, voiture révolutionnaire dotée d’une carrosserie autoportante et d’une suspension avant indépendante, qui lui offraient une grande rigidité et un remarquable comportement routier. Mais cette caractéristique faisait échapper la Lambda aux carrossiers, limitant ainsi son marché. Pour élargir sa clientèle, Lancia revint donc avec la Dilambda dotée d’un châssis séparé à une conception plus classique. La positionnant en haut de gamme, il l’équipa aussi d’une mécanique plus puissante.

Tous les grands carrossiers de l’époque habilleront la Dilambda en Italie (Castagna, Stabilimenti Farina, Viotti) comme à l’étranger : Labourdette, Kellner et Pourtout pour la France, D’Ieteren pour la Belgique, Mulliner, Gurney Nutting, James Young, Vanden Plas, Freestone & Webb pour la Grande-Bretagne.

Présentée au salon de Paris 1929 et construite jusqu’en 1935, la Lancia Dilambda sera développée en plusieurs types, 228 et 229 et 232 en fonction de la longueur de l’empattement et de la caisse. Dotée d’un châssis caissonné d’une grande rigidité, auquel le gros réservoir d’essence de cent litres contribue, elle reçoit une mécanique originale.

Il s’agit en effet d’un V8 monobloc (le premier de la marque avant celui de l’Astura), dont l’angle extrêmement fermé (une spécialité Lancia) se limite à 24°. D’une cylindrée de quatre litres, il développe 100 ch à 4050 tr/mn et il est accouplé à une boîte de vitesses à quatre rapports. Autre originalité, il est possible de démonter la culasse (en deux parties) sans toucher à l’arbre à cames en tête placé au centre. Très coupleuse, cette mécanique offre un grand agrément de conduite.