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Rétromobile 2008
CITROEN 2 CV
Gilles Bonnafous le 11/02/2008
Difficile d'imaginer dans un rôle de sexagénaire cette voiture malicieuse à la bouille espiègle, qui attira partout dans le monde une incroyable sympathie.
Événement du salon de Paris de 1948, où elle fut présentée, la 2 CV a soixante ans. Difficile d’imaginer dans un rôle de sexagénaire cette voiture malicieuse à la bouille espiègle mais bon enfant, qui attira partout dans le monde une incroyable sympathie.
Vilain petit canard érigé au rang de mythe, la 2 CV doit à sa personnalité singulière d’avoir gagné ses lettres de noblesse. Voiture minimale au budget d’entretien dérisoire, elle a élevé la simplicité en style de vie sur la route. Polyvalente et passe partout, elle est bourrée d’astuces et de trouvailles ingénieuses.
« Quatre places sous un parapluie », telle est, selon la légende, le portrait que brosse de la future 2 CV Pierre Boulanger, le patron de Citroën. Le projet d’une TPV (Très Petite Voiture) naît en 1936. Le cahier des charges prévoit quatre places, 50 kilos de bagages, 50 km/h et cinq litres aux cent kilomètres. Un soin particulier est apporté à la suspension, car, selon une autre formule célèbre, la voiture devra pouvoir traverser un champ avec un panier rempli d’œufs sans en casser un seul…
Le succès commercial est immédiat, avec des délais de livraison de plusieurs années propres à une économie de pénurie. Conçue pour les paysans, la 2 CV séduira les curés de campagne, avant de devenir la voiture des jeunes et des étudiants. Elle connaîtra une exceptionnelle longévité et servira de modèle à la Renault 4.
Tout au long de sa carrière, la 2 CV connaîtra une foule d’évolutions, aussi bien mécaniques qu’esthétiques. Née avec un bicylindre à plat de 375 cm3 refroidi par air et ne développant que 9 ch, elle reçoit en 1954 un 425 cm3 de 12 ch. Deux ans plus tard, une version « luxe » bénéficie d’une capote synthétique. La porte de malle arrière arrivera un an après.
L’année 1961 marque un tournant esthétique avec une face avant modernisée. La voiture gagne également de nouvelles couleurs de carrosserie, ainsi qu’un moteur plus puissant : 13,5 ch, puissance qui passera ensuite à 18 ch. Elle se civilise peu à peu, recevant un tableau de bord en 1962. L’année suivante, l’AZAM, beaucoup mieux finie, est gratifiée d’enjoliveurs.
En 1965, les portes avant ouvrent dans le bon sens, et, en 1966, une troisième vitre apparaît sur le panneau de custode, en même temps qu’une nouvelle calandre. Des joints de cardans homocinétiques sont enfin montés qui évitent les désagréables sauts au démarrage. Fin 1969, la 2 CV hérite du moteur de 602 cm3 monté depuis huit ans sur l’Ami 6. Elle poursuivra sa carrière jusqu’en 1988, quand la baisse des ventes dans l’hexagone, ainsi que la fermeture des marchés d’exportation due aux normes de sécurité, entraînera l’arrêt des chaînes françaises — la fabrication se poursuivra au Portugal.
Pour toute une jeunesse avide d’aventures, la 2 CV a été le véhicule idéal pour les expéditions lointaines. Ses aptitudes exceptionnelles lui ont valu également des missions auxquelles ses concepteurs n’avaient à l’évidence pas songé. Utilisée par les Scandinaves comme véhicule de dépannage au cercle polaire arctique, la 2 CV a connu en 1958 une version à quatre roues motrices développée pour la recherche pétrolière. Baptisée Sahara et motorisée par deux 425 cm3, l’un à l’avant, l’autre à l’arrière, la 2 CV 4 x 4 roule à 100 km/h tout en étant capable de franchir des rampes de 45% !
C’est à la fin des années 80 que les premiers collectionneurs de 2 CV sont apparus. Soixante ans après sa naissance, la deuche est devenue une voiture de collection à part entière, dont la cote tourne autour de 3000 € en bon état. Les premiers exemplaires à capote en toile descendant jusqu’à l’extrémité arrière, qui sont des objets rares, atteignent, eux, des niveaux très supérieurs. Quant à la très exclusive version Sahara, sa cote dépasse les 30 000 €, très au-delà de celle de la SM…