LIGIER JS 1

L’histoire de la renaissance de la JS 1 exposée à Rétromobile sur le stand du Mans Classic n’est pas banale. C’est en passant une annonce pour un pare-brise de JS 2 que l’actuel propriétaire de la voiture a été mis sur sa piste. Il l’a retrouvée en 1999 à l’état de quasi-épave sous un olivier, dans un jardin près de Marseille. Après avoir été cédée par Guy Ligier, la JS 1 s’est retrouvée aux mains d’un pilote, Espinasse, qui la gardera une dizaine d’années après l’avoir transformée. A la suite de quoi, elle partira dans les Bouches-du-Rhône pour demeurer quinze ans sous son olivier…

Passionné par l’histoire Ligier, l’actuel propriétaire entendait faire renaître dans le strict respect de l’origine ce morceau du patrimoine français de la course. La JS 1 est en effet le premier modèle construit par Guy Ligier, l’exemplaire découvert étant la deuxième voiture fabriquée (châssis n° 21257003, immatriculation 800 LQ 03). Trois JS 1 ont été réalisées : la première a été transformée en prototype, la troisième vient peut-être d’être retrouvée, mais cela reste à confirmer.

La restauration est confiée à Gérard Déry et Patrick Barbier de la société VHC Evolution. Chaque pièce est contrôlée pour vérifier si elle est récupérable. Peu le seront : quatre porte-moyeux, le volant, la direction et une partie du tableau de bord pour l’essentiel. Le reste doit être reconstruit en fabriquant des marbres à partir des pièces d’origine et en utilisant les matériaux d’aujourd’hui. C’est par exemple le cas des triangles, bras et tirants, qui étaient tordus et corrodés. De même, les tôles, brasées à l’époque, sont soudées selon la technique TIG (microsoudure). Le châssis spécifique de la JS 1 — constitué d’une poutre centrale en tôle d’aluminium rivetée — fait l’objet d’un superbe travail de restauration.

Côté mécanique, les culasses ont été récupérées, mais le bas moteur est refait. Quant à la carrosserie, elle est totalement reconstruite. En l’absence de plans, un modeleur la dessine en se basant uniquement sur les photos. Un chantier auquel Michel Tétu, l’ingénieur Ligier, apporte une aide importante.

Après plus de 3500 heures de travail, la voiture est remise en route une semaine seulement avant l’ouverture de Rétromobile. En présence de Guy Ligier, Michel Tétu et Don Foster, le fabricant à l’époque du châssis et des pièces mécaniques, elle est présentée dans les ateliers de VHC Evolution à La Roche-sur-Foron, en Haute-Savoie. Moment d’émotion et occasion de se remémorer de nombreux souvenirs, sans oublier les difficultés rencontrées au début par Guy Ligier pour conduire son engagement sportif.

Il reste aujourd’hui à mettre au point la JS 1 sur la route. Ceci concerne aussi bien le moteur que le châssis, qu’il faut régler, ainsi que la suspension, les ressorts, etc., qui doivent être adaptés aux nouveaux matériaux utilisés et à leur résistance particulière. Il s’agit d’un vrai développement, le travail étant pratiquement à reprendre à zéro. Trois séances d’essais sont prévues en mars et avril sur les circuits d’Alès, de Dijon et au Castellet.

Remise aux normes FIA et dotée de sa fiche d’homologation, la voiture sera alignée au Tour Auto, à Monza, ainsi qu’au Mans Classic 2004. Dans la Sarthe, sera recréé un stand Ligier, où l’on retrouvera la JS 1, les deux JS 2 et la JS 3, sans oublier l’ancien autocar de l’écurie (baptisé Brutus) qui a été retrouvé ! Pour la circonstance, Guy Ligier, Michel Tétu et tous les mécaniciens endosseront les combinaisons de l’époque…