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Rétromobile 2004
PEGASO Z-102 BS Spider Compétition
Gilles Bonnafous le 13/02/2004
La barquette Pegaso Z-102 BS 3,2 litres de course exposée sur le stand de Lukas Hüni est l'une des trois voitures construites par Wilfredo Ricart pour participer aux 24 Heures du Mans de 1953.
Ingénieur espagnol de talent, Wilfredo P. Ricart rentre dans son pays au lendemain de la guerre. Il a quitté Milan, où il travaillait pour Alfa Romeo, pour venir développer l’E.N.A.S.A. (Empresa Nacional de Autocamiones S.A.), une entreprise de l’Etat franquiste spécialisée dans la construction de véhicules industriels, camions et autocars. Il y crée bientôt un département automobile afin de réaliser son rêve, construire une GT de prestige à la technique sophistiquée.
La Z-102 est dévoilée au salon de Paris de 1951, où sa mécanique fait sensation : un magnifique V8 de 2,5 litres en alliage léger à quatre arbres à cames en tête entraînés par pignons et lubrification par carter sec. Pour un meilleur équilibre des masses, la boîte de vitesses à cinq rapports, réalisée en Espagne sur un modèle ZF, est accolée au pont arrière. Quant au châssis, il se présente sous la forme d’une moderne structure semi-portante (plate-forme à caissons). Très rigide, il permet également le montage de carrosseries spéciales.
La production démarre vraiment avec la Z-102 B, qui bénéficie d’améliorations techniques et esthétiques. Elle est fabriquée dans l’ex-usine Hispano-Suiza de La Sagrera, à Barcelone, après avoir été exposée au salon de Paris de 1952. Ricart développe ensuite la Z-102 BS de 2,8 litres, bientôt suivie d’une nouvelle extrapolation de 3,2 litres. Les moteurs sont alimentés par un, deux ou quatre carburateurs Weber. Les Pegaso sont disponibles en coupé et cabriolet réalisés par Touring, Saoutchik et Serra (une maison espagnole). De loin la plus réussie, la berlinette Touring est un pur chef-d’œuvre.
Mais W.P. Ricart ne veut pas en rester là. Il souhaite prouver les qualités de sa voiture en compétition. Le V8 de 3,2 litres est alors suralimenté par un compresseur de type Roots, qui lui permet de développer 270 ch. Placé dans une magnifique barquette carrossée par Touring, la célèbre maison milanaise fondée par Felice Bianchi Anderloni, il permet à la voiture de filer à plus de 250 km/h.
Fort de cette superbe arme, Ricart se lance à la conquête des 24 Heures du Mans. Deux voitures sont engagées en 1953, mais Juan Jover sort de la piste aux essais, cette déconvenue ayant pour conséquence le retrait des deux Pegaso. Jusqu’en 1955, les spiders 3,2 litres à compresseur seront alignés dans les grandes épreuves internationales : Course Panaméricaine, Reims, Montlhéry, circuits de Madrid et de Montjuich en Espagne, etc. Mais par la faute de la fiabilité problématique du V8, ils ne pourront démontrer leur potentiel. Et ne disposant pas de moyens financiers suffisants, Pegaso ne pourra réellement faire ses preuves.
La barquette Z-102 BS 3,2 litres (châssis n°145) exposée à Rétromobile sur le stand du négociant suisse Lukas Hüni est l’une des trois voitures construites — les autres portant les numéros de châssis 127 et 142. Elle est même celle qui fut accidentée au Mans en 1953. Réparée par l’usine après l’accident, elle poursuivra sa carrière sportive jusqu’en 1955. Huit ans plus tard, elle prendra la direction des Etats-Unis. En 1981, elle est la possession de Stephen Block, qui, en collectionneur avisé (et riche), décide de lui redonner sa splendeur originelle.
La Pegaso est alors magnifiquement restaurée avec l’aide d’Enrique Coma-Cros, le spécialiste espagnol de la marque. Le chantier durera cinq ans ! Elle serait aujourd’hui la seule barquette Z-102 BS 3,2 litres qui ait survécu dans sa configuration d’origine. A son volant, Stephen Block a participé à de nombreuses épreuves classiques (Mille Milles et manifestations américaines). Revenue en Europe à l’occasion de Rétromobile 2004, elle a été vendue pendant le salon à un collectionneur allemand.