PEUGEOT 203 Darl'mat

Fidèle partenaire sportif de Sochaux, le concessionnaire parisien Darl’mat assure depuis les années trente, et avec la complicité du constructeur, une présence discrète du Lion sur les circuits. Après ses succès avec les sportives 302 et 402, Emile Darl’mat lance, en 1947, un coupé aérodynamique 202 sur l’anneau de Montlhéry. La voiture, dont l’un des pilotes est Charles de Cortanze, va battre trois records internationaux de la classe 1100 cm3. Darl’mat va ensuite s’intéresser à la 203.

Dans la France des premières années de l’après-guerre, la 203 est, avec sa structure monocoque, la seule voiture moderne de classe moyenne jusqu’à l’apparition de la Simca Aronde. De conception avancée, le moteur de la 203 met en œuvre une technologie de pointe pour une voiture de grande diffusion de l’époque. Supercarré, ce quatre cylindres en ligne est coiffé d’une culasse hémisphérique en Alpax à soupapes en tête inclinées en V. Avec 42 ch pour 1290 cm3, le potentiel de cette mécanique est loin d’être totalement exploité. L’apport de chevaux supplémentaires sera l’affaire des préparateurs.

Pour booster la 203, Darl’mat joue sur la compression, dont le taux est augmenté, ainsi que sur l’alimentation et la respiration du moteur. La voiture est équipée de deux carburateurs Solex inversés, d’une pipe d’admission Nardi et d’un échappement spécial réalisé par Darl’mat. Le reste de la mécanique est inchangé, notamment la transmission. La puissance est portée à 50 ch et les 130 km/h sont dépassés. La tenue de route suit grâce à une suspension affermie.

Dans ses ateliers, Darl’mat offre à la 203 un vrai lifting, qui en fait une voiture particulièrement élégante et désirable. Surbaissée de quatorze centimètres au niveau du pavillon et de la plate-forme, avec une garde au sol réduite par la modification des ressorts de suspension, la voiture reçoit un carénage des roues arrière, qui la rapproche encore plus d’une sedanet américaine. Abondamment chromée (sabots et cimiers d’ailes), elle est gratifiée d’une calandre spécifique très inspirée des Cadillac 1950, tandis qu’un petit aileron est disposé sur le couvercle de la malle arrière. La sellerie en cuir fait partie de l’équipement de série.

La 203 Darl’mat sera réalisée en deux séries : la première à partir de 1949 sur la base de la berline 203, la seconde en 1953 sur la berline découvrable, d’où d’importants renforts de carrosserie. Le moteur est alors emprunté à la 403 (1467 cm3, 60 ch et près de 150 km/h). Quelques voitures sont équipées du compresseur Constantin, la puissance passant alors à 80 ch.

Darl’mat propose également un cabriolet à quatre places (contre deux au modèle de série), plus cher mais esthétiquement moins réussi, dont la diffusion sera confidentielle — deux exemplaires, dont l’un appartient aujourd’hui à l’association des Amis de Darl’mat. Au total, environ cent vingt 203 Darl’mat seront fabriquées.

Construite à la main, la Darl’mat est souvent personnalisée au niveau de l’habitacle. Tout cela à un coût et, pour acquérir la plus belle des 203, il faut débourser plus du double du tarif d’une berline de série… Mais pour le prix, son conducteur a le privilège de pouvoir doubler la 15 CV Citroën !

La 203 Darl’mat exposée à Rétromobile par à l’association des Amis de Darl’mat dans le cadre de l’Aventure Peugeot a été restaurée par la famille de Cortanze, qui a eu l’intelligence de conserver sa sellerie en cuir d’origine, quoique fatiguée. La voiture est dotée d’un superbe tableau de bord réalisé par l’accessoiriste Taupin — seules quelques Darl’mat en ont bénéficié. La voiture appartient aujourd’hui à un collectionneur d’Agen.