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Rétromobile 2004
AUBURN 654
Gilles Bonnafous le 13/02/2004
Voiture de stars, l'Auburn 654 Phaeton Salon était l'une des superbes Américaines exposées sur le stand de l'Atelier des Coteaux. Une rare version européenne venue de Norvège.
Voiture de stars, l’Auburn 654 Phaeton Salon était l’une des superbes Américaines exposées sur le stand de l’Atelier des Coteaux, une entreprise de restauration bien connue située à Blérancourt, dans l’Aisne, et aux destinées de laquelle préside Oscar Lefebvre.
Installée à Auburn dans l’Indiana, la marque éponyme créée par Frank et Morris Eckhart produit sa première voiture en 1903. Suit deux ans plus tard une bicylindre et en 1909 une quatre cylindres à moteur Rutenber. Le premier six cylindres apparaît en 1912. En 1919, Erret Lobban Cord rejoint l’entreprise, dont il va devenir le directeur général, puis le président. Sept ans plus tard, la marque Auburn est intégrée avec Duesenberg et Lycoming Motors à l’empire créé par E.L. Cord.
En 1925 est lancé le huit cylindres en ligne de 4,5 litres, tandis que le spectaculaire Speedster Auburn à carrosserie en poupe de bateau (boattail) voit le jour en 1928. Au cours des années trente, la gamme présente trois types de motorisations, six et huit cylindres en ligne latéraux et V12 de 6,4 litres (tous Lycoming). La période sera marquée notamment par le magnifique Speedster 851 (1935) et 852 (1936) motorisé par le huit cylindres à compresseur. Ce sera le chant du cygne de la marque, qui disparaîtra en 1936.
C’est précisément en 1936 que l’Auburn 654 exposée à Rétromobile est sortie d’usine. Elle reçoit le six cylindres latéral Lycoming de 210 ci (3,5 litres) qui développe 85 ch. La boîte de vitesses à trois rapports est équipée du « Dual Radio synchro-clutch differential » (pont arrière à double rapport contrôlé au volant). La 654 est proposée en trois niveaux de finition : Standard, Custom et Salon, cette dernière étant la variante la plus luxueuse du modèle.
L’Auburn de Rétromobile est une très rare version européenne, c’est-à-dire équipée de flèches de direction et d’un tachymètre gradué en kilomètres. Car elle a été vendue en 1937 en Norvège, à Froger, dans le cadre d’un salon automobile local. Son heureux acquéreur était un riche armateur (c’est un pléonasme !), ami d’Aristote Onassis, qui l’aurait conduite. Il n’est pas exclu que Maria Callas ait, sur les cuirs de l’Auburn, posé son très auguste postérieur… Toujours est-il que la voiture offre ses bons et loyaux services pendant une trentaine d’années avant d’être remisée. Elle demeurera en Norvège jusqu’en 1997, non sans y avoir été entièrement restaurée quelques années auparavant.
Son propriétaire actuel, Thomas Harrington, un Américain installé en France, possède une magnifique collection d’Américaines, surtout des modèles des années trente (dont une Lafayette de 1924 et une dizaine de Nash). Il a trouvé l’Auburn en même temps qu’une rare Kissel dans le recoin d’un garage de Mönchengladbach, en Allemagne. Il en est probablement le troisième propriétaire.
Hélas, le moteur était cassé. En effet, il avait été imparfaitement remonté lors de la restauration de la voiture en Norvège, ce qui avait entraîné sa rupture — au fil des remises en état, les cylindres réalésés finissent par se fendre… Il fallait donc remplacer le six cylindres Lycoming. Thomas Harrington finit par trouver un bloc en assez bon état aux Etats-Unis, ce qui n’était pas évident. Il confia alors le travail de réfection à l’Atelier des Coteaux, qui a remis l’ensemble en conformité avec l’origine. Depuis, la voiture fonctionne parfaitement.