MERCEDES Tricycle

Mercedes-Benz France a bien de la chance ! Pour honorer le thème de Rétromobile 2008, la Femme et l’automobile, la marque n’a eu, si j’ose dire, qu’à puiser en magasin l’une des toutes premières machines motorisées de l’Histoire. Rien que ça ! Il s’agit du Tricycle Benz, auquel est attaché le célèbre périple que l’épouse de Karl Benz, Bertha, réalisa en 1888 entre Mannheim et Pforzheim.

Particulièrement favorisée, la firme de Stuttgart avait même le choix pour illustrer le thème de la gent féminine, puisque la marque doit son nom à celui d’une jeune fille, Mercedes, la fille d’Emil Jellinek. D’où également la présence sur le stand d’une Simplex 28/32 HP de 1904, l’une des premières voitures à porter le nom Mercedes.

Le visiteur de Rétromobile découvre sur le stand de l’Etoile l’une des répliques (une centaine) du Tricycle Benz réalisées par un spécialiste britannique à la demande de Stuttgart. Un deuxième effectue des démonstrations dans l’allée séparant les halls 4 et 3.1.

De son épouse, Karl Benz reçoit en 1888 un coup de main inattendu dans son entreprise. Un jour, à l’insu de son mari, Bertha se saisit d’un Tricycle pour se rendre à Pforzheim, ville distante de Mannheim de 147 kilomètres. Le voyage (à l’époque, c’en est un !) est bouclé dans la journée sans connaître le moindre ennui. Le seul problème auquel est confrontée Bertha, mais bien réel, est de ravitailler la machine en essence, qu’elle trouve dans les pharmacies rencontrées en chemin, ces dernières étant les seuls commerces à vendre le précieux carburant.

Une femme vient ainsi de réaliser un exploit, le premier trajet de longue distance effectué d’une traite par une automobile. Belle audace. De plus, Bertha a embarqué ses deux enfants dans l’aventure ! C’est dire la confiance qu’elle accorde à la machine de son ingénieur d’époux…

Karl Benz conçoit sa première automobile à Mannheim, en pays souabe (Baden-Württemberg). Le Tricycle roule au printemps 1885 et le brevet est déposé au début de 1886. Quelques exemplaires sont fabriqués en cours d’année et utilisés de manière continue par leurs acquéreurs. Deux ans plus tard, le Tricyle Benz est exposé à l’Exposition de Munich, puis en 1889 à l’Exposition Universelle de Paris — en même temps que la Tour Eiffel… On a un peu de mal à imaginer qu’au moment de la conception du Tricycle, la Dame de fer de Gustave n’existait pas encore !

De conception simple, le Tricycle révèle l’ingéniosité de son créateur. Il est surtout très innovant. A l’époque, les ingénieurs automobiles ont du mal à se libérer de la calèche hippomobile. Prisonniers de celle qui, avec le train, assure la mobilité des hommes depuis des lustres, ils conçoivent les premières voitures en remplaçant, sur les charrettes, la traction animale par le moteur thermique.

Karl Benz, lui, imagine le véhicule autour du moteur. C’est en cela que sa création est décisive. Comparé aux premiers véhicules de la période, le Tricycle se démarque par son gabarit réduit et sa légèreté (264 kilos). Benz invente en même temps les composants mécaniques de ce que sera l’automobile : châssis, transmission, direction.

Le Tricycle est construit sur un châssis en treillis tubulaire monté sur trois roues, la roue antérieure plus petite étant directrice. La suspension est assurée par trois ressorts semi-elliptiques. Quant à la transmission, elle se fait par une courroie de toile actionnant deux pignons reliés directement aux roues arrière par deux chaînes. Il n’y a donc qu’une seule vitesse et pas de boîte.

Monté horizontalement au-dessus de l’essieu arrière, le monocylindre quatre temps de 954 cm3 développe 0,75 ch à 400 tr/mn. Ainsi gréé, le Tricycle roule à 16 km/h. Le freinage s’exerce uniquement sur la transmission. Mais à cette vitesse folle, cela suffit…