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Rétromobile 2004
HONDA S800
Gilles Bonnafous le 13/02/2004
Evolution de la S600, la Honda S800 fait sensation lors de sa présentation. Mais des problèmes de fiabilité et son inadaptation au marché américain vont condamner cette sportive ultra brillante.
Pour commémorer le quarantième anniversaire de la S600/S800, le Club Honda S800 était épaulé par Honda France, dont c’était le retour à Rétromobile après quelques années d’absence. Sur le stand, un cabriolet S800 côtoyait la légendaire moto CB 750.
Présenté en 1964, le coupé S600 est la première automobile Honda exportée officiellement. Un an plus tard, la jeune société Honda France expose au salon de Paris la S600 dans ses deux versions coupé et cabriolet. Ces voitures ne connaîtront toutefois qu’une diffusion confidentielle. En effet, Honda Japon souhaite que la S800, qui vient d'être présentée au salon de Tokyo, soit la première Honda Sports à être vraiment proposée sur le marché européen.
Evolution de la S600, la S800 bénéficie du très performant quatre cylindres à double arbre à cames en tête en aluminium, qui a fait de son aînée la voiture de sport de grande série au rendement mécanique le plus élevé. Un régime maximum de 8000 tr/mn, c’est de l’inédit sur un modèle de ce type dans les années soixante. Grâce à une technologie sophistiquée héritée de la moto et à la présence de quatre carburateurs, le moteur délivre 78 CV SAE malgré la modicité de sa cylindrée. La contrepartie est une mécanique très pointue, dont le couple maximum s’exprime à 6000 tr/mn. Ainsi gréée, la S800 atteint 160 km/h, une vitesse remarquable à l’époque et qui lui permet d'entrer dans le clan des modèles capables de plus de 100 miles à l’heure.
Sur le plan de la structure, on peut être surpris que la voiture soit encore construite sur un châssis séparé. Cette singularité tient au fait que Honda souhaite utiliser ce châssis pour élaborer d'autres véhicules. La conséquence est un poids nettement plus élevé que celui d’une monocoque.
Les premiers exemplaires produits conservent la transmission par chaînes et la suspension arrière indépendante empruntées à la S600. Mais en 1966, la S800 est profondément remaniée et un très conventionnel pont rigide associé à une barre Panhard se substitue à l’équipement précédent. Cette modification est dictée par la volonté de Honda de s'implanter aux Etats-unis, où la transmission par chaînes ne saurait être acceptée sur une automobile.
En octobre 1966, la S800 est exposée au salon de Paris. Son prix fait sensation : moins de 10 000 francs ! Proposée en cabriolet et coupé, cette stricte deux places rencontre un succès immédiat. Le public comme les médias sont enthousiasmés par sa brillante mécanique qui grimpe allègrement dans les tours et qui fait de la S 800 une sportive passionnante. Mieux que cela, la mini bombe devient une voiture à la mode.
Hélas, il va falloir déchanter car les problèmes surviennent rapidement. La clientèle n'est sans doute pas habituée à une mécanique aussi poussée, mais celle-ci révèle tout de même une réelle fragilité. Le manque de formation des mécaniciens n’arrange rien et les voitures sont souvent immobilisées.
La S800 subira bien quelques modifications, mais elle sera victime des nouvelles normes sécuritaires et antipollution américaines qu’elle ne peut satisfaire et qui lui barrent la route du large diffusion. Sans l’apport du marché d’outre-Atlantique, les dirigeants de Honda décident de mettre un terme à la carrière de la S800. La dernière voiture tombera de la chaîne en mai 1970.